Actualisation le 22/08/12, avec les témoignages des créatrices de "Paye ta shnek" et "Hé mademoiseau"
"Hey ma p'tite rondelle miaouuu miaouuu!", "Hey, jolie toi, elle est comment ta chatte?" ou le plus classique "Tu suces?" Ces "tentatives de séduction en milieu urbain" se retrouvent postées chaque jour sur le Tumblr qui leur est dédié.
"Paye ta schnek" accumule les témoignages de harcèlement de rue, localisations en prime.
Le nom "Paye ta shnek" vient de l'argot alsacien, "en fait le mot shnek désigne un escargot et c'est devenu en argot... Le truc qui pendouille quoi" explique la créatrice du Tumblr, Anaïs Bourdet. "Donc c'est super vulgaire et c'est du coup à la hauteur du contenu du blog."
Un contenu alimenté par 900 posts par semaine, "de France, de Suisse, de Belgique, du Mexique, d'Angleterre, avec des pics à plus de 30 000 visites par jour." Un vrai "buzz" pour un blog qui n'est en ligne que depuis une dizaine de jours. "En fait, j'ai créé ce blog après avoir vu la vidéo de Sofie Peeters. Le lendemain; je me suis faite poursuivre en voiture par un homme dont je n'avais pas relevé les avances au feu rouge. Ca a ouvert un débat avec mes copines, et on s'est dit qu'il fallait qu'on fasse un blog comme ça, pour récolter des anecdotes, parce qu'on s'est rendu compte qu'on en avait toutes des dizaines à raconter".
Mais la blogueuse prend tout de même ses distances avec les "Femmes de rue" de Sofie Peeters. "Moi ce qui m'a dérangé, c'est que sa vidéo était très ciblée sur un quartier, que tout le monde qualifie de 'très populaire', mais concrètement, il est très musulman tout simplement, et ça m'a beaucoup gênée. Moi je voudrais écarter ce débat de tout racisme, car ça se passe vraiment partout et ça concerne tout le monde." Chaque post est ainsi localisé, pour bien montrer que le harcèlement de rue n'est l'apanage d'aucune minorité, ni la spécialité d'un quartier populaire.
La "p'tite rondelle" par exemple, c'était en Belgique au parc Duden. Le charmant "jolie toi" et sa suite distinguée, ça s'est passé dans le 11ème arrondissement parisien. Le "Tu suces?" quant à lui, est une litanie universelle, que l'on retrouve de Mexico à la Canebière marseillaise. "Moi je reçois des messages qui viennent des quartiers populaires, mais aussi des quartiers les plus chics, du cour Mirabeau à Aix en Provence aux Champs Elysées à Paris, j'ai même des anecdotes de femmes qui me racontent ce qui leur arrive au bureau aussi! Ca se passe vraiment partout, du petit lascar au père de famille en costard trois pièces, tous les types d'hommes peuvent avoir ce genre d'approche."
Le blog participatif "Paye ta schnek" n'est d'ailleurs pas le seul à géolocaliser les témoignages de harcèlement de rue et à faire le constat de l'hétérogénéité des personnes qui le pratiquent.
Sur Terriennes, nous vous avions parlé de
"Quaweme Harrassment"("résistez au harcèlement"), un blog libanais qui indique sur une carte de Beyrouth les endroits où les femmes en sont le plus victimes, le plus souvent dans des quartiers chics d'ailleurs.