Fil d'Ariane
Marina Foïs célèbre les femmes vainqueurs les palmes du court, Houda Benyamina hurle pour célébrer les femmes, & tout Cannes est à l'unisson
— Isabelle Regnier (@IsabRegnier) 22 mai 2016
"J'ai fait les ménages dans les avions avec ma mère, j'ai fait des boulots chiants... On n'a pas le droit d'être fatigués (quand on travaille dans) le cinéma ! Sortez-vous les doigts du cul", a-t-elle encore lancé, ponctuant son discours de remerciements de "putain", "merde", et de youyous. Une fraîcheur qui a enthousiasmé la toile mais a aussi rebuté les grincheux.
On rigole + qu'aux Oscars. Merci Houda Benyamina !
— Caroline Besse (@Caroline_Besse) 22 mai 2016
Pourquoi allier la vulgarité et l'argot des quartiers à la tribune cannoise ? Quand Houda Benyamina nourrit ce qu'elle dénonce, les clichés.
— Alex ADS (@Alex__ADS) 23 mai 2016
Divines, que nous n'avons pas encore vu, a été ovationné par le public lors de ses projections à Cannes et salué par la critique. Voici ce qu'en dit l'AFP : "Coup de poing venu de banlieue parisienne, porté par une intrigue haletante et un jeu d'actrices à l'énergie folle". Divines raconte le passage à l'âge adulte d'une bande de filles ébouriffantes. « Divines est l'éducation sentimentale de Dounia, partagée entre l'appât du gain et ses émotions. C'est une tragédie qui ose le rire, un hymne à l'amour et à l'amitié, une réflexion sur l'universalité du politique et du sacré dans notre société. » dit Houda Benyamina.
Dounia, interprétée par Oulaya Amamra, petite soeur de la réalisatrice "forme un duo souvent hilarant, ados liées à la vie à la mort, avec Deborah Lukumuena, sa meilleure amie, la fille de l'imam du quartier." nous dit encore l'AFP. "La drogue, la pauvreté et la relégation sont omniprésentes dans ce film qui prend aux tripes. Mais ici, nul misérabilisme ou discours social pesant. Le spectateur est happé par une histoire foisonnante, suivant les pas de Dounia, qui quitte le lycée et s'émancipe de sa famille. La mise en scène soignée de la réalisatrice d'origine marocaine, née dans la banlieue sud de Paris, offrant de belles séquences chorégraphiées, lorsque Dounia tombe amoureuse d'un jeune danseur de son quartier.
La question du rapport à la religion est abordée, tandis que le féminisme est une évidence : le caïd de la cité est une fille qui revendique tout naturellement "d'avoir du clito", plutôt que des couilles."
Divines est une évidence, semble-t-il, pour une cinéaste qui a grandi dans une cité de la banlieue Sud de Paris et qui a cofondé l'association "1000 visages" dont l'objectif est d'oeuvrer "en faveur de l’accès à la culture, la création, la diffusion, l’éducation artistique et culturelle auprès des populations qui en sont éloignées, que ce soit pour des raisons sociales, économiques ou territoriales." Une initiative qui rappelle que "les arts cinématographiques et audiovisuels de masse, en France, sont très loin d’incarner un modèle de diversité".
La Caméra d'Or est, sans nul doute, une divine surprise offerte à ces "mille visages" et au cinéma par les femmes. Même si on peut regretter que la palme d'or ait échappé une nouvelle fois à une femme, à la réalisatrice allemande Maren Ade qui était donnée victorieuse. Malgré un prix du Jury attribué à l'Américaine Andrea Arnold pour American Honey, le Festival de Cannes reste, d'édition en édition, et depuis plus de 70 ans, l'un des hauts lieux de la domination masculine dans le 7ème art.
A relire dans Terriennes :
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