La technologie a beau avoir révolutionné nos vies, elle n'a rien fait pour les moeurs en matière de travail et de management. La Silicon Valley est même l'un des derniers bastions du sexisme dans les affaires. Ainsi, alors qu'aux Etats-Unis, 84% des sociétés regroupées au sein de l'indice boursier S&P 500 affichent au moins une femme parmi leurs hauts dirigeants, près de la moitié de 150 sociétés de la Silicon Valley n'en ont aucune. La situation n'est pas nouvelle, et la médiatisation de Sheryl Sandberg, directrice opérationnelle chez Facebook depuis 2008 et auteure de “En avant Toutes”, en 2013, de Meg Whitman, pédégère de Hewlett-Packard depuis 2011 ou de Marissa Mayer, à la tête de Yahoo depuis 2012, n'y ont rien changé. La plupart des sociétés de la hi-tech refusent même de divulguer des statistiques concernant leurs salariés ou la proportion de femmes et de minorités dans les postes à hautes responsabilités. C'est le cas de Facebook, même si Sheryl Sandberg a déclaré vouloir le faire, de Yahoo, d'Apple ou encore d'Oracle. Et c'était, jusqu'à la fin du mois dernier, également la position adoptée par Google.
Confrontation accablante à la réalité
Commentées par le responsable des ressources humaines,
les statistiques révélées par Google sur son site web sont accablantes. Si les femmes participent au marché de l'emploi outre-Atlantique à hauteur de 50%, elles ne forment que 30% des effectifs chez Google. Quant aux minorités, elles n'y sont représentées que dans une proportion de 39% - la plupart étant d'origine asiatique. Les Afro-Américains (2%) et les Hispaniques (3%) sont ainsi quasiment invisibles. Enfin, 79% des postes de management vont aux hommes - et à 72%, à des hommes blancs, tandis que les managers noirs ne sont que 2% et les hispaniques, 1%... Autant dire que Google, et la Silicon Valley dans son ensemble, sont aux mains des hommes, et des hommes blancs de surcroît...
Critiquée depuis des années pour son sexisme et son exclusion des minorités, la Valley va-t-elle enfin évoluer ? Rien n'est moins sûr. Certains éléments explicatifs de cette situation ne sont pas directement de son ressort, il est vrai. Ainsi, le directeur des ressources humaines de Google souligne le fait que les femmes ne constituent que 18% de la totalité des diplômés en informatique aux Etats-Unis (et 17% des femmes ingénieures dans cette société). Quant aux Afro-Américains et aux Hispaniques, ils représentent moins de 10% de tous les diplômés d'universités, et moins de 5% des diplômés en informatique. Difficile, dans ces conditions, de trouver à embaucher des femmes ou des membres de communautés minoritaires...
La faille de l'enseignement
Pourtant, les efforts pour attirer des femmes et des minorités dans la hi-tech se sont multipliés ces dernières années, dans les lycées, les universités, les entreprises. Les sociétés de la Silicon Valley comme Google jurent d'ailleurs qu'elles y participent. Le 28 mai 2014,
le président Obama lançait un vibrant appel en faveur de davantage de diplômées en sciences et prévenait que les Etats-Unis se privaient de chances de réussir en n'attirant pas assez de femmes dans ces matières.
Clairement, ces efforts ne portent pas encore leurs fruits... Reste donc à la Silicon Valley d'entreprendre une nouvelle révolution, non pas technique, mais sociétale cette fois-ci.