Jeux paralympiques : la triathlète Héloïse Courvoisier prête à vivre "un moment incroyable"

Le para-triathlon, enchaînement d'une épreuve de natation, de cyclisme et de course à pied, se déroulera au coeur de Paris. Pour Héloïse Courvoisier, triathlète malvoyante de naissance, qualifiée pour les Jeux paralympiques, ce sera bientôt l'heure de plonger dans la Seine, accompagnée de sa guide, Anne Henriet. 

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Héloïse Courvoisier et Anne Henriet

Héloïse Courvoisier, malvoyante, à gauche, reliée à sa guide Anne Henriet par un élastique, lors d'une course de para-triathlon à Osselle, en France, en juin 2023.

©page facebook Héloïse Courvoisier
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"Je réalise petit à petit. J'y pense tous les jours mais j'essaye de ne pas trop me prendre la tête, de passer les séances d'entraînement une par une et de récupérer au mieux", explique Héloïse Courvoisier, para-triathlète qui vient de fêter ses 27 ans, dont l'AFP a suivi la préparation pendant plus d'un an.

Je tente d'aborder les choses comme une course habituelle, même si ce n'est vraiment pas une course habituelle. Héloïse Courvoisier, para-triathlète

Au final, "je tente d'aborder les choses comme une course habituelle, même si ce n'est vraiment pas une course habituelle", décrit la sportive, qui s'attend à vivre un moment "incroyable".

Comme pour les valides, la partie natation du para-triathlon doit avoir lieu dans la Seine. "Une journée de contingence est prévue, si jamais il fallait décaler la course à cause de la qualité de l'eau", précise-t-elle. Lors des Jeux olympiques, cela avait été le cas pour l'épreuve masculine, qui avait été décalée de 24 heures, pour se tenir juste après l'épreuve féminine.

Ambiance "folle"

Pour l'heure, la course d'Héloïse Courvoisier est programmée le lundi 2 septembre, jour de la rentrée scolaire. Elle évoluera avec sa guide, Anne Henriet, à qui elle est reliée par un lien élastique pour la natation ainsi que pour la course à pied, et avec qui elle pédale en tandem.

Ces dernières semaines, "dès qu'on n'était pas à l'entraînement, on allumait la télévision pour suivre les Jeux olympiques", témoigne Héloïse Courvoisier, qui s'est intéressée de près au triathlon. "L'ambiance avait l'air folle, il y avait vraiment du monde partout", dit-elle, enthousiaste. "Ce serait beau qu'il y ait autant de monde lors du para-triathlon, toutefois, les circonstances font qu'il y aura certainement moins de gens, ce sera la rentrée".

Signe encourageant toutefois : au centre de préparation de Vichy (Allier), plusieurs centaines de personnes sont venues assister début août à un entraînement des para-triathlètes ouvert au public: "Ils étaient trop chauds, contents de nous voir et de prendre des photos ! Je pense qu'il y a un vrai engouement", se réjouit la para-triathlète, "hyper motivée par les encouragements" pendant les courses.

Objectif top 5

Suivre les épreuves chez les valides lui a aussi permis de se rendre compte de ce à quoi il fallait s'attendre sur le plan technique: "On a pu constater que le courant est carrément plus fort que l'an dernier" lors de l'épreuve test du parcours, remarque-t-elle, marquée par le fait que les nageuses ont mis beaucoup plus de temps à faire le retour que l'aller dans la Seine.

Je vais donner le meilleur de moi-même, sachant que le 2 septembre ce n'est pas non plus une fin. Héloïse Courvoisier, para-triathlète

Aux Jeux paralympiques, Héloïse Courvoisier ambitionne de finir dans le top 5 de sa catégorie, PTVI, réservée aux personnes atteintes d'une déficience visuelle, et dans laquelle une autre Française va concourir, Annouck Curzillat. "Je vais donner le meilleur de moi-même, sachant que le 2 septembre ce n'est pas non plus une fin, la saison de compétition se poursuivra avec les championnats d'Europe dès fin septembre", souligne la sportive.

En attendant le jour J aux Jeux paralympiques, elle poursuit son entraînement à son rythme habituel, soit une quinzaine d'heures hebdomadaires d'exercices physiques. "On va relâcher petit à petit, une fois qu'on sera au village des athlètes, ce seront alors des séances de rappel et de maintien", ajoute Héloïse Courvoisier. 

"Ne pas se mettre de limites"

Kinésithérapeute de profession, l'athlète a mis sa carrière en suspens depuis un an pour se consacrer entièrement à la préparation des Jeux. Née avec un rétinoblastome, il lui reste un dixième de vision. 

Malgré le handicap et les aléas de la vie, il ne faut pas se mettre de limite, c’est parfois nous qui nous limitons. Héloïse Courvoisier, para-triathlète

Marraine de l'association Retina France Vaincre les maladies de la vue, sur son site retina.fr, elle se raconte : "Je me suis lancée dans le paratriathlon sous l’impulsion de mon compagnon Thibaut Rigaudeau qui m’a offert un tandem en 2020 après le confinement. J’ai rencontré ensuite ma guide et nous avons participé au Championnat de France de paratriathlon en 2020".

Arrivée à la quatrième place lors de la Coupe du monde en 2021, elle a intégré l'équipe de France en avril 2022.

Pour conclure, voici le message qu'elle souhaite transmettre : "Malgré le handicap et les aléas de la vie, il ne faut pas se mettre de limite, c’est parfois nous qui nous limitons. Le sport m’a beaucoup apporté et aidé à l’adolescence car ça m’a permis de limiter la différence avec les autres".

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