Fil d'Ariane
Il vaut mieux, en effet, avoir l'endurance et la persévérance nécessaire pour assumer une telle tâche. Isabelle et son équipe de 46 personnes (parité hommes-femmes !) , après avoir visionné les films, puis décidé de leur sélection, gère le bon suivi des deux compétitions internationales, fiction et documentaire.
Le #fifdh17, se sont 134 événements dans 13 communes et 43 lieux à travers le Grand Genève et le canton de Vaud. pic.twitter.com/xF3azPLIB7
— FIFDH Genève (@fifdh) 21 février 2017
Il y a également l'accueil et l'accompagnement des invités, l'organisation des débats, les masterclasses, bref, il s'agit de conduire l'immense navire FIFDH à bon port, c'est à dire à la satisfaction générale. Pas évident. L'endurance dure neuf jours. 35 000 festivaliers sont attendus.
Isabelle Gattiker est née à Berne en 1978. De 2002 à 2005, elle organise le Festival du film sur les droits
humains et le Festival Cinéma Tout Ecran, à Genève puis assiste pendant deux ans le réalisateur israélien Amos Gitaï en qualité de coordinatrice de production sur ses long-métrages News from Home (News from House) (2006) et Désengagement (Disengagement) (2007) .
Sa passion la conduit à produire des films pour l'ONU et le CICR. Engagement toujours.
Dans l'édito qu'elle écrit pour présenter cette 15ème édition, le souffle de la passion est intact : " Etre révolutionnaire en 2017, c’est surmonter la peur, c’est choisir ses mots, c’est se laisser émerveiller par les cinéastes et les artistes, c’est prendre le temps de revenir à la raison. Halte aux slogans. Pour changer le monde en 2017, il faut poser les bonnes questions et proposer un horizon d’action. Pourquoi nous battons-nous ? Qu’est-ce qui nous réunit ? Vers quoi voulons-nous aller ? Comment pouvons-nous l’atteindre ?"
Tièdes s'abstenir.
Rencontre avec une femme-flamme.
Ce qui rejoint ces films en compétition, c'est qu'ils changent notre manière de voir le monde.
Isabelle Gattiker
Comment se passe la programmation, la sélection des films ?
Isabelle Gattiker : On reçoit a peu près 500 films par édition. Et on en sélectionne en tout une quarantaine, et seulement 20 documentaires sont en compétition et huit fictions. C'est une sélection extrêmement vive, difficile, douloureuse. Je crois que le secret, c'est l'équilibre. Arriver à trouver des films de grands cinéastes mais aussi des films méconnus, qui traitent de thématiques différentes. Ce qui rejoint ces films en compétition, c'est qu'ils changent notre manière de voir le monde. Ils nous montrent le monde comme on ne l'a jamais vu. Cette année, il s'agit de la thématique autour des migrations et de la désobeissance civile, une question ouverte à laquelle nous n'avons pas de réponse préparée. On essaye de mettre en lumière des zones d'ombre, des violations oubliées, des situations que les gens ne comprennent pas bien, comme ce qu'il se passe au Yémen, aux Philippines...
On a le sentiment que ces films qui expliquent et dénoncent, ne restent souvent que sous l'applaudimètre d'un festival. Il y a une vraie frilosité de la part des chaînes de télévision à les diffuser ..
Isabelle Gattiker : Nous, nous avons de la chance ! Nous avons la Radio-Télévision Suisse (RTS) qui est l'une des dernières chaînes de télévision à investir, et investir vraiment, dans le documentaire d'auteur engagé. Chaque année, sur les 40 films, une dizaine a été co-financée par la RTS. Ce qui est extraordinaire pour un tout petit pays. C'est magnifique et il ne faut pas que cela change. Il faut protéger ce bastion courageusement. Il y aussi Arte...Ce sont des films qui bousculent, qui dérangent, qui font moins d'audimat. Il faut plus prendre le temps de les regarder et les chaînes sont soumises à une pression d'audimat qui ne favorise pas ce genre de création..
Un festival réussi, c'est quoi ?
Isabelle Gattiker : On se rend compte qu'un Festival est réussi quand les salles sont pleines (ce qui arrive chaque année) mais surtout pleines de jeunes. Et l'année dernière, la moitié du public avait moins de 40 ans. C'est extraordinaire ! Souvent, un événement de ce type, autour des droits humains, attire un public plus âgé. On mesure aussi les interactions sur Internet, sur les réseaux sociaux. Les personnes viennent mais aussi elles en parlent, elles repostent nos articles et nos contenus, il y a une vraie réflexion. Nous avons une vingtaine de partenaires (dont TV5Monde ndlr) et ils viennent assister aux séances. Enfin, bien entendu, la presse internationale. Sommes nous cités ? Y-a-t-il des articles sur nous ? Chaque année, nous avons de gros événements qui sont repris par tous les médias internationaux. Il y a deux ans c'était Edward Snowden. Il a parlé en direct pendant 45 minutes. L'année dernière, c'était le docteur Mukwege et cette année, ce sera Dilma Roussef. Nous voulons nous tourner vers le futur, proposer des choses concrètes. Il y a des situations scandaleuses mais on peut agir. C'est là où nous avons un rôle à jouer.
Le #fifdh17 est dédié au réal. iranien @KeywanKarimi, condamné à 1 an de prison et 223 coups de fouet. Son film Drum à découvrir au FIFDH pic.twitter.com/OKaz5puBSt
— FIFDH Genève (@fifdh) 21 février 2017