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© J-L Eyguesier, O. Marchi / TV5MONDE
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Harcèlement de rue : une vidéo-choc avant la loi contre les violences sexistes en France

Une vidéo d'une minute montre la violente agression de Marie, 22 ans, par un inconnu devant un restaurant à Paris. Devenue virale en quelques heures, cette vidéo apparaît alors que sera votée cette semaine la loi contre les violences sexuelles et sexistes.

"J'ai  énormément de chance parce que cette vidéo fait réagir et met en lumière un phénomène qui touche TOUTES les femmes. Parmi mes amies, il n'y en a pas une qui ne s'est pas faite harcelée, voire agressée sexuellement..."
Marie, 22 ans, étudiante en architecture, parle sans haine ni colère.

Cette vidéo, la voici :

Je ne peux pas me taire et nous ne devons plus nous taire.
Marie, 22 ans, harcelée et agressée

Elle montre la violence d'un homme d'environ trente ans envers une inconnue à la terrasse d'une brasserie.  Marie est vêtue d'une robe rouge. Sur son compte Facebook, elle raconte  : " Alors que je rentrais chez moi, vers le Boulevard de la Villette dans le 19ème arrondissement à Paris, j'ai croisé un homme. Il s'est permis de m'adresser des bruits/commentaires/sifflements/coup de langue sales, de manière humiliante et provocante à mon passage. Pas de chance, c'était pas le premier de la journée et j'étais fatiguée. J'ai donc lâché un "ta gueule" en traçant ma route. Car je ne tolère pas ce genre de comportement. Je ne peux pas me taire et nous ne devons plus nous taire. Ça n'a pas plu à cet homme. Après m'avoir jeté un cendrier dessus, il est revenu sur ses pas et m'a suivie dans la rue. Il m'a frappé au visage, en pleine rue, en pleine journée, devant des dizaines de témoins. J'ai porté plainte. "

C'est en retourant au bar de ce coin du boulevard de la Villette dans le Nord de Paris où elle vit, que le patron lui montre les vidéos enregistrées de l'agression par ses caméras de sécurité. Les clients l’encouragent aussi à poursuivre son agresseur. Ils lui donnent leurs numéros de téléphone et adresses. Et suite au dépot de cette plainte, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "violences" et "harcèlement sexuel" ce lundi 30 juillet 2019. L'agresseur n'avait pas été retrouvé le 30 juillet.

"J'ai pris le coup avec fierté"

"J'étais en état de choc" confie l'étudiante, qui a bénéficié d'un jour d'ITT 
Marie
Marie, étudiante en architecture :  "On se sent emmerdée partout quand on est une femme"
(capture écran)
(interruption totale de travail) et a souffert de contusions à l'arcade sourcilière et à la pommette. "J'ai pris le coup avec fierté, ça cognait fort dans ma tête mais je suis restée droite et digne du mieux que j'ai pu", raconte-t-elle dans  Le Parisien.

On peut rester dubitatif sur l'inertie des témoins de la scène. Mais Marie se hâte de préciser : "A tous ceux qui disent que les témoins n'ont pas assez bien réagi : tout s'est passé très vite et ils n'ont pas eu le temps de comprendre la situation. L'agresseur était dangereux. Après l'agression, je suis revenue et les témoins ont été d'un grand soutien, merci de ne pas les lyncher (comprendre : avec des commentaires indignés sur Facebook ndlr).

"Une détermination admirable"

Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’Egalité femmes-hommes, s'est dit "outrée" par ces images et assure avoir adressée son soutien "à Marie pour son courage et sa determination admirables. Son alerte permettra des prises de consciences. Qu’on n’entende plus que le harcèlement de rue, c’est « comme ça », c’est « pas grave »,  c’est la fatalité... "


Sur son compte Twitter, elle a communiqué les premières mesures qui seront prises :

image tweet
(capture écran)

Mais c'est le journal Le Parisien qui donne le plus de précisions sur la loi contre les violences sexuelles et sexistes qui va être votée cette semaine,  via une infographie :

Infographie Le parisien
(document Le Parisien)
Reste que le chemin semble encore bien long pour faire évoluer les mentalités. Pour preuve, certains commentaires qui accompagnent la vidéo de l'agression de Marie.
On peut lire notamment (les fautes d'orthographe n'ont pas été corrigées)  l'appréciation d'un certain "Lordmurgia" : "Alors deja la meuf elle se balade en minijupe/talon , et elle se plaint qu'on le siffle, qu elle se remette en question deja, et ensuite , le mec la siffle et elle lui lache un "tagueule" , elle méritait peut etre pas une baffe comme ça , mais les femmes qui se baladent à moitié a poil et qui se plaignent c est de l hypocrisie, elles n ont qu'a pas jouer les allumeuses :) ". Ou encore ces mots délicats de
"Tetchoss" : "Connard, elle l'a cherché ! Tu comprend toujours pas la technique des femmes ? t'es trop con !"
Etc.
Comme nous le disons toujours avec les Terriennes d'ici et d'ailleurs "#Yaduboulot !"
 

Suite à l'ampleur des réactions en France et dans le monde, la jeune femme, accompagnée de l'association "Les Effrontées", a décidé de lancer ce mercredi 1er août, une plateforme en ligne dédiée à récolter les témoignages de femmes victimes de harcèlement. Les témoignages anonymes enregistrés sur le site "Nous toutes harcèlement" seront ensuite publiés sur la page Facebook du même nom. "Ça n'est pas facile de gérer cette ampleur médiatique, mais je crois que j'ai la responsabilité d'utiliser cette visibilité pour faire passer un message et faire avancer les choses.", déclarait-elle à nos confrères d'Europe 1.