Jihad : pourquoi les femmes, aujourd'hui, s'engagent-elles ?

Près d'Alep, en Syrie, les jihadistes de l’État islamique ont ouvert une agence matrimoniale destinée aux femmes "désireuses de se marier avec des combattants". Une première qui fait écho aux nombreux départs de femmes du monde entier pour le jihad en Syrie, qui font régulièrement la Une de l'actualité. Pourquoi le jihad, naguère une affaire d'hommes, en Afghanistan ou en Irak, attirent-ils désormais des femmes ? Analyse.
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Jihad : pourquoi les femmes, aujourd'hui, s'engagent-elles ?
Des femmes du monde entier rejoignent les rangs jihadistes ©AFP/Zac Baillie
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Les noms s'accumulent et se médiatisent. Clémence, 23 ans, mariée, est partie en famille, avec mari et enfant. Sirine, 25 ans, était célibataire avant de partir, elle aussi. Idem pour Farah, une adolescente originaire d'Argenteuil. Nora, 15 ans, a quitté Avignon et sa famille en janvier 2014. Même phénomène à l'étranger. En Grande-Bretagne, Salma et Zahra Halane, des jumelles venues de Manchester, ont quitté leur famille le 26 juin. Et puis il y a toutes les autres. Celles qui ont été arrêtées in extremis à l'aéroport. C'est le cas de Fauzia Allal Mohamed, originaire d'Espagne, âgée de 19 ans, et de Shannon Maureen Conley, 19 ans, une Américaine qui a tenté de rejoindre le jihad en avril 2014.

Elles viennent du monde entier et se sont destinées à aller en Syrie, un pays arabe en proie, depuis 2011, à une guerre civile devenue un conflit aux enjeux régionaux, dont l'objectif est de déloger le "président" syrien, Bachar el-Assad. Pour les laïcs emprunts de démocratie, désormais minoritaires, il s'agit de libérer un peuple d'une féroce dictature. Pour les mouvements radicaux religieux, de tendance jihadiste, devenus aujourd'hui majoritaires, il s'agit d'évincer un "mécréant" (alaouite-chiite) qui terrorise les musulmans sunnites syriens. Associant leur lutte au jihad, ils trouvent l'occasion d'installer un État où la charia serait appliquée de manière radicale. Parmi les tenants de cette idéologie : le Front al-Nosra, et l’État islamique en Irak et au Levant, rebaptisé "L’État islamique" - une émanation éloignée d'Al-Qaïda, qui veut créer un État à cheval entre l'Irak et la Syrie. C'est dans ces groupes que, depuis 2012, on voit s'engager des femmes non syriennes. Un engagement dans le jihad syrien qui prend plusieurs formes, alors que les femmes, hier encore, étaient quasiment absentes des conflits en Afghanistan, au Pakistan ou encore en Irak, autres terres du "jihad".

Fin du monde 

Selon les spécialistes de la question, le phénomène est nouveau et complexe. Plusieurs raisons et paramètres sont avancés, à commencer par le caractère eschatologique du discours, qui brandit la menace d'une fin du monde imminente, annoncée par le retour du prophète Issa (Jésus) sur Terre et précédée par la venue du Mahdi (le "sauveur" attendu des musulmans). C'est une tradition dans les propos jihadistes que de légitimer cette vision par des références religieuses - ici l'Apocalypse, évoquée dans les textes religieux comme le Coran ou la Bible.

Ce message attire les hommes autant que les femmes, selon David Thomson, journaliste pour RFI, et auteur de l'enquête "Les jihadistes français" (Les Éditions, Les Arènes, 2014). "Les femmes partent aussi parce qu'elles considèrent que l'on vit une époque où une grande prophétie est en train de se réaliser en Syrie, avec le retour du Mahdi. Et donc, à leurs yeux, il faut absolument être sur le sol syrien aujourd'hui", explique-t-il. Au message jihadiste s'ajoute une nouveauté : "La prophétie propre à la Syrie, qui lui donne une dimension sacrée, est une vraie spécificité de ce jihad", analyse David Thomson après avoir eu plusieurs entretiens avec des candidats ou des jihadistes sur place.
 
