Avant même son investiture, jeudi 14 septembre, Halima Yacob, musulmane issue de la minorité malaise, désignée automatiquement présidente, sans scrutin, a essuyé quelques critiques sur les réseaux sociaux. Certains allant jusqu’à tweeter avec le hashtag #NotMyPresident, qui avait largement été utilisé après l’élection du président américain Donald Trump.
Pour la première fois de son histoire, Singapour sera présidé par une femme. Halimah Yacob, 63 ans, a été nommée, pour un mandat de six ans, présidente du pays par les autorités, après que deux de ses principaux rivaux ont été écartés. Elle a été investie, le 14 septembre 2017, comme on peut le voir sur la vidéo ci-dessous.
Election reservée aux Malais
D’après le site de channelnewsasia.com, les deux prétendants, Mohamed Salleh Marican et Farid Khan, tous deux hommes d’affaires, ne répondaient pas aux critères d’éligibilité. Suite à une modification de la Constitution, ces derniers devaient, en effet, prouver qu’ils dirigent une société avec au moins 500 millions de dollars singapouriens (330 000 euros) en capitaux propres.
Cette année, l’élection était réservée, pour la première fois, aux candidats malais, comme le prévoit une réforme constitutionnelle de 2016, visant à garantir que des représentants de différentes communautés puissent accéder à la tête du pays.
Halimah Yacob, fille d’un père gardien de nuit indien et d’une mère marchande, devient dès lors la première Malaise en 47 ans à accéder à la présidence d’un pays où environ 80 % de la population est chinoise.
Président à Singapour, un poste honorifique
Du fait de son mandat de parlementaire, elle était la seule candidate à répondre à tous les critères et obtenir son certificat d’admissibilité. Elle occupera en réalité un poste honorifique, dans ce pays où le président dispose de pouvoirs très limités. Le 1
er ministre exerce traditionnellement la fonction de chef d’Etat, occupée depuis 2004 par
Lee Hsien Loong. Bien qu’il n’y ait pas eu d’élection, mon engagement de vous servir reste le même.
Halimah Yacob, Présidente de Singapour
Ce n’est pas la première fois que cette mère de cinq enfants brise le plafond de verre. Elle fut déjà, en 2013, la première présidente du Parlement, sous l’étiquette du Parti d’action populaire, au pouvoir depuis l’indépendance du pays.
Son engagement remonte à ses plus jeunes années. En 1978, elle devient avocate, mais préfère rejoindre le Congrès national des syndicats, pour représenter les travailleurs. S’en suit une carrière, longue de 33 ans, dans le syndicalisme. En 1999, à 45 ans, elle s'inscrit en maîtrise de Droit à l’Université de Singapour et étudie sur le trajet entre son bureau et son domicile. Un diplôme de plus qui servira sa carrière puisque, quelques années plus tard, elle prend la tête de l’unité du service juridique du syndicat des ouvriers de l’électronique et de l’électricité. Ex-parlementaire, mais aussi ministre d’Etat à deux reprises, Halimah Yacob, affiche également une longue carrière en politique.
Repères
- 1978 Diplômée de droit
- 1981 Avocate
- 2001 Elue députée
- 2011 Ministre d’Etat déléguée au développement communautaire de la jeunesse et des Sports
- 2012 Ministre d’Etat au ministère social et du développement
- 2017 Désignée présidente de la République
Je demande que nous nous concentrions sur nos similitudes pas sur nos différences
Halima Yacob
Dès sa nomination, mercredi 13 septembre 2017, comme 8ème Présidente de Singapour, Halimah Yacob a fait un long discours en anglais et en malais devant ses partisans. Elle a notamment remercié tous les Singapouriens et appelé à l’unité. « Bien qu’il n’y ait pas eu d’élection, mon engagement de vous servir reste le même », a-t-elle déclaré. Elle, qui représente désormais le symbole du multiculturalisme, a tenu à rassurer la société singapourienne, qui n’avait pas eu de dirigeant malais depuis 1970 : « Je demande que nous nous concentrions sur nos similitudes pas sur nos différences. »
Nomination de Yacob critiquée
Pour autant, sa désignation automatique, sans scrutin, à la tête de du pays a déclenché la colère de certains Singapouriens, allant jusqu'à poster des tweets avec le hashtag #NotMyPresident, rappelant la campagne de protestation lancée contre le président américain Donald Trump juste après son élection.
«
Rien de personnel contre Madame Halimah, écrit un internaute
. Mais elle n'est quand même pas ma présidente, en raison de cette tromperie.» Un autre tente de tempérer : «
Ne comparez pas Halimah avec Donald Trump. Elle est certainement meilleure, mais elle n'est toujours pas ma présidente.»
Mercredi, ces critiques produisaient un véritable contraste avec l’initiative de Twitter qui, pour la première fois, a créer un émoji à l’effigie d'une femme politique, ici, Halimah Yacob, dont l'avatar est vêtu d’un voile aux couleurs du drapeau de Singapour, pour célébrer sa victoire.
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