Fil d'Ariane
Maxine Bredt était l’une de ces Canadiennes enrôlées dans l’armée en tant qu’infirmière. Née en Colombie-Britannique, elle est devenue infirmière au Victoria’s Royal Jubilee Hospital. Elle s’est jointe au Corps de santé royal canadien des Forces armées canadiennes et est devenue Lieutenante infirmière faisant ainsi partie des quelques 4800 infirmières militaires du Canada de 1944 à 1946. Elle a débarqué en Angleterre quelques jours avant le Jour J, celui du Débarquement, le 6 juin 1944.
Ses années de service durant la Deuxième Guerre mondiale l’ont amené en Italie et en Angleterre où elle a pu soigner les troupes alliées en tant qu'infirmière en chirurgie sur les champs de bataille les plus hostiles d'Europe.
"Ce furent de féroces combats et des milliers de Canadiens y ont perdu la vie", se souvient Maxine. Les amputations, les grands brûlés, elle n’a, depuis, jamais oublié tous ces blessés qu’elle a soignés et tout ce qu’elle a vécu en Angleterre et en Italie.
Aujourd'hui centenaire, Maxine Bredt consacre temps et énergie à tenir compagnie à des anciens combattants. Pour elle, les anciens combattants sont bien plus que de simples patients, elle les considère comme sa famille. Depuis 13 ans, elle rend visite à un ancien combattant dont elle est la seule source de compagnie.
Depuis quelques années, elle participe également au service qui a lieu à l'Église unie de Hudson, le jour du Souvenir. Elle y récite d'ailleurs souvent "Au champ d'honneur", l'un des points marquants de la cérémonie.
En plus des nombreuses distinctions militaires pour son service héroïque, de la Mention élogieuse du ministre des Anciens Combattants et de la Médaille du Lieutenant-gouverneur, cette ancienne combattante a été honorée par le pape Jean XXIII en 1959. Elle a reçu les médailles du Jubilé d'or et de diamant de la Reine et a été invitée à prendre part aux cérémonies commémoratives de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale à travers l'Europe.
Préparation de colis pour les soldats sur le front, tricotage de chandails, d’écharpes, de chaussettes, collecte de fonds via la vente de timbres d’épargne de guerre, autant d’activités bénévoles pour soutenir les troupes que les Canadiennes ont assumées durant les deux guerres. De 1914 à 1918, puis de 1939 à 1945, les femmes participaient elles-aussi à leur manière à l'effort de guerre. La vente de ces timbres, qui coûtait 25 cents, a notamment permis de récolter 318 millions de dollars canadiens à la fin de la campagne de levée de fonds.
Elles ont été plus de 50 000 à servir au sein de l’armée canadienne durant les guerres de 14-18 et 39-45. Durant la première guerre mondiale, seules les infirmières étaient recrutées, elles ont été 3000. En revanche, pendant la guerre de 39-45, elles ont pu servir au sein des différents corps de l’armée canadienne, certaines faisaient même partie des gradés.
Il y a aussi eu des femmes photographes de guerre, conductrices de camion, sténographes, contrôleuses aériennes et musiciennes – un premier régiment de cornemuses féminin a vu le jour en 1942.
Pendant que des femmes s’enrôlaient dans l’armée et partaient pour l’Europe, celles qui restaient au pays se mettaient au travail… Le travail dans les champs et dans les fermes bien sûr mais surtout dans des usines liées à l’effort de guerre et ce, durant les deux conflits. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elles ont été plus de 300 000 à travailler dans des compagnies qui étaient liées à l’effort de guerre : fabrication de munitions, d’avions de chasse, de fusils… En Ontario, l’usine de la "Canadian Car and Foundry" de Fort William comptait 40% de femmes parmi son personnel. Elsie Gregory MacGill y était ingénieure aéronautique en chef, elle supervisait la construction d’avions.
La quasi-totalité de ces femmes ont été licenciées à la fin de la guerre, il fallait redonner du travail aux hommes qui revenaient du conflit. Mais le changement qui venait de s’amorcer était sans retour, les femmes venaient de mettre le pied sur le marché du travail, et elles allaient y retourner dans les décennies qui ont suivi. Steven Quick, le directeur du musée canadien de la guerre à Ottawa explique que "cela leur donnait l'occasion de grandir, de sortir de la maison, et ainsi de prendre un rôle stratégique dans la société. Les femmes furent changées par la guerre pour toujours."
L’exposition présente également des documents qui témoignent de l’attente et des pertes qu’ont vécues ces mères, sœurs, épouses. Lettres, télégrammes annonçant les décès, photos, autant de témoignages poignants pour illustrer l’horrible réalité de la guerre. Plus de 115 000 Canadiens ont perdu la vie dans ces deux conflits. Des histoires tragiques, comme celle de Minnie Jarvis Smith… Elle devait épouser le lieutenant Evan James après la guerre… Il lui a envoyé un morceau de dentelle en provenance d’Europe, elle a appris un mois plus tard qu’il était mort au combat. Elle a gardé ce morceau de dentelle pendant 62 ans dans une enveloppe…
Ces deux grandes guerres ont enclenché un processus irréversible et qui a provoqué l’un des plus importants changements dans nos sociétés : la femme au travail. Cette exposition rend hommage à ces héroïnes de l’ombre, toutes ces Canadiennes qui ont contribué, de près ou de loin, à l’effort de guerre de leur pays.