Polyglotte à l’extrême, elle parle sept langues : Français, Arménien, Anglais, Arabe, Italien, Allemand, Espagnol. A 43 ans,
Joumana Haddad peut se targuer de n’avoir jamais vécu ailleurs qu’au pays du Cèdre et de ne laisser personne insensible. Ses compatriotes, bien souvent, l’adorent ou la détestent. Avec ses livres et ses tribunes, publiées en arabe dans le journal libanais
An-Nahar et en anglais sur le site internet
Now Lebanon, Joumana Haddad bouscule, interroge, énerve. Le tout avec la profonde certitude de tracer son chemin, de carrefour en carrefour.
Dans la vie de cette femme libre, un homme : son père. Un employé d’imprimerie qui lui a donné le goût de la lecture, lui qui lisait même à table. "J’étais une bonne petite fille avec ses accès de révolte. Un volcan qui préparait son éruption", raconte-t-elle. "Dans ma tête, j’attendais le moment d’exploser". Une éducation très stricte, une école religieuse, une grand-mère arménienne qui se suicide quand elle a sept ans… Et à douze ans, son premier poème, intitulé "Liberté". Inspiré de
celui de Paul Eluard, chantre de la Résistance.
"Les livres m’ont sauvé la vie" assène-t-elle. Des ouvrages parsemant son enfance de rêves au milieu des peurs et des restrictions de la guerre civile. Au sein d’une famille modeste, elle observe les "rapports pas très tranquilles" de ses parents et murmure : "Ce n’était pas ce qu’on peut appeler une enfance joyeuse. Alors les livres sont devenus un moyen de vivre tout ce que je ne pouvais pas vivre dans la vraie vie".