Pour Dounia Bouzar, anthropologue spécialiste de l'islam, les jihadistes utilisent les mêmes moyens que les sectes pour attirer les personnes fragiles. "C'est un discours qui endoctrine les jeunes en manipulant la religion, pour leur faire croire que la fin du monde est proche. Un discours qui suggère que, s'ils veulent sauver ceux qu'ils aiment, ils doivent aller en Syrie, sur la terre du "Sham". Ce sont toutes les techniques des dérives sectaires qui instrumentalisent les jeunes et sèment la confusion avec la religion. Elles les amènent à partir le matin avec le cartable sur le dos pour se retrouver là-bas quelques jours plus tard", a-t-elle déclaré sur le plateau de l'émission française Ce soir ou jamais sur France 3, en mai 2014. Ces pratiques existaient déjà au Moyen-Âge, avec la secte des "Assassins" où, là aussi, les femmes jouaient un rôle-clé dans un système politico-sectaire.

Féministes les jihadistes ?

Si le phénomène attire désormais les femmes, c'est parce que le discours tenu par les groupes jihadistes a changé. Une place plus importante est dévolue à la femme musulmane dans le jihad syrien, alliée à une image qui reste traditionnelle. Doctorante-chercheuse suisse travaillant sur les femmes jihadistes à l'EHESS, Géraldine Casutt est en contact avec certaines de ces femmes. Selon elle, "l'idéologie jihadiste a tendance à présenter la femme comme un être de très grande valeur, complémentaire de l'homme. Elle rejette la responsabilité de l'image de la femme soumise et maltraitée à des coutumes culturelles ou ethniques qui, même si elles se cachent derrière l'islam, n'ont rien à voir avec lui. C'est sans doute pour cela que les rumeurs d'excision obligatoire en Irak ont pris si facilement, parce que l'islam est couramment associé avec acte de barbarie envers les femmes. Et pourtant, les jihadistes se défendent de tels actes, arguant d'un "islam pur", et cherchent avant tout à venger l'honneur "de leurs sœurs" et à les protéger".

Jihad : pourquoi les femmes, aujourd'hui, s'engagent-elles ?
Une image de la femme musulmane ("al-ukhti", "ma soeur" en arabe) bafouée, selon eux, en Occident et dans les pays musulmans qu'ils estiment corrompus. C'est la deuxième nouveauté dans le message jihadiste. Ce discours résonne dans l'esprit des jeunes femmes et jeunes hommes qui ont développé un certain ressentiment à l'encontre des politiques religieuses menées dans leur pays d'origine. A commencer par l'Europe, dont la France, avec ses polémiques autour du débat sur la laïcité, le voile et les caricatures de Mahomet. C'est ce qui ressort des témoignages des candidats au jihad syrien, cité dans l'enquête de David Thomson. Même constat chez Géraldine Casutt : "Le sentiment islamophobe en Europe est croissant et les femmes musulmanes sont les premières à en pâtir, puisque c'est généralement elles qui sont visées par certaines interdictions, notamment en ce qui concerne le port du voile - intégral dans l'espace public, mais aussi le port du voile tout court, quand il s'agit aussi par exemple d'accompagner ses enfants en sortie scolaire, ou tout simplement pour trouver un emploi. C'est un argument récurrent dans les sphères jihadistes. Ces femmes se sentent généralement empêchées de vivre leur religion comme elles l'entendent par les sociétés ambiantes", analyse la chercheuse suisse.

Pour les autres pays, les raisons sont différentes. Leur contexte national spécifique entre aussi en jeu. Des femmes originaires de Russie, plus précisément de Tchétchénie ou d'Asie centrale, comme le Kirghizistan, se trouvent aussi parmi les jihadistes. Ces États sont jugés autoritaires et non démocratiques. Pour les unes, leur jihad syrien s'associe à la lutte contre le gouvernement russe, virulent opposant de l'indépendance de la Tchétchénie (région musulmane) et un des principaux alliés de Bachar el-Assad. Pour les autres, le radicalisme islamique qui se développe au Kirghizistan contre le régime autoritaire en place, attire de plus en plus de femmes kirghizes, à qui le gouvernement offrent peu de place et de perspective d'avenir dans leur pays.

