Philippe est un homme poli. "Merci Vanessa d'avoir bu du champagne avec moi.. on se voit l'année prochaine", écrit -il dans le livre d'or sur le site internet du bordel Artemis à Berlin. Ricardo n'hésite pas à dénombrer toutes les filles avec qui il avait à faire: "J'ai passé presque neuf heures à l'Artemis... wow ! Encore merci et bisous à toutes les filles, Carla (quel cul), Silvia (de la Roumanie, quel corps), Susie (une blonde allemande, mignonne), une moldave en guêpière dont j'ai oublié le nom..."
Depuis la légalisation de la prostitution il y a douze ans, l'Allemagne est devenue l'eldorado du sexe tarifé. La coalition de l'époque, la gauche social-démocrate avec les verts, voulait encadrer le travail des prostituées pour mieux les protéger. Depuis, la prostitution est un travail comme un autre. Les femmes peuvent déclarer ouvertement leur activité, elle paient des cotisations sociales et sont protégées par le droit de travail.
Depuis la légalisation de la prostitution il y a douze ans, l'Allemagne est devenue l'eldorado du sexe tarifé. La coalition de l'époque, la gauche social-démocrate avec les verts, voulait encadrer le travail des prostituées pour mieux les protéger. Depuis, la prostitution est un travail comme un autre. Les femmes peuvent déclarer ouvertement leur activité, elle paient des cotisations sociales et sont protégées par le droit de travail.

Satisfait ou remboursé
Les maisons closes ont largement ouvert leurs portes, plus besoin de se cacher. Le Pascha à Cologne, un bordel de dix étages et 126 chambres, met en avant son service "satisfait ou remboursé". L'Artemis à Berlin offre des tarifs spéciaux pour les retraités et les chauffeurs de taxi, et au Pussy Club (une chaîne installée dans la capitale et dans d'autres grandes villes), le buffet et les boissons sont inclus. "20 minutes seulement 25€" affiche le site internet de l'établissement, et "sodomie sur demande". D'autres maisons proposent même des "forfaits", du sexe à volonté pour toute une nuit.
L'approche libérale du gouvernement de l'époque est aujourd'hui mise en question : le magazine féministe "Emma" vient de publier un appel virulent en faveur de l'abolition de la prostitution. Parmi les premiers signataires se trouvent des femmes de droite et de gauche, des actrices, une évêque protestante - et aussi un bon nombre d'hommes.
Un esclavage organisé et moderne
"L'Allemagne ne tolère pas seulement, elle encourage cet esclavage moderne", constatent-ils. "Le système de la prostitution dégrade les femmes et les rend achetables." Ils demandent entre autres la pénalisation des clients - comme la proposition de loi qui sera débattue fin novembre à l'Assemblée nationale française.
Les maisons closes ont largement ouvert leurs portes, plus besoin de se cacher. Le Pascha à Cologne, un bordel de dix étages et 126 chambres, met en avant son service "satisfait ou remboursé". L'Artemis à Berlin offre des tarifs spéciaux pour les retraités et les chauffeurs de taxi, et au Pussy Club (une chaîne installée dans la capitale et dans d'autres grandes villes), le buffet et les boissons sont inclus. "20 minutes seulement 25€" affiche le site internet de l'établissement, et "sodomie sur demande". D'autres maisons proposent même des "forfaits", du sexe à volonté pour toute une nuit.
L'approche libérale du gouvernement de l'époque est aujourd'hui mise en question : le magazine féministe "Emma" vient de publier un appel virulent en faveur de l'abolition de la prostitution. Parmi les premiers signataires se trouvent des femmes de droite et de gauche, des actrices, une évêque protestante - et aussi un bon nombre d'hommes.
Un esclavage organisé et moderne
"L'Allemagne ne tolère pas seulement, elle encourage cet esclavage moderne", constatent-ils. "Le système de la prostitution dégrade les femmes et les rend achetables." Ils demandent entre autres la pénalisation des clients - comme la proposition de loi qui sera débattue fin novembre à l'Assemblée nationale française.
