Harcèlement en direct à Roland-Garros : balle, set et match contre Maxime Hamou

Peut-on parler de dérapage quand un homme tente à plusieurs reprises d'embrasser de force une femme ? Cela s'est produit lundi 29 mai à Roland Garros. Alors qu'elle tend le micro au joueur de tennis français Maxime Hamou, une journaliste tente d'échapper à ses assauts répétés, en plein direct sur une chaine de sport. Malgré des excuses publiées sur Facebook, cette affaire réveille les vieux démons d'un sexisme latent dans le monde sportif.
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maxime hamou
Un harcèlement en direct d'un joueur sur une journaliste à Roland Garros provoque un tollé (29 mai 2017 à Paris)
©capture d'ecran youtube/Eurosport
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Voilà une interview dont la journaliste Maly Thomas se serait bien passée. La scène se déroule en direct sur la chaine Eurosport lundi 29 mai. On voit Maxime Hamou, joueur français de 21 ans, interrogé après son élimination au premier tour de Roland-Garros, attraper par l'épaule la jeune femme et l'embrasser plusieurs fois alors qu'elle tente de se dégager.
 


"Maxime, vous jouez les prolongations, mais qu'est-ce que vous faites ?", a d'abord demandé Maly Thomas au joueur, éliminé un peu plus tôt des Internationaux de tennis de Roland-Garros par l'Uruguayen Pablo Cuevas. "Qu'est-ce que vous faites encore là ?", répète-t-elle en essayant de se dégager de son étreinte. Le 287e joueur mondial ne répond pas, mais réitère son geste faisant passer sa main sur sa poitrine. "Maxime Hamou est visiblement très en forme", ajoute la journaliste, très gênée. Pendant ce temps, on entend et on voit à l'écran les autres présentateurs se gausser en plateau. L'un d'eux commente : "Vous voyez Maly, ça va bien se passer, voyons !". Un autre, joueur bien connu du tennis français aujourd'hui devenu consultant et présentateur de ladite émission, Henri Leconte va même jusqu'à applaudir en s'esclafant : "Fabuleux!".

"Cela s'est passé en direct, sinon je lui aurai claqué une droite !", confie sur franceinfo, la journaliste. Elle précise que sa rédaction l'a immédiatement appelée après la scène pour la soutenir et savoir comment elle allait. La chaîne a depuis exprimé sur Twitter ses regrets au sujet de cette séquence, affirmant que "des excuses" allaient être présentées dès la prochaine émission.
 

Non, cet acte n'a rien de drôle

La vidéo devient vite virale sur les réseaux sociaux, suscitant des centaines de commentaires. La nouvelle ministre française des Sports, Laura Flessel, elle-même sportive de haut niveau puisque championne olympique, condamne cet acte.
 

Toujours du côté des politiques, Cécile Duflot, elle-même victime de multiples commentaires et insultes sexistes le jour où elle avait porté une certaine robe à l'Assemblée nationale, poste la vidéo affublée d'un  #fatigue.

Béatrice Barbusse, handballeuse, sociologue du sport et auteure de "Du sexisme dans le sport" (éditions Anamosa), réagit également sur Twitter : " visiblement il n'a pas encore compris que l'on ne fait pas ce que l'on veut avec les femmes". (Retrouvez ici notre article et son intervention sur TV5monde Sexisme dans le sport : "Il faut que des hommes laissent leur place", dit Béatrice Barbusse)
 
 

Exclusion du tournoi mais des sanctions ?


Depuis, Maxime Hamou a présenté via Facebook et Instagram ses excuses à la journaliste, qu'il a aussi personnellement contactée par téléphone.
 

Avant de débuter son émission sur Eurosport au lendemain de l'incident, l'ancien joueur de tennis Henri Leconte a lu un communiqué pour présenter les excuses officielles de la chaîne: "Je tenais à préciser que nous ne cautionnons aucunement ce type de comportement. Maly est une grande professionnelle qui mérite des excuses. Notre réaction, pendant le direct, n'était également pas appropriée. Nous aurions dû intervenir rapidement. Nous nous excusons auprès des téléspectateurs qui ont pu être affectés."
 
La Fédération française de tennis (FFT) a publié un communiqué annonçant que la direction du tournoi de Roland-Garros avait décidé de retirer l'accréditation de Maxime Hamou à la suite de son comportement répréhensible avec la journaliste d'Eurosport. Il ne pourra donc plus se rendre sur le site.
Il passera prochainement devant la commission des litiges de la fédération. En attendant, il ne souhaite pas s'exprimer.

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont aussi commenté les mots employés par les médias pour évoquer cette affaire.
 

Si certains parlent d'agression sexiste, de harcèlement, d'autres avancent plutôt un dérapage, ou des gestes déplacés, (en raison de l'ingestion d'alcool de la part du joueur, avancent même des commentateurs - hommes). Il semble utile alors de rappeller cela à Mr Hamou, que l'on perde, que l'on gagne un match, que le journaliste soit une journaliste, jeune, jolie ou pas, que l'on ressente "un trop plein d'enthousiasme" comme il le dit pour s'excuser, n'expliquent en rien un tel comportement, qui relève bel et bien de l'agression.