Défendre les musulman-e-s et l'islam

Alimentées par ces rancoeurs, ces femmes ont le sentiment de servir une cause qu'elles estiment juste. A travers le jihad syrien, et l'éventuelle création d'un nouvel État islamique, elles endossent la défense des musulmans et musulmanes réprimés dans le monde, et surtout en Syrie par l'alaouite Bachar el-Assad. Une situation à laquelle ces femmes jihadistes ou aspirantes jihadistes sont particulièrement sensibles, selon Géraldine Casutt. "On est dans une idée de résistance, de volonté de rétablir la justice, et de réparer aussi les injustices faites aux peuples du Moyen-Orient. Au niveau politique, ces femmes sont particulièrement touchées par l'inaction des pouvoirs en place envers les populations musulmanes qui sont brimées et exterminées de par le monde. Les théories du complot sont très exploitées, les chiites comme les juifs étant désignés comme les principaux responsables des maux des musulmans", décrit-elle.

L'opinion publique internationale est sensible à la situation des Syriens réprimés par Bachar el-Assad, et les femmes jihadistes se sentent encore plus légitimes. C'est l'analyse de Mathieu Guidère, islamologue et spécialiste géopolitique du monde arabe. Il retrace la psychologie de ces femmes : "Sur un plan politique, le problème qui se pose, pour elles, est que la France et l'Europe ne fait rien. C'est vraiment de la révolte contre ce laisser-faire. Elles veulent faire quelque chose et c'est ce qui motive leur départ. Pour elles, on ne peut pas laisser un peuple se faire massacrer par un dictateur et il est légitime de se battre là-bas. A l'exception de l'Iran et de la Russie, cette perception est largement partagée dans le monde. De nombreux pays estiment que Bachar devrait partir et cesser de massacrer son peuple. Ces femmes se sentent donc légitimes dans leur engagement", estime-t-il.

Féminisation des mouvements radicaux

Les femmes, globalement, se sentent de plus en plus concernées par le monde qui les entoure. L'implication accrue des femmes dans le jihad s'inscrit donc dans un contexte plus large. Olivier Roy, politologue et professeur à l'Institut universitaire européen de Florence, explique par une "modernisation paradoxale" le recrutement, dans les rangs des mouvements radicaux, d'Occidentaux habitués à la mixité homme-femme. L'engagement des femmes dans le jihad syrien "va de pair avec un phénomène que l'on constate de manière générale : l'augmentation du rôle des femmes dans les mouvements ultra-religieux. On observe le même phénomène chez les catholiques, qui s'est exprimé lors des manifs pour tous, mais aussi chez les juifs orthodoxes, où les femmes sont de plus en plus présentes. En Europe, on voit de plus en plus de filles impliquées dans les mosquées, dans la gestion des organisations islamiques, des sites internet, etc. Il y a une féminisation en général du fondamentalisme religieux, une plus grande percée des filles dans ces milieux", constate-t-il.

Dans les mouvements jihadistes, cette évolution a peut-être changé la vision des femmes. Ce qui est sûr, c'est qu'elle a coïncidé avec un changement du message. Autrefois, le discours d'Al-Qaïda, des groupes affiliés ou radicaux était emprunt d'une misogynie virulente à l'égard de la femme - un esprit palpable, notamment jusqu'au début des années 2000, selon le chercheur spécialiste des mouvements islamistes. "Aujourd'hui, il y a moins cette espèce de phobie antiféminine. Par exemple, Mohammed Atta, pilote et auteur de l'attentat du World Trade Center, a écrit dans son testament qu'il ne voulait pas qu'une main de femme touche son cadavre. Là, on était dans la phobie. Quinze ans après, les choses sont différentes. On voit qu'au moins dans une partie des milieux jihadistes, la présence féminine n'est plus considérée comme une aberration", décrit-il.

Ce mouvement mondial de femmes jihadistes n'a pas de précédents dans l'histoire du Moyen-Orient. Du moins pas de cette ampleur. Seuls deux cas sont régulièrement cités par les spécialistes de la question, ceux de deux Belges, Muriel Degauque et Malika el-Aroud. L'une, convertie, est la première femme européenne à avoir mené un attentat-suicide au nom de l'islam en 2005 à Bakouba, en Irak, après s'y être installée avec son mari. L'autre, une Belgo-marocaine de 54 ans, est l'"égérie" jihadiste des années 2000. Veuve de l'un des deux assassins du commandant afghan Massoud, mort en 2001, Malika el-Aroud est l'une des pionnières du jihadisme 2.0. A partir de 2002, elle s'est montrée particulièrement active dans la propagande jihadiste sur internet, où elle incitait des jeunes à s'engager dans le jihad afghan. Avant elles, l'implication des femmes au Moyen-Orient dans des mouvements existaient. Il s'opérait plutôt dans les mouvements de résistance nationalistes, aussi bien laïques que religieux. Parmi eux, la Tchétchénie, la Turquie avec le mouvement indépendantiste kurde, la guerre civile libanaise ou encore le conflit israélo-palestinien.

