Italie: justice pour Lucia Annibali, défigurée à l'acide

C'est l'épilogue d'une affaire devenue en Italie le symbole des violences faites aux femmes. La justice a confirmé, ce mardi 10 mai, la peine de 20 ans de prison à l'encontre de Luca Varani. Cet ancien avocat a été condamné pour avoir commandité l'attaque à l'acide de son ex-fiancée, Lucia Annibali.
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C'était un soir comme les autres ou presque. En rentrant chez elle, à Pesaro (centre-est de l'Italie), Lucia Annibali n'avait sans doute pas imaginé que sa vie allait basculer. C'était le 16 avril 2013. Un homme, le visage caché sous une capuche, jette de l'acide au visage de la jeune avocate.


L'enquête démontrera que deux hommes, d'origine albanaise, avaient été payés pour perpétrer cette attaque. Le commanditaire n'est autre que l'ex-fiancé de la jeune femme, Luca Varani. La jeune femme venait de le quitter parce qu'elle avait appris qu'il était sur le point de devenir le père d'un enfant qu'il avait fait avec une autre femme.

"Une plaisanterie douteuse qui a mal tourné"

Le 23 janvier 2015, reconnu coupable de tentative d'homicide et de blessures graves, il est condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Devant la Cour, il avait fini par reconnaître qu'il avait demandé à deux Albanais de jeter de l'acide sur la voiture de Lucia Annibali dans ce qui, selon ses dires devant le tribunal, "était une plaisanterie odieuse qui a mal tourné". Luca Varani, qui a été arrêté au lendemain de l'agression alors qu'il essayait de se rendre aux États-Unis, avait déjà mis en danger la vie de son ancienne petite amie en trafiquant la cuisinière à gaz de son domicile, indique la presse italienne.

Le 22 mai 2014, Luca Varani avait tenté de se suicider dans sa cellule, de la prison de Castrogno, un gardien avait donné l'alarme. 

A l'issue du procès, ses avocats font appel. Un peu plus d'un an plus tard, la Cour de cassation de Rome confirme cette condamnation, le mardi 10 mai 2016.

Quant aux deux agresseurs, Rubin Talaban et Altistin Precetaj, ils ont écopé chacun de 14 ans de prison.

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Lucia Annibali, lors de la présentation de son livre, sorti en 2015 en Italie.
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Je vais enfin retrouver une vie normale... Lucia Annibali
Dans un entretien accordé au quotidien turinois La Stampa, Lucia Annibali se confie : "Je recommence finalement à vivre. Maintenant je peux écrire le mot fin à cette histoire dont le but était de me détruire.. Mais moi, même si je suis épuisée et à bout, je suis plus forte que ces deux types qui m'ont défigurée à l'acide et que celui qui leur a donné l'ordre de le faire. (...) Un chapitre important de cette histoire est maintenant clôt. Celui de la justice, et il a beaucoup de poids. Car justice a été faite et j'en suis très heureuse. Mais je sais aussi qu'aujourd'hui une autre partie est toujours en suspens car j'ai un long chemin à récupérer, bcp d'objectifs à atteindre."


Après avoir failli perdre la vue, et subi pas moins de 17 interventions chirurgicales, elle porte encore trois ans après, les stigmates de son agression. Décorée de l'Ordre du Mérite par le président italien Giorgio Napolitano en novembre 2014, devenue véritable symbole de la cause des femmes victimes de violences, elle a signé un livre racontant son histoire "Io ci sono: la mia storia di non-amore" ("Me voici: l'histoire de mon non-amour"), dont l'adaptation pour la télévision doit être tournée dans les prochaines semaines.
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Lucia Annibali, reçue par le pape François, le 4 février 2015, (Vatican). Le chef de l'église catholique a dans un récent discours dénoncé les attaques à l'acide dont sont victimes les femmes à travers le monde.
©AP Photo/L'Osservatore Romano

En Italie, une avocate s'est penchée sur la question du féminicide, la jeune avocate Barbara Spinelli. Sur son blog, elle explique qu'elle a découvert la notion de féminicide en 2006 lors d'une conférence de femmes mexicaines qui dénoncaient les meurtres non élucidés de Ciudad Juarez. C'est une anthopologue mexicaine, Marcela Lagarde qui dans les années 90 a analysé les violences subies par les femmes mexicaines en expliquant les causes de leur marginalisation par une culture machiste dans une société qui ne leur donne aucune protection du point de vue juridique. Barbara Spinelli a écrit un livre sur le sujet "Feminicidio : dalle denucia sociale al riconoscimento giuridico internazionale" ("Feminicide : de la dénonciation sociale à la reconnaissance pénale internationale").