Fil d'Ariane
Et voilà une femme de plus ! Joe Biden avait marqué fort les esprits en annonçant dès sa campagne électorale le choix d'une femme, Kamala Harris, pour vice-présidente s'il était élu. Une première historique. Le président américain tient ses promesses et va même au-delà des espérances en s'entourant de nombreuses femmes pour gouverner, des femmes issues de la diversité qui plus est. Katherine Tai est donc la dernière à avoir été choisie dans ce casting féminin.
Cette avocate de 46 ans qui remplacera Robert Lighthizer au poste influent de représentant au Commerce, connaît bien le ministère qui l'attend: elle a défendu les Etats-Unis devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour les désaccords face à la Chine pendant sept ans, sous l'administration Obama.
Diplômée des universités de Yale et Harvard, où elle a étudié l’histoire, puis le droit, elle a aussi arpenté les couloirs de la Chambre des représentants, où elle était avocate commerciale pour la Commission des voies et moyens. Elle connaît donc bien les difficultés de l'adoption d'une loi dans un Congrès divisé, comme cela sera probablement le cas sous Biden. Elle a d'ailleurs joué un rôle clé dans l'élaboration du nouvel accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique, qui a remplacé l’ALENA. Les règles pour le travail et pour l’environnement qu’elle a négociées dans l’accord pourrait servir de base pour de futurs accords commerciaux. Son travail, reconnu et salué, lui a même valu d'être recommandée à Joe Biden par des élus des deux partis, impressionnés par son travail, comme le rapportent plusieurs médias américains.
Katherine Tai parle le mandarin couramment. Elle est la première génération de sa famille à être née aux Etats-Unis. Elle a également enseigné pendant deux ans l’anglais à l’université Sun Yat-sen de Guangzhou (Canton), une ville portuaire au nord-est de Hong-Kong.
Avec le choix d'une femme d'origine taïwanaise, Joe Biden continue à placer des femmes et des personnes issues de minorités à des postes clé de son gouvernement.
Le 30 novembre, Joe Biden confirmait la nomination de Janet Yellen, qui deviendra, à 74 ans, la première femme à diriger le Trésor américain. Dans une équipe qui fait place à la diversité, il a aussi nommé Neera Tanden, une femme d'origine indienne, pour diriger le Bureau de la gestion et du budget. Ancienne conseillère d'Hillary Clinton pendant la campagne de 2016, cette nomination, qui ne fait pas l'unanimité parmi les démocrates les plus progressistes, pourrait néammoins être bloquée au Sénat, des républicains ayant déjà fait savoir qu'ils y étaient opposés.
Parmi les autres nominations, à noter celle de Cecilia Rouse, pour prendre la tête du Conseil des conseillers économiques du président, agence au sein de la Maison Blanche chargée d'aider à élaborer la politique économique nationale et internationale. Là encore, une nomination inédite, relève Joe Biden : "Elle deviendra la première Afro-Américaine et seulement la quatrième femme à diriger ce Conseil en 74 ans d'existence." Elle sera accompagnée d'une autre femme, Heather Boushey, qualifiée d'"économiste éminente" dont les travaux de recherches ont été centrés sur les inégalités économiques, qui sera également membre de cet organisme.
Enfin, c'est aussi une équipe 100% féminine qui a pris les commandes de la communication de la Maison Blanche.
Lire notre article ici >Etats-Unis : des femmes à la communication de la Maison Blanche
"J'ai eu plus d'appels pour me féliciter de cette nomination que vous ne pourriez l'imaginer", a dit le président élu à propos de Katherine Tai lors de la présentation des derniers membres nommés de son futur cabinet.
Ce choix "est une victoire éclatante pour nos familles et nos communautés", a même salué Richard Trumka, chef de l'AFL-CIO (la plus grande fédération américaine de syndicats, NDLR). "Tout le monde, des milieux d'affaires aux think tanks progressistes en passant par l'AFL-CIO applaudit sa nomination", a déclaré Jake Colvin, vice-président du National Foreign Trade Council, qui représente les exportateurs.
Katherine Tai a assuré qu'elle serait "une défenseure des travailleurs américains", soulignant que le commerce n'est "pas une fin en soi, c'est un moyen de créer plus d'espoir et d'opportunités pour les gens". "J'ai hâte d'exploiter la puissance de nos relations commerciales pour aider les communautés à se sortir de la crise actuelle", a-t-elle déclaré.
La nouvelle ministre du commerce de Biden devrait être Katerine Tai. Certes, elle devra racommoder les liens avec l'Europe. Mais le fait qu'elle soit bilingue en mandarin ne doit pas être un hasard...https://t.co/0hovJJFrFY
— Chris Chavagneux (@ChrisChavagneux) December 11, 2020
Le soutien des démocrates progressistes à Katherine Tai pourrait bien diminuer, à mesure qu'avanceront les négociations d'accords commerciaux, prévient Bill Reinsch, du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS). "Personne n'obtient 100% de ce qu'il demande" dans ces discussions, avertit-il.
L'équipe de Joe Biden aura du pain sur la planche, et va notamment devoir décider du maintien ou non des droits de douane supplémentaires imposés par l'administration Trump sur les produits chinois. La guerre commerciale sino-américaine a abouti, en janvier dernier, à la signature d'un accord commercial entre les deux pays, et la nouvelle administration va hériter de la mission de s'assurer que Pékin respecte ses engagements.
"Katherine Tai devra s’attaquer aux dossiers non traités lors de l’armistice commercial sino-américain signé début 2020 : les transferts de technologies forcés, les subventions aux entreprises chinoises. Joe Biden a d’ores et déjà indiqué qu’il comptait utiliser l’arme des droits de l’homme, à Hongkong et en riposte à la répression des Ouïghours, mais aussi celle du climat, pour contrer le dumping environnemental allégué des industriels chinois.", indique Le Monde.
Selon le site Politico, la future cheffe du commerce international américain est considérée comme une négociatrice qualifiée, et "possède une expertise qui peut aider les Etats-Unis à affronter Pékin sur des questions telles que le travail forcé et les droits de propriété intellectuelle tout en préservant une relation commerciale efficace entre les deux plus grandes économies du monde".
Katherine Tai n’en est pas à son premier coup d’essai en politique commerciale. Diplômée des prestigieuses universités de #Yale et de #Harvard, elle a défendu les Etats-Unis devant l’OMC, face à la #Chine pendant sept ans, sous la présidence de Barak #Obama. https://t.co/1zDAvzJzBf
— Denis Kassim (@deniskassim) December 14, 2020