"Januhairy" ou la revanche pileuse au féminin

Après le mois de janvier sans alcool ou sans viande, voici un mois de janvier sans poils ? Ce mouvement baptisé Januhairy consiste à ne pas raser ni arracher un poil de son corps jusqu'au 31 janvier. Au delà du défi devenu viral sur les réseaux sociaux, il devient pour certaines une véritable quête de liberté pour s'affranchir des diktats de la mode imposés par la société. 

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januhairy

Capture d'écran Twitter

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C'est de la sphère anglophone que nous vient ce néologisme. Il apporte d'Outre-Manche une invitation à toutes celles qui en ont assez de traquer les poils "disgracieux" qui poussent sur leur corps pour en protéger naturellement certaines zones, et lance un défi à celles pour qui sortir "les poils à l'air" est impensable. Comme si la pilosité corporelle avait un genre...

Un défi devenu viral 

Januhairy est la contraction de January, pour le mois de "janvier", et de hairy, qui signifie "poilu". Le mouvement "janvier poilu", donc, est l' idée d'une étudiante anglaise à l'université d'Exeter, du nom de Laura Jackson. En 2018, la jeune femme de 21 ans avait dû laisser pousser ses poils pour tenir un rôle dans une pièce de théâtre.

Face aux réactions de ses proches lui est venue l'envie d'inciter d'autres filles à la suivre sur cette pente "subversive" – même si, en janvier, l'exposition d'une pilosité incontrôlée reste très limitée dans l'hémisphère Nord, en plein hiver. 

Reste que le défi est rapidement devenu viral : des milliers de femmes se sont mises à poster des photos d'elles non épilées, non rasées sur les réseaux sociaux. Face à ces réactions révélatrices d'un ras-le-bol des normes et d'une envie de transgression, Laura Jackson récidive l'année suivante, puis celle d'après...

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#januhairy

Aujourd'hui, sur Tiktok, par exemple, le mot-dièse #januhairy revient à près de 8 millions de reprises. Il est très présent aussi sur Instagram et sur X. Il accompagne en général des photos de filles qui exposent leurs aisselles ou jambes poilues, ou encore des clips expliquant pourquoi elles se sont lancées dans ce mouvement et pourquoi elles n'ont pas envie d'arrêter. 

Toutes les publications ne vont pas dans le sens de l'initiative du Januhairy. L'incompréhension et la désapprobation de la société face aux femmes qui laissent pousser leurs poils se révèle aussi sur les réseaux sociaux.

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La charge mentale de l'épilation

Les raisons invoquées par les adeptes du corps au naturel sont à la fois militantes et pratiques. Les filles ne veulent plus se sentir obligées de céder aux normes dictées par la société et veulent se donner une chance d'apprendre à s'accepter au naturel.

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Leurs motivations sont aussi bien concrètes, comme le coût, la douleur, la gestion du temps et la charge mentale impliqués par une épilation soignée et régulière : "Pour une épilation complète, il faut au moins une heure et je n'ai pas envie de perdre mon temps à ça", confie à nos confrères de France Inter Océane, étudiante de 23 ans à Toulouse. 

"S'épiler avant les vacances, ne pas oublier les bandes de cire... Les femmes calculent en permanence," souligne Léa Taieb, autrice du livre Parlons Poils.

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"Vive les poils", un mouvement pas si récent

Les milléniums ne sont pas les premiers. En 1999, l'actrice Julia Roberts, moulée dans une robe de haute couture, lève le bras pour saluer la foule, révélant des aisselles non épilées. Son geste n'avait rien de féministe, explique-t-elle au magazine Elle : "Je n’avais pas bien calculé la repousse de mes poils, et la hauteur de mon lever de bras… Ce n’était pas un acte engagé, mais il m’a permis d’assumer qui j’étais, tout simplement d'être moi-même".

Aujourd'hui encore, les filles et femmes qui ne s'épilent plus s'exposent à des regards désapprobateurs et des réflexions moqueuses, y compris de la part d'autres femmes. Le fait que la société toute entière semble encore réfractaire à la pilosité féminine.

De janvier à décembre...

Parmi les adeptes du Januhairy, certaines se sont si bien prises au jeu qu'elles ne voudraient pour rien au monde revenir en arrière. Elles disent se sentir "plus libres de leur corps" et engagent les filles à jouer les prolongations en février, mars, avril... jusqu'à Decembeard (décembre à barbe) pour "un an de liberté !"
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