Jihad : pourquoi les femmes, aujourd'hui, s'engagent-elles ?
Quels intérêts ?

L'intégration des femmes dans ces mouvements s'est opérée parce qu'elles étaient volontaires, mais aussi parce que les mouvements auxquels elles adhéraient y trouvaient leurs intérêts. Leur présence était précieuse, car insoupçonnable pour l'adversaire. Du côté des jihadistes engagés en Syrie, la même question se pose. Quels intérêts ont-ils à voir ces femmes arriver, seules ou avec enfants, en Syrie, un pays pourtant en proie à de violents conflits ? Pour Mathieu Guidère, la présence des femmes sert à légitimer leur combat. "L'intérêt pour les jihadistes est de montrer que leur combat est juste. Tellement juste que des femmes qui, normalement ne sont pas attendues là, viennent rejoindre les rangs spontanément. Il y a donc un objectif de propagande très important. Cela permet de légitimer encore plus le combat, de dire : 'regardez, on n'est pas des fous, il y a des gens tout à fait raisonnables, des femmes et des jeunes femmes qui viennent spontanément, sans qu'on les y oblige, sans qu'on les enlève, sans qu'on leur fasse de problèmes'", explique-t-il.

Les femmes sont aussi là pour remonter le moral des troupes : "il est beaucoup plus motivant pour les combattants sur le terrain d'avoir des femmes en soutien. C'est vraiment utile. Un homme ne se bat pas de la même façon quand il y a une femme, une soeur en islam ("okhti"), à protéger contre le viol ou l'assassinat, et quand ils savent qu'elles peuvent s'occuper d'eux, les soigner s'ils sont blessés. Il y a à la fois un aspect pratique, psychologique et politique", ajoute le spécialiste. Sur place, les femmes sont cantonnées à un rôle traditionnel. Même si elles reçoivent une formation militaire, elles ne combattent pas. L'entraînement leur sert uniquement en cas de danger. Le reste du temps, elles sont chargées de s'occuper des tâches ménagères, de tenir la maison et d'élever les enfants dans "l'amour du jihad", pour qu'ils deviennent de futurs combattants.

Le jihad familial, c'est-à-dire l'arrivée en Syrie avec femmes et enfants, est une nouveauté. Les femmes jouent un rôle-clé de par leur nature biologique : elles serviraient à une implantation durable. "A partir du moment où vous faites venir femmes et enfants, cela suppose que vous vous installez. On n'est plus dans un État transitoire. On est bien sûr toujours dans une guerre ou une revendication, mais si vous fondez des familles sur un territoire, il y a l'idée de rester, de pérenniser ce projet, de fonder cet État islamique tellement désiré", conçoit Géraldine Casutt. Cette hypothèse est plausible. Fin juillet, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, proche de l'opposition syrienne, rapportait que l’État islamique ouvrait une agence matrimoniale dans la ville syrienne d'Al-Bab (province d'Alep). Les candidates au jihad ne peuvent pas se rendre seules en Syrie. Les femmes doivent être mariées ou obtenir une promesse de mariage d'un jihadiste. Contrairement aux hommes jihadistes, la quasi-majorité des femmes se rendent en Syrie dans une perspective non-retour. En partant, elles opèrent leur "hijra", l'émigration en terre d'islam, la Syrie, idéale pour elle (cf Encadré).

Si ces femmes, désormais, adhèrent aussi au jihad en Syrie, c'est qu'elles trouvent, elles aussi, "leur intérêt". "Chez ces femmes, il y a l'idée de retrouver une certaine dignité, qu'elles ressentent comme étant bafouée dans les sociétés occidentales et plus largement "mécréantes". Elles estiment qu'elles n'auront obtenu gain de cause qu'une fois dans une société musulmane intégrale, où non seulement leur dignité sera rétablie, mais aussi l'honneur de toute la communauté musulmane (…) Elles essaient de s'approcher au plus près de leur idéal féminin musulman : une femme pieuse, épouse d'un mari pieux, mère de futurs enfants pieux. Sur terre, elles entendent contribuer à l'établissement de cette société musulmane idéale, où elles pourraient être enfin libres et non plus oppressées par des valeurs auxquelles elles n'adhèrent pas ou plus", conclu Géraldine Casutt. 

