JO 2024 : Alice Milliat, au "Panthéon du sport féminin"

Alice Milliat fut l'une des premières à vouloir mettre le sport féminin au même rang que celui des hommes. Alors que pour la première fois dans l'histoire olympique, les JO 2024 accueilleront autant de femmes que d'hommes, il semble essentiel de rendre hommage au long combat mené par cette pionnière. 

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Alice Milliat, née le 5 mai 1884 à Nantes et décédée le 19 mai 1957 à Paris, est la première dirigeante du sport féminin mondial. Sportive, elle pratique l'aviron à haut niveau.
©Fondation Alice Milliat
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On peut d'une seule voix lui dire merci ! Les JO 2024 seront les premiers jeux olympique paritaires, enfin ! Alice Milliat ne pouvait pas rêver plus beau cadeau d'anniversaire alors que l'on célèbre les 140 ans de sa naissance.

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Les femmes athlètes du monde entier lui doivent beaucoup, peut-être sans le savoir ni connaitre son nom. Institutrice, elle était aussi nageuse, hockeyeuse et rameuse. Une compétitrice dans l'âme, sur l'eau ou la glace mais aussi et surtout sur le terrain de l'égalité pour les femmes dans le sport. Tout au long de sa carrière, elle s'est battue pour que les femmes puissent participer aux JO. Elle y parviendra et créera la Fédération sportive féminine internationale et les Jeux féminins. 

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Première dirigeante du sport féminin mondial

Née le 5 mai 1884 à Nantes et décédée le 19 mai 1957 à Paris, Alice Milliat a été la première dirigeante du sport féminin mondial. Sportive, elle pratique l'aviron à haut niveau. Elle devient Présidente du club Fémina-Sport en 1915 et fait partie des fondatrices de la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France en 1917. Elle en deviendra d'ailleurs la Présidente dès 1919. Devant l’immobilisme des fédérations sportives à inclure des femmes dans le monde du sport, Alice Milliat voit plus grand et fonde en 1921 la Fédération sportive féminine internationale.

Le sport féminin a sa place dans la vie sociale au même titre que le sport masculin.
Alice Milliat, 15 mai 1917

Alice Milliat s'est notamment opposée au fondateur des JO modernes Pierre de Coubertin, qui déclarait un an encore avant sa mort en 1937: "le seul véritable héros olympique c'est l'adulte mâle individuel. Par conséquent, ni femme, ni sport d'équipe".

Devant les multiples refus du Comité International Olympique (CIO) d'intégrer les athlètes féminines aux compétitions, elle décide d'organiser des compétitions réservées aux femmes. Le premier meeting international féminin a lieu à Monte-Carlo en 1921 et la première édition des Jeux Mondiaux Féminins à Paris en 1922, nommés à l’époque les Jeux Olympiques Féminins.
 

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Alice Milliat, seule femme entourée d'hommes ... Ici, dans le jury des épreuves d’athlétismes aux Jeux Olympiques d’Amsterdam en 1928.
©Fondation Alice Milliat

1928 : premières femmes aux JO

Il faudra attendre la démission de Pierre de Coubertin en 1925 pour obtenir une véritable avancée. Le succès de ces "Jeux Olympiques Féminins" est tel que le CIO autorise enfin les femmes à concourir dans le sport roi de l’olympisme moderne : l’athlétisme. Les premières femmes athlètes y participeront à partir des Jeux Olympiques d’Amsterdam en 1928. Alice Milliat sera d’ailleurs invitée au jury des épreuves d’athlétisme de ces Jeux ; seule femme entourée de nombreux dirigeants masculins. Quatre autres jeux mondiaux ont été organisés entre 1926 et 1934. A Londres en 1934, l’événement attire plus de 6000 spectateurs chaque jour.

Bien que le CIO accepte d’organiser des compétitions féminines, il en profite également pour les mettre sous tutelle de fédérations dirigées par des hommes. La Fédération sportive féminine internationale est par exemple absorbée par la Fédération internationale d’athlétisme et s’éteint. Alice Milliat se retire alors mais nous laisse un profond héritage, fondateur du sport féminin.

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La statue d'Alice Milliat, à gauche, trône désormais non loin de celle de Pierre de Coubertin, à droite, dans le hall de la Maison du Sport, au stade Charletty à Paris. 
©Fondation Alice Milliat

"La Olympe de Gouges du sport français"

Comme un pied de nez à l'Histoire, une statue représentant cette héroïne a été érigée non loin de celle de Pierre de Coubertin, à la Maison du sport français, à Paris, le 8 mars 2021.

Haute de 2,85 m, elle a été conçue par les étudiants du parcours matériaux laque de l'ENSAAMA (Ecole nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art). 

"C'est un peu la Olympe de Gouges du sport français", a glissé le ministre des sports de l'époque Jean-Michel Blanquer. Roxana Maracineanu a salué de son côté "la militante d'une cause juste et salutaire, celle de donner aux femmes le droit de faire un sport". "Depuis Alice et grâce à Alice nous avons fait beaucoup de chemin mais il en reste encore à parcourir pour que les femmes prennent enfin toute leur place dans le monde sportif", a-t-elle ajouté. 

"C'est un acte fort pour marquer la symbolique politique de présence des femmes au sein de la Maison du sport français", a estimé Emmanuelle Bonnet-Oulaldj, présidente de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).  "Je suis très fière d'avoir proposé ce projet sur une idée initiale de Béatrice Barbusse (qui fut la première femme à avoir été présidente d'un club professionnel masculin, Ivry Handball, ndlr)", a-t-elle ajouté .

Au Panthéon du sport féminin

Dans une lettre lui rendant hommage publiée sur le site Les Sportives, Béatrice Barbusse, qui fut donc l'initiatrice de ce projet, écrit : "Alice, comme tant d’autres vous avez été pendant un siècle une femme totalement invisibilisée et à qui pourtant toutes les sportives doivent tant … Alors en 2014 lors de la première édition des « 24h du sport féminin » initiée par le CSA, la tentation de demander officiellement votre entrée au CNOSF était trop belle. En vain… Et aujourd’hui 7 ans après, le temps est enfin venu de réparer les dénis du passé et de vous faire entrer définitivement dans le panthéon du sport français. Une reconnaissance symbolique tellement méritée et légitime pour celle qui nous a montré la voie, pour vous Alice."

Bornons-nous à constater que l’opposition masculine vient d’un vieil esprit de domination, du désir de tenir toujours les femmes en tutelle, de la crainte de les voir devenir autre chose que des objets utiles ou agréables à l’homme. Alice Milliat, en 1924

Et de citer Alice qui en 1924 dans le journal L’Auto écrivait : "Bornons-nous à constater que l’opposition masculine vient d’un vieil esprit de domination, du désir de tenir toujours les femmes en tutelle, de la crainte de les voir devenir autre chose que des objets utiles ou agréables à l’homme." 

Béatrice Barbusse conclut ainsi : "Vous savez, on entend encore de nombreuses billevesées à propos des femmes dans le sport. Mais vous nous avez montré la voie et plus personne ne pourra l’ignorer maintenant…Vous pouvez reposer en paix définitivement dorénavant, la relève est prête !"

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