Fil d'Ariane
My hubby @MrBrendanCox & children taking part in the battle of the #Thames - because we're #StrongerIn #Remain pic.twitter.com/6JNMnQ4Zfg
— Jo Cox MP (@Jo_Cox1) 15 juin 2016
Mon passage à Cambridge m'a donné des coups sur la tête
Jo Fox, décembre 2015
Elle allait avoir 42 ans dans trois jours. Elle était née dans cette région dont elle deviendrait une élue prometteuse. Sa mère travaillait comme secrétaire dans une école, son père comme employé dans une usine de pâte dentifrice et de laque pour cheveux. Des origines dont elle était fière, et une appartenance de classe qui se fit sentir quand elle intégra la prestigieuse université de Cambridge, plus ouverte à l'élite qu'aux élèves issus du "peuple".
"Je n'ai pas grandi avec l'idée de me lancer en politique ou au parti travailliste. Ce genre de choses est venu quand j'étais à Cambridge, où j'ai réalisé que là où vous étiez née comptait, que la façon dont vous parliez comptait, que vos relations comptaient. Or, je ne m'exprimais pas de la bonne façon ni ne fréquentais les bonnes personnes. Je passais mes été à emballer les pâtes dentifrice dans l'usine où travaillait mon père. Pour être honnête, mon expérience à Cambridge m'a donné des coups sur la tête pendant environ cinq ans." confiait-elle au Yorkshire Post, en décembre 2015, un entretien que le quotidien a remis en ligne au lendemain de sa mort.
Une expérience éprouvante dont elle remarquait avec humour, qu'elle lui avait permis de faire de son entrée à Westminster "une promenade dans un parc".
Son passage à l'organisation internationale Oxfam, dans l'action humanitaire, l'avait aussi armée pour le combat politique, et se sentait en permanence dans ses engagements auprès des Syriens, des migrants, ou même des Palestiniens. "Ce travail m'a donné le socle de celui que je mène aujourd'hui pour la Syrie. Je me suis retrouvée dans des situations horribles où des femmes, comme au Darfour, avaient été violées de façon répétée, avec des enfants en Ouganda, auxquels on avait fourni des Kalashnikovs et qui avaient tué des membres de leur famille. .. Et ce genre de choses m'a amenée à comprendre que si vous ignorez un problème, il devient encore pire."
Cette expérience l'avait décidée à s'abstenir au sujet des bombardements en Syrie. Et à espérer que la diplomatie britannique devienne pionnière : "au sujet de la crise humanitaire des réfugiés, les gens me disent que le Royaume Uni est membre du Conseil de sécurité, membre de l'Union européenne, un membre influent de l'Otan, et que donc nous pourrions faire la différence, et ce qu'ils veulent, c'est que nous agissions."
Son ancien employeur lui rend hommage sur les réseaux sociaux : 'Tout Oxfam est dévasté par la perte de notre collègue tant aimée et admirée".
All @oxfamgb are devastated at the loss of our much loved and admired former @Oxfam colleague Jo Cox MP. Deep condolences to Jo's family
— Oxfam (@oxfamgb) 16 juin 2016
Depuis des semaines, celle qui avait pris le parti de Jeremy Corbin, trop à gauche pour certains, combattait les partisans de la sortie du Brexit, en particulier sur le thème de l'immigration. Pour son premier discours à Westminster après son élection en mai 2015 dans la circonscription de Batley et Spen, elle avait fait l'éloge de l'immigration, facteur selon elle "d'amélioration" des communautés locales.
Outre la campagne contre le Brexit qu'elle menait avec ardeur, les jours précédant sa mort elle travaillait à un rapport sur la progression de l'islamophobie en Grande Bretagne, en particulier envers les jeunes femmes de sa circonscription.
La haine n’a pas de principe, de race ou de religion, elle est un poison
Brendan Cox
Jo Cox était mariée et mère de deux jeunes enfants. Son mari, Brendan Cox, engagé à ses côtés, était lui aussi travailleur de l'humanitaire. Il a adressé ce message après l'assassinat de sa compagne :
"Aujourd’hui est le commencement d’un nouveau chapitre dans nos vies. Plus difficile, plus douloureux, moins joyeux, mois remplis d’amour.
Moi et la famille de Jo allons nous atteler à chaque instant à aimer et élever nos enfants et à combattre la haine qui l’a tuée. Jo croyait en un monde meilleur et s’est battue pour cela chaque jour de sa vie avec une énergie, une joie de vivre qui auraient épuisé la plupart des gens.
Elle aurait voulu absolument deux choses, en cet instant : un, que nos enfants soient entourés d’amour, et deux, que nous nous unissions tous pour combattre la haine qui l’a tuée. La haine n’a pas de principe, de race ou de religion, elle est un poison.
Jo n’aurait pas de regret sur sa vie. Elle a vécu chaque jour comme si c’était le dernier. "
— Brendan Cox (@MrBrendanCox) 16 juin 2016