Fil d'Ariane
"Quand elles arrivent, les femmes sont en miettes. Elles sont rejetées, exclues, abandonnées, cassées par la maladie et l’isolement. Notre travail, c’est l’écoute, le soutien moral, l’aide matérielle, l’aide à l’hébergement. On s’occupe de la femme dans sa globalité", explique Bernadette Rwegara. Pour ce faire, 23 personnes œuvrent au quotidien : assistantes sociales, médiatrices de santé, cuisinière, prof de sport...
Le parcours vers la stabilité se déroule en trois temps consécutifs : titre de séjour, emploi, logement. Ikambere accompagne chaque femme dans les différentes étapes de ces démarches. Certaines intègrent "La main fine", salon de coiffure et atelier de couture inventés par Bernadette Rwegara et qui peuvent servir de tremplin vers l’intégration sur le marché du travail. Une fois stable, les femmes reviennent régulièrement pour partager et se retrouver entre elles. "Ici, tu entres en pleurant, tu sors en riant", dit Rose dans le livre.
"Le VIH c’est un tabou, une honte", poursuit Bernadette Rwegara. Beaucoup de femmes se retrouvent à Ikambere après avoir été exclues de chez elle, quand la famille ou les proches découvrent qu’elles portaient la maladie. "Le sida a atteint leur féminité". L’association a mis en place tout un programme pour se reconnecter avec son corps et s’accepter, enfin. Ainsi, une fois par semaine, une esthéticienne dispense un atelier socio-esthétique. Les femmes apprennent, par exemple, à prendre soin d’elles et de leur peau. "Quand on voit toutes ces jolies femmes qui sont là, on se dit "si les autres vivent avec, alors pourquoi pas moi"", témoigne dans l’ouvrage Assita, venue du Burkina Faso en 2012. Elle qui refusait de prendre son traitement au début a, peu à peu, retrouvé le sourire et le goût de vivre.
L’association a mis en place tout un programme pour se reconnecter avec son corps et s’accepter, enfin.
Assita, venue du Burkina Faso
Il y a également les cours de danse hebdomadaires de Bolewa Sabourin, qui travaille avec le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018. Chorégraphe franco-congolais de 34 ans, il utilise la danse comme outil de résilience et comme moyen de reprendre le pouvoir sur soi-même. Il transmet chaque semaine sa philosophie aux femmes d’Ikambere.