Fil d'Ariane
La journaliste italienne Cecilia Sala, arrêtée le 19 décembre en Iran, a été libérée. Les autorités iraniennes l'accusaient d'avoir "enfreint les lois" lors d'un séjour professionnel avec un visa journalistique. Arrêtée à Téhéran la veille de son retour prévu en Italie, la jeune femme avait été placée à l'isolement dans la prison d'Evin à Téhéran.
Cecilia Sala, 29 ans, journaliste italienne, a été arrêtée à Téhéran à la veille de son retour en Italie.
"Bonjour, je suis de retour !" sont les premiers mots de Cecilia Sala lorsqu'elle a posé les pieds sur le sol d'Italie, après avoir passé les trois dernières semaines derrière les barreaux de la prison d'Evin à Téhéran. Arrivée sur le tarmac de l'aéroport de Rome, la jeune femme a couru dans les bras de son compagnon le journaliste Daniele Raineri.
"Notre compatriote a été libérée par les autorités iraniennes et rentre en Italie", ont précisé les services du gouvernement italien dans un communiqué publié ce mercredi 8 janvier, soit trois semaines après son arrestation à Téhéran. Cette libération est le fruit "d'un travail intense à travers les voies diplomatiques et de renseignement", souligne le communiqué. La Première ministre "Giorgia Meloni exprime sa gratitude à tous ceux qui ont contribué à rendre possible le retour de Cecilia, lui permettant de retrouver sa famille et ses collègues".
L'ONG Reporters sans Frontières (RSF) a de son côté exprimé son "immense soulagement". "Maintenant, les 25 journalistes toujours détenus dans les prisons iraniennes doivent eux aussi être libérés", a-t-elle ajouté dans un bref communiqué.
Pour justifier son arrestation le 19 décembre dernier, les autorités iraniennes - via l'agence de presse officielle Irna -publiaient un communiqué : "Mme Cecilia Sala, citoyenne italienne, s'est rendue en Iran le 13 décembre avec un visa de journaliste et a été arrêtée le 19 décembre pour avoir enfreint les lois de la République islamique d'Iran".
Cecilia Sala, 29 ans selon des médias, aurait été placée à l'isolement dans une cellule de la prison d'Evine à Téhéran, selon son employeur Chora Media, un site publiant des podcasts. "L’Italie et l’Europe ne peuvent pas tolérer cette arrestation arbitraire", a écrit Chora Media sur Facebook, évoquant une journaliste qui fait son travail "scrupuleusement, avec attention, passion et professionnalisme".
Cecilia Sala, qui travaille également pour le quotidien Il Foglio, a bénéficié d'un accès consulaire et a été en contact avec sa famille, ont précisé les autorités iraniennes. La jeune femme, qui aurait dû rentrer le 20 décembre en Italie, a été arrêtée la veille de son retour.
L’ambassade et le consulat italiens à Téhéran suivent le cas de la journaliste et l’ambassadrice de Rome en Iran, Paola Amadei, lui a rendu visite pour s’assurer de ses conditions de détention, précise le communiqué du ministère italien des Affaires étrangères, selon la RTBF.
Sur son compte X, cette connaisseuse de l'Iran a posté plusieurs photos de son séjour et de ses rencontres à Téhéran, où elle était venue enregistrer des podcasts. Arrivée en Iran le 12 novembre avec un visa de journaliste, elle a publié plusieurs reportages sur les changements dans ce pays après la chute en Syrie du président Bachar al-Assad, selon le site du quotidien La Repubblica.
Le ministre de la Défense, Guido Crosetto a dénoncé sur X une arrestation "inacceptable". Il assure que tous les plus hauts responsables du pays, y compris la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni, s’employaient à obtenir sa libération.
Plusieurs ressortissants occidentaux ou binationaux sont détenus en Iran, à l'image de Cécile Kohler et Jacques Paris, un couple français emprisonné depuis 2022 lors d'un séjour touristique et accusé par les autorités d'"espionnage", ce que leurs proches "réfutent fermement". Un troisième Français, prénommé Olivier mais dont le nom de famille n'a pas été rendu public, est également détenu en Iran depuis 2022.
La France qualifie ces prisonniers d'"otages d'Etat". L'Iran affirme que ces personnes sont détenues en vertu d'une décision judiciaire.
L'arrestation de Cecilia Sala est intervenue quelques jours après celles aux Etats-Unis et en Italie de deux Iraniens soupçonnés de transfert de technologies sensibles. Mohammad Abedini, 38 ans, a été arrêté en décembre en Italie à la demande des autorités américaines. Mahdi Mohammad Sadeghi, 42 ans et qui détient la double nationalité, est quant à lui incarcéré aux Etats-Unis, selon la justice américaine.
La justice américaine les a formellement accusés le 17 décembre "d'exporter vers l'Iran des composants électroniques sophistiqués", en violation de la réglementation aux Etats-Unis et des sanctions américaines contre l'Iran. Selon le ministère américain de la Justice, ces composants ont servi lors d'une attaque de drone en Jordanie qui avait coûté la vie en janvier à trois militaires américains. L'Iran avait nié toute implication et fustigé des allégations "sans fondement".
Selon Reporters sans frontières (RSF) l’Iran occupe la 176e place, sur 180 pays mentionnés, concernant la liberté de presse.
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