Fil d'Ariane
Un déchirement confirmé, des sanglots dans la voix, par cette maman d’un petit garçon, né à 27 semaines (moins de 6 mois de grossesse). Après avoir craint pour la vie de l’enfant, les autorités médicales de l’établissement ont tranché : les deux parents ne seront plus autorisés à voir leur nouveau-né que derrière une vitre, sans aucun contact. La jeune mère fait part de son incompréhension : "Je ne suis pas atteinte du Covid-19, pas plus que mon compagnon. Nous sommes libres d’aller tous les jours le voir, mais sans contact, à quoi cela sert-il ?" La jeune femme pleure sans bruit. "La seule chose que nous avons pu faire, c’est mettre une enceinte bluetooth dans sa couveuse, pour qu’il entende nos voix. J’ai accouché avant le confinement. Si j’avais su que l'Hôpital Antoine-Béclère (à Clamart, en région parisienne, ndlr) adopterait cette politique de néonatalité, je serais allée accoucher ailleurs".
L’association SOS Prema fait part de son incompréhension, d’où cette tribune signée à 4 mains. "La quasi totalité des services de néonatalité ont admis l’importance du peau à peau, un contact important pour le renforcement du lien mère/enfant, d’autant plus essentiel dans le cas des grands prématurés."
Nous restons mobilisés en cette période difficile et nous avons compilé les informations concernant "prématurité et Covid-19" sur notre site internet. Soignant ou parent, nous vous invitons à consulter notre page : https://t.co/7SNsuhkKhY #pématurité #COVID19 #UneLongueurdAvance
— SOS Préma (@SOSPrema) April 19, 2020
Alors si cette approche semble faire consensus, pour quelle raison certains hôpitaux choisissent-ils une politique inverse ? Daniele De Luca, chef de service à l'hôpital Antoine Béclère, justifie la décision de son établissement face au coronavirus. "Dans notre hôpital, enfant et mère sont séparés seulement si le bébé est Covid négatif, et tant que la mère est encore symptomatique."
Mais pourquoi exclure des mères non atteintes du Covid ? "Nous le faisons aussi, c’est vrai, si le bébé prématuré a besoin de réanimation néonatale. Il s’agit d’une politique prise par précaution, et qui est recommandée par plusieurs organismes comme le Center for disease Control and Prevention, (le centre pour le contrôle et la prévention des maladies) une des principales autorités mondiales en la matière, ainsi que par l’Académie Américaine de Pédiatrie".
Mais contre l'avis, il faut le préciser, de l'Organisation Mondiale de la Santé. Que répond Daniele De Luca à l'OMS, à l’association SOS Prema et aux premières concernées, les mamans séparées de leur nouveau-nés ? "Nous nous adaptons à chaque situation en tentant de faire au mieux pour la mère et l’enfant, avec des exceptions. Quand la séparation est mise en place, nous proposons un système de visite virtuelle avec des tablettes et des messages vocaux," précise-t-il.
#allongementcongépaternité en cas d’hospitalisation du bébé.
— SOS Préma (@SOSPrema) May 6, 2019
Adrien Taquet, secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, souhaitait se rendre sur le terrain pr comprendre la prématurité et ses enjeux. SOS Préma l’a donc accompagné pour rencontrer équipes médicales et familles pic.twitter.com/iceWazygzD
Le secrétaire d’Etat s’est engagé à entamer très vite des discussions avec la Société française de Néonatologie. Les mamans qui pleurent derrière la vitre en regardant de loin leur tout-petit pourraient donc être très vite de l’histoire ancienne.
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