Alice Schwarzer : “Notre appel a changé la donne en Allemagne“
26.11.2013
Depuis son bureau de Cologne, Alice Schwarzer se félicite des effets de la pétition qu'elle a initiée avec Emma, le magazine qu'elle dirige.
La nouvelle coalition SPD/CDU a même mis à l'agenda de son programme de gouvernement une (re)pénalisation partielle des clients des prostituées, afin d'enrayer ce colossal marché du sexe qui règne outre Rhin, et qui rapporte autant que ceux de la drogue ou des armes.
La nouvelle coalition SPD/CDU a même mis à l'agenda de son programme de gouvernement une (re)pénalisation partielle des clients des prostituées, afin d'enrayer ce colossal marché du sexe qui règne outre Rhin, et qui rapporte autant que ceux de la drogue ou des armes.
Ce plaidoyer a suscité un tollé. "Ridicule, on ne pourra jamais interdire la profession la plus ancienne du monde", écrit un internaute. "Si la prostitution est interdite, les femmes seront encore moins protégées", prétend un autre.

Une association de prostituées défend la liberté de chacun à disposer son corps. "Nous ne nous laissons pas définir par d'autres comme victimes", s'énerve Simone Wiegratz, directrice d'un centre d'accueil pour des prostituées à Berlin. "La grande majorité des femmes font ce travail de leur propre gré" affirme-t-elle. "Alice Schwarzer ne sait pas de quoi elle parle."
Ne pas changer la loi, mais le regard sur les prostituées
Selon elle, les lois existantes sont suffisantes pour protéger les femmes contre la violence ou des dérives de ce métier "comme un autre". En revanche, il faudrait changer l'image négative de la prostitution dans la société. "Nous avons bien le droit de nous faire enregistrer comme prostituées, mais peu de femmes osent le faire. Elles préfèrent se déclarer comme masseuse pour ne pas être stigmatisées", dit encore Simone Wiegratz.
Ce n'est que par un hasard du calendrier que le plaidoyer d'Alice Schwarzer d'un côté et celui des "343 salauds" de l'autre (en réalité seulement une vingtaine de personnes l'ont signé et l'appellation est juste une provocation à destination des féministes en référence au manifeste des 343 "salopes" qui avaient avoué avoir avorté) - parmi lesquels l'écrivain Frédéric Beigbeder ou Richard Malka, l'avocat de Dominique Strauss-Kahn - ont été publiés au même moment.
Le débat entre abolitionnistes et défenseurs de ces relations tarifées entre partenaires consentants ne vient que de commencer sur les deux rives du Rhin.
Ne pas changer la loi, mais le regard sur les prostituées
Selon elle, les lois existantes sont suffisantes pour protéger les femmes contre la violence ou des dérives de ce métier "comme un autre". En revanche, il faudrait changer l'image négative de la prostitution dans la société. "Nous avons bien le droit de nous faire enregistrer comme prostituées, mais peu de femmes osent le faire. Elles préfèrent se déclarer comme masseuse pour ne pas être stigmatisées", dit encore Simone Wiegratz.
Ce n'est que par un hasard du calendrier que le plaidoyer d'Alice Schwarzer d'un côté et celui des "343 salauds" de l'autre (en réalité seulement une vingtaine de personnes l'ont signé et l'appellation est juste une provocation à destination des féministes en référence au manifeste des 343 "salopes" qui avaient avoué avoir avorté) - parmi lesquels l'écrivain Frédéric Beigbeder ou Richard Malka, l'avocat de Dominique Strauss-Kahn - ont été publiés au même moment.
Le débat entre abolitionnistes et défenseurs de ces relations tarifées entre partenaires consentants ne vient que de commencer sur les deux rives du Rhin.
Que faire des prostituées et prostitués ? Valse hésitation d'un pays à l'autre
02.11.2013Récit Laure de Matos, 64' TV5MONDE
S'il est une certitude, c'est que les Européens, les Occidentaux en général, hésitent sur la conduite à tenir, vis à vis de ce secteur marchand qui ne connaît pas la crise. Petit tout du monde des lois en vigueur...