Qu'est-ce que l' “hijra“ ?

La "hijra" (ou "Hégire" en français) désigne dans l’Histoire de l’islam, le départ de Mahomet et de ses compagnons de La Mecque où ils étaient persécutés, à la ville de Medine où ils ont pu fonder leur communauté. Sa date, fixée par le premier calife Abû Bakr au 16 juillet 622, marque le début de l’ère musulmane et de son calendrier.

On appelle aussi "hijra" l’expatriation des musulmans qui, à l’imitation de Mahomet, quittent un territoire hostile pour une région où ils s’établissent et d’où ils reviennent ensuite en triomphateurs. Pour certains musulmans, dont les jihadistes, faire la "hijra" participe à cette imitation du Prophète de partir d’un endroit où ils ne pouvaient pas pratiquer leur religion (aujourd’hui, par extension, des pays qui ne sont pas musulmans comme l’Europe) vers un pays régi par les lois islamiques ou du moins culturellement plus musulman que le pays délaissé. Selon Géraldine Casutt, l’idée de retour n'est pas prépondérante chez la majorité des musulmans qui partent.

Source : Vocabulaire de l’islam, par Dominique Sourdel et Janine Sourdel-Thomine, collection "Que sais-je", Presses Universitaires de France, Paris, 2002.

Un Jihad “facile“ et “accessible“ à tous

Une géographie avantageuse
    => La Syrie est facilement accessible par des pays voisins.
Le pays jouxte de nombreux pays aux frontières poreuses : Irak, Liban, Jordanie et surtout la Turquie. L'exemple turque.

TURQUIE : Un pays accessible et des frontières poreuses.
- Le pays soutient la rébellion contre Bachar el-Bachar, les combattants viennent s'y soigner régulièrement.
- Pays ayant une longue frontière et plusieurs points de passage avec la Syrie.
- Le pays reçoit toute l'année de nombreuses touristes. Donc pour entrer en territoire turque, seul le passeport est requis. Un visa n'est pas demandé.

    => Une région surtout accessible aux occidentaux. L'exemple français.
- Le Moyen-Orient, en particulier la Syrie et la Turquie, se situent à la limite de l'espace Schengen.
- Depuis janvier 2013, les mineures français peuvent quitter l'Hexagone sans autorisation de sortie du territoire par les parents. Autrefois réglementé, le voyage des mineures à l'étranger a été assouplie par la circulaire du 20 novembre 2012.
- Pour les femmes, pas besoin non plus d'autorisation pour sortir du pays, ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays.

    => Et pour les autres provenant des autres pays ?
- Mise en place de réseaux et de cellules jihadistes chargés d'envoyer des candidats en Syrie.
- Les femmes toujours accompagnées quand elles vont là-bas.
- Sur place en Syrie, constitution de réseaux et de communautés en fonction des nationalités qui facilitent l'intégration des candidats.


L'avènement des réseaux sociaux
    => Plateforme de rencontre
    => Lieu de communication : Les candidats sur place propose des conseils pour s'y rendre, d'autres se rencontrent et finissent par se marier religieusement sur place, d'autres jouent le rôle d'entremetteurs, etc.
    => Lieu de médiatisation du phénomène : les groupes et comptes Facebook dédié au jihad, ou l'effigie de l’État islamique, pullulent sur les réseaux sociaux. En tête de podium, Facebook, puis Twitter et enfin Instagram. Les jihadistes français par exemple, postent photos et vidéos d'eux ou de leurs "exploits" militaires en Syrie.
    => Lieu de propagande : photos et vidéos des candidats rendus sur place d'un côté, ajouté aux nombreuses vidéos et document écrit de propagande, édité, traduit et sous-titré en plusieurs langue.
    => Lieu de conversion solitaire : à partir de vidéos éditées en général par des fondamentalistes relatant des passages du Coran.
    => Génération 2.0 : cette génération a grandi durant les années 2000, avec les images du World Trade Center et de Ben Laden, dont ses vidéos de prêches sur internet ont "bercé" l'enfance de ces jeunes.

(Source : David Thomson, "Les jihadistes français", Les Arènes, 2014, Paris)