Joséphine avait sorti ses ciseaux, ses peignes et ses pinceaux le 16 juin, à la station Jaurès du métro parisien. Le but ? Sensibiliser le grand public à ses actions : proposer des coupes et des soins de beauté à petits prix. Une action à destination des femmes qui ont perdu confiance en elles et estime de soi. Mais ce matin là, ce sont surtout des touristes qui profitent des soins prodigués par les bénévoles. Habituellement, celles qui viennent au salon ont été envoyées par leur assistante sociale et sont 70% à toucher le RSA. Ce sont aussi des étudiantes pauvres, des mineures sous protection policière, des femmes victimes de violences, des mères débordées qui ne se regardent plus dans la glace depuis bien longtemps. L’argent et le temps manquent parfois pour s’octroyer des soins.
"Pour certaines, cela fait des années qu’elles ne se sont pas fait coiffer. Et tous les mois, il y a des "baptêmes de coiffure professionnelle", c’est à dire des femmes qui se sont toujours fait couper les cheveux par leur amie, leur mère, leur sœur, et n’ont jamais mis les pieds dans un salon", souligne Jean-Charles Aponte directeur des salons.
Joséphine leur offre donc un moment de détente. Trois euros pour une coupe, un euro pour un soin de beauté (masque, épilation, manucure). "Ces soins leur permettent d’oublier pendant un moment leur soucis", ajoute t-il.
L’objectif n’a rien de superficiel. "Joséphine est bien plus qu’un salon de coiffure !" écrit
Lucia Iraci, à l’origine de cette initiative (voir encadré). L’association aide aussi ses clientes dans la recherche d’emploi, comme Nadine, qui se rend au salon de Barbès pour la première fois. Elle a décidé de se faire couper les cheveux pour être plus présentable lors des entretiens d’embauche, même si elle est un peu abattue. "Je n’espère plus grand chose. Je travaille dans le secrétariat et on me dit non à chaque fois, car j’approche de la cinquantaine. Il faut avoir moins de 35 ans pour être embauchée", raconte t-elle les larmes aux yeux. Aujourd’hui, “l’apparence compte beaucoup, à 93%” dit-elle avoir lu dans un livre.