Ikambere, un lieu unique en France pour aider les femmes atteintes du VIH

Ikambere ("maison d’accueil" en Kinyarwanda, langue du Rwanda) est une association créée en 1997 par Bernadette Rwegara. Située en plein cœur de Saint-Denis, elle aide depuis 22 ans les femmes, majoritairement venues d’Afrique, atteintes du VIH. Ikambere, la maison qui relève les femmes est un livre à mi-chemin entre le roman graphique et le recueil de témoignages. Il rend hommage à ce lieu, ses bénévoles et ses femmes qui combattent ensemble la maladie. 
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Ikambere
© Les éditions de l'atelier
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Ikambere est une initiative de Bernadette Rwegara, Dans les années 1990, celle-ci fuit avec son mari la guerre au Rwanda et vient s’installer en France. Elle reprend ses études et s’intéresse aux problèmes des femmes immigrées et leurs enfants face au virus du VIH, encore peu connu à l'époque. "Suite à ce travail, j’ai compris la souffrance, l’isolement et tous les autres problèmes qui handicapent ces femmes", se souvient-elle. Pour celle qui a perdu sa sœur ainée du VIH, c’est une vraie prise de conscience. Elle décide d’agir et, entourée d'un petit groupe de femmes, elle fonde Ikambere. 

Les femmes africaines au centre du projet

"Quand elles arrivent, les femmes sont en miettes. Elles sont rejetées, exclues, abandonnées, cassées par la maladie et l’isolement. Notre travail, c’est l’écoute, le soutien moral, l’aide matérielle, l’aide à l’hébergement. On s’occupe de la femme dans sa globalité", explique Bernadette Rwegara. Pour ce faire, 23 personnes œuvrent au quotidien : assistantes sociales, médiatrices de santé, cuisinière, prof de sport... 

On s'occupe de la femme dans sa globalité. 
Bernadette Rwegara, fondatrice d'Ikambere

Le parcours vers la stabilité se déroule en trois temps consécutifs : titre de séjour, emploi, logement. Ikambere accompagne chaque femme dans les différentes étapes de ces démarches. Certaines intègrent "La main fine", salon de coiffure et atelier de couture inventés par Bernadette Rwegara et qui peuvent servir de tremplin vers l’intégration sur le marché du travail.  Une fois stable, les femmes reviennent régulièrement pour partager et se retrouver entre elles. "Ici, tu entres en pleurant, tu sors en riant", dit Rose dans le livre.  

IKAMBERE
© Les éditions de l’atelier

Accepter de vivre avec la maladie 

"Le VIH c’est un tabou, une honte", poursuit Bernadette Rwegara. Beaucoup de femmes se retrouvent à Ikambere après avoir été exclues de chez elle, quand la famille ou les proches découvrent qu’elles portaient la maladie. "Le sida a atteint leur féminité". L’association a mis en place tout un programme pour se reconnecter avec son corps et s’accepter, enfin. Ainsi, une fois par semaine, une esthéticienne dispense un atelier socio-esthétique. Les femmes apprennent, par exemple, à prendre soin d’elles et de leur peau. "Quand on voit toutes ces jolies femmes qui sont là, on se dit "si les autres vivent avec, alors pourquoi pas moi"", témoigne dans l’ouvrage Assita, venue du Burkina Faso en 2012. Elle qui refusait de prendre son traitement au début a, peu à peu, retrouvé le sourire et le goût de vivre.

L’association a mis en place tout un programme pour se reconnecter avec son corps et s’accepter, enfin.
Assita, venue du Burkina Faso

Il y a également les cours de danse hebdomadaires de Bolewa Sabourin, qui travaille avec le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018. Chorégraphe franco-congolais de 34 ans, il utilise la danse comme outil de résilience et comme moyen de reprendre le pouvoir sur soi-même. Il transmet chaque semaine sa philosophie aux femmes d’Ikambere. 

Ikambere
© Les éditions de l'atelier

"Ikambere est un refuge où les femmes peuvent parler de tout ce dont elles ne peuvent pas parler à l’extérieur. C’est une maison inclusive et participative. On aide chaque femme à se relever et à développer un projet professionnel, à être autonome", conclut Bernadette Rwegara. L’association est devenue un acteur majeur de la lutte contre le sida en Ile-de-France, du fait des connaissances et de l'expertise sur le sujet développées en deux décennies. Sollicitée pour intervenir dans de nombreux hôpitaux et foyers de travailleurs, elle représente une réelle issue de secours pour des femmes qui avaient perdu espoir.

Ikambere, la maison qui relève les femmes, Annabel Desgrées du Loû, Jano Dupont, Les éditions de l’atelier, 19,90€. Les droits d’auteur de ce livre sont reversés à l’association.