JO de Londres : la discrimination des femmes toujours d'actualité

Au début, en 1896 date de la première édition, les femmes étaient exclues des Jeux olympiques, à l'exception de certaines disciplines secondaires. Les JO ont bien évolué depuis. Mais la Ligue du droit international des femmes dénonce des régressions cautionnées par le Comité olympique.
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JO de Londres : la discrimination des femmes toujours d'actualité
La Russe Olga Kaniskina remporte la médaille d'or du 20km marche femmes aux JO de Pékin (AFP)
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Linda Weil-Curiel ne fait pas dans la dentelle. : "Quand il n’y a pas de Noirs tout le monde s’en offusque mais quand il s’agit des femmes…" Cette avocate au barreau de Paris, secrétaire Générale de la Ligue du droit International des Femmes, fait référence aux JO du début des années 90. C’est la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Ce pays, longtemps banni des jeux, peut enfin réintégrer la compétition, les Noirs sont les bienvenus dans sa délégation. Au même moment, 35 pays excluent les femmes des festivités.  

C’est à cette époque là que commence la mobilisation de la Ligue du droit international des femmes, créée par Simone de Beauvoir en 1983, pour combattre cette tendance. La LDIF ne demande qu’une chose, le respect de la charte olympique. "Toute forme de discrimination à l’égard d’un pays ou d’une personne fondée sur des considérations de race, de religion, de politique, de sexe ou autres est incompatible avec l’appartenance au Mouvement olympique", peut-on lire.  Le Comité olympique promet par ailleurs "d’encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport, à tous les niveaux et dans toutes les structures, dans le but de mettre en œuvre le principe de l’égalité entre hommes et femmes". Des promesses qui ne sont pas toujours tenues.

“Nous dénonçons l’hypocrisie du Comité olympique“

“Nous dénonçons l’hypocrisie du Comité olympique“
Rakia al-Gassra, envoyée par la délégation de Bahrein aux JO de Pékin en 2008.
En faisant pression sur les autorités olympiques la ligue a obtenu d’énormes avancées. La boxe féminine fera son entrée cette année (en 2012) dans la compétition. Et le nombre de femmes qui participent aux compétitions a augmenté. En 1992, elles représentaient 29% des participants. En 2008, lors des JO de Pékin, elles avaient atteint 42% des sportifs. C’est cette même année que la LDIF a constaté un phénomène récurrent : "14 délégations comportaient des femmes voilées : une athlète bahreïnie a couru l’épreuve du 400 mètres emmaillotée, affichant ouvertement, par sa tenue, une posture politico-religieuse". Les tenues islamiques ont fait leur apparition dans les stades des JO dès 1996.  

La démonstration de propagande politique, religieuse ou raciale est proscrite par le mouvement olympique. Mais ces femmes peuvent, avec l’aval du CO, afficher leur religion. Un comportement que la Ligue dénonce farouchement : "Nous nous battons pour le respect de la neutralité dans le sport, la laïcité. Or, des pays islamiques (le Brunei par exemple) envoient des femmes à conditions qu’elles portent des vêtement 'islamiquement correctes'. Ceci va à l’encontre des principes des Jeux Olympiques. C’est une façon d’introduire une discrimination. On ne voit pas ces femmes comme des athlètes mais comme des musulmanes. Selon l’article 51 de la charte, on doit respecter la neutralité politique et religieuse. En couvrant ces femmes de la tête aux pieds, on viole complétement ces règles. Le Comité olympique cède sous l’influence des pays islamiques qui ont l’argent pour faire pression. Nous dénonçons l’hypocrisie du comité".

La boxe féminine aux JO de Londres

La boxe féminine nouvelle discipline aux Jeux... par BFMTV

Le Comité olympique joue à l'inclusion

Le Comité olympique joue à l'inclusion
L'équipe iranienne de football joue couverte de la tête aux pieds. (AFP)
Pour justifier les entorses faites à la charte, le Comité olympique se dit « inclusif », un mot venu de l'anglais : les Olympiades sont prêtes à accepter le voile si cela permet aux femmes de faire du sport. Mais la LDIF ne veut faire pas de concessions : "Le sport féminin est en danger, l’équipe féminine de foot de l’Iran a le droit de porter le voile". Début mars, l’organe qui régule le football en Grande-Bretagne a donné un accord au port de voile pour les joueuses de football dans les compétitions organisées par la Fifa.  

La ligue des droits des femmes a lancé une pétition pour se battre contre ce qu’elle considère une régression : "justice pour les femmes aux JO de Londres!".  La pétition ne fait pas que des adeptes. L’association a été traitée d’islamophobe. Linda Weil-Curiel s’en défend. "Nous sommes soutenus par des femmes musulmanes comme la réalisatrice Nadia El Fani ou la boxeuse Sarah Ourahmoune."

Enterrer la charte olympique

Dans sa pétition, la ligue souhaite que le Comité olympique refuse la participation des pays qui excluent les femmes. Mais elle ne se résume pas qu’à la question des tenues "islamiquement correctes".  Elle exige la parité.  Les femmes restent minoritaires dans les instances dirigeantes de la famille olympique. La médaille d’or du vainqueur du marathon n’est décerné qu’à un homme, la gagnante du côté des femmes attend encore son prix.    

Deux jours avant l’ouverture officielle des JO, la Ligue du droit international des femmes a prévu de faire une cérémonie à Londres pour enterrer la charte olympique.    

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