Handball féminin : les Bleues championnes du monde décrochent l'Euro

Le sport féminin accroche une nouvelle médaille à son palmarès. On la doit aux handballeuses françaises. Un an après leur triomphe au Mondial, elles sont devenues championnes d'Europe, à l'issue d'une finale de haut vol face aux championnes olympiques russes. Pas de quoi voir encore les Champs Elysées investis par des milliers de supporters.trices, dommage. Mais assez pour faire la Une du journal L'Equipe, et être reçues à l'Elysée, c'est déjà ça.
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Les Bleues championnes d'Europe de handball tenteront de décrocher une médaille d'or aux prochains JO. 
©AP/MichelEuler
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Une finale au parfum de revanche pour les Bleues. Les handballeuses françaises ont réussi à battre leurs adversaires russes (24 à 21), celles-là même qui les avaient privées de la médaille d'or aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Une sélection russe qui les avaient aussi battues au tout début de cet Euro. Les Bleues ont donc prouvé qu'elles étaient plus que capables de battre ces "imbattables", et du même coup de se présenter comme grandes favorites pour les prochains JO à Tokyo, dont ce titre européen leur ouvre les portes de facto. 

Dans ce choc de très haut niveau, la tension a atteint son comble à la 36e minute après le carton rouge reçu par Allison Pineau, accusée d'avoir visé la tête de la gardienne russe sur un penalty. L'incident a eu le don d'exciter les 14.000 supporteurs qui remplissaient entièrement le stade de Bercy à Paris.

En tête en permanence, les Françaises prenaient pour la première fois trois buts d'avance, un écart qu'elles allaient garder jusqu'à l'explosion finale de la salle (où les garçons avaient gagné le titre mondial il y a presque deux ans).

On a écrit l'histoire !
Alexandra Lacrabère

"C'est fou ce qu'on a fait. C'est extraordinaire! En plus, on perd Allison! Mais on a su se multiplier. On a écrit l'histoire", déclare Alexandra Lacrabère, l'une des meilleures du match (6 buts).

Le mérite de ces Bleues est immense car elles étaient attendues au tournant après leur médaille d'or de 2017. Elles ont su résister à la pression et surmonter un départ raté, contre la Russie déjà, il y a dix-huit jours à Nancy, pour monter en puissance jusqu'à l'apothéose de la finale.

Quatre médailles d'affilée

Avec cette victoire, cette génération écrit une nouvelle page de sa magnifique histoire. C'est sa quatrième médaille d'affilée après l'argent de Rio, le bronze de l'Euro-2016 et l'or du Mondial-2017. Une telle série est inédite dans le handball féminin français et le rapproche des exploits des hommes. Les filles en sont à dix médailles (depuis 1999) dont trois d'or.

Les trentenaires, la capitaine Siraba Dembélé, Alexandra Lacrabère, Camille Ayglon et la gardienne Amandine Leynaud, elle aussi décisive ce dimanche avec plusieurs magnifiques arrêts, avaient connu les périodes difficiles d'avant 2016 et pour certaines l'échec du Mondial-2007. C'est l'arrivée de joueuses comme la demi-centre Grâce Zaadi, l'ailière Manon Houette, excellente dans le "money time" de la finale, et l'arrière Estelle Nzé-Minko qui leur a fait prendre une dimension nouvelle.

Cette dernière, étincelante, a été la grande dame de l'Euro (4 buts en finale). Avec ses appuis fulgurants et son efficacité au tir, elle a élevé l'attaque française presque au niveau de sa défense, son traditionnel point fort. L'avenir s'annonce riche avec des jeunes comme l'explosive Orlane Kanor (2 buts cruciaux dimanche).

Prochain objectif : l'or des JO

"C'est la plus belle équipe que j'ai jamais eue", avait dit en cours de tournoi le sélectionneur Olivier Krumbholz, âgé de 60 ans, qui s'installe parmi les entraîneurs français de légende, aux côtés de Claude Onesta, de Didier Deschamps et d'Aimé Jacquet.

Le Messin, qui avait tiré le handball féminin du néant à partir de 1998 pour lui faire gagner ses premières médailles, avait été remercié en 2013 après une série d'échecs au jeux Olympiques, puis rappelé deux ans plus tard.

La médaille d'or aux JO, c'est maintenant l'objectif ultime pour les Françaises. Leur ticket gagné dix-huit mois à l'avance, elles vont pouvoir s'y préparer tranquillement. "Celui qui se qualifie en premier finit souvent champion olympique", avait dit Krumbholz.En finale, le mano a mano attendu a eu lieu dès les premières minutes. Presque tous les buts ont été durs à marquer, des deux côtés. Les Françaises, magnifiques en défense, ont longtemps gardé les Russes dans leur roue. Après quelques occasions manquées, notamment sur penaltys, elles ont fini par s'envoler en milieu de deuxième période vers leur plus beau succès.

"On savait que ce serait un match à la mort. C'était hyper dur physiquement. On s'est battues, on en a pris plein la gueule. On gagne ce soir, c'est magique! Après le Mondial l'année dernière, l'histoire se répète. On est championnes d'Europe, c'est magnifique!", commente Nzé-Minko.

Une victoire pour le sport féminin ?

Le match a été diffusé en direct sur la première chaîne de télévision française, c'était inédit dans l'histoire du sport collectif féminin, voilà sans doute l'autre victoire des handballeuses françaises. Une victoire en demi-ton, car le succès des Bleues n'a néammoins pas eu l'honneur d'occuper plus que quelques minutes au JT (évidemment, on oserait à peine faire la comparaison avec les éditions spéciales et les heures d'antenne consacrées au Mondial de football 2018 et à la victoire des Bleus, sic).
Une exception, notable voire historique, tout de même, du côté de la presse sportive. Le journal L'Equipe consacre sa Une au sacre des Bleues, ainsi que les dix pages qui suivent. Autre consécration, un hommage officiel en fin de journée à l'Elysée par le président Macron. Ouf.
 
Allez, encore un petit effort chers confrères et consoeurs des médias généralistes, on y est presque...