Jour J : les souvenirs de Maxine Bredt, infirmière de l'armée canadienne

Alors qu'en France, on commémore les 75 ans du Jour J sur les côtes normandes, retour sur le rôle des femmes pendant les grandes guerres. Exemple au Canada : tandis que les hommes partaient au front, les femmes participaient elles aussi à l’effort de guerre dans le civil, mais certaines aussi sous les drapeaux. Retrouvez le témoignage de Maxine Bredt, infirmière au sein de l'armée canadienne en 1944, recueilli par Catherine François il y a 4 ans.
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maxine juin 2019
©HistoryofNursingSociety
Maxine Bredt s’est rendue à la crête de Vimy dans le Pas-de-Calais avec d’autres anciens combattants parrainés par les Anciens Combattants Canada.
 
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Maxine Bredt
Catherine François
Maxine Bredt fut du Jour J et de la campagne d'Italie à l'été 1944. Ici photographiée par notre journaliste Catherine François lors de leur rencontre, en 2015.
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Maxine Bredt était l’une de ces Canadiennes enrôlées dans l’armée en tant qu’infirmière. Née en Colombie-Britannique, elle est devenue infirmière au Victoria’s Royal Jubilee Hospital. Elle s’est jointe au Corps de santé royal canadien des Forces armées canadiennes et est devenue Lieutenante infirmière faisant ainsi partie des quelques 4800 infirmières militaires du Canada de 1944 à 1946. Elle a débarqué en Angleterre quelques jours avant le Jour J, celui du Débarquement, le 6 juin 1944.

Maxine Bredt 2
Maxine Bredt, toujours aussi engagée et souriante.
Catherine François

Ses années de service durant la Deuxième Guerre mondiale l’ont amené en Italie et en Angleterre où elle a pu soigner les troupes alliées en tant qu'infirmière en chirurgie sur les champs de bataille les plus hostiles d'Europe.

"Ce furent de féroces combats et des milliers de Canadiens y ont perdu la vie", se souvient Maxine. Les amputations, les grands brûlés, elle n’a, depuis, jamais oublié tous ces blessés qu’elle a soignés et tout ce qu’elle a vécu en Angleterre et en Italie.

Aujourd'hui centenaire, Maxine Bredt consacre temps et énergie à tenir compagnie à des anciens combattants. Pour elle, les anciens combattants sont bien plus que de simples patients, elle les considère comme sa famille. Depuis 13 ans, elle rend visite à un ancien combattant dont elle est la seule source de compagnie.

Depuis quelques années, elle participe également au service qui a lieu à l'Église unie de Hudson, le jour du Souvenir. Elle y récite d'ailleurs souvent "Au champ d'honneur", l'un des points marquants de la cérémonie.

maxine et trudeau
Photo : Courtoisie de peter Schiefke (4 juillet 2017)

En plus des nombreuses distinctions militaires pour son service héroïque, de la Mention élogieuse du ministre des Anciens Combattants et de la Médaille du Lieutenant-gouverneur, cette ancienne combattante a été honorée par le pape Jean XXIII en 1959. Elle a reçu les médailles du Jubilé d'or et de diamant de la Reine et a été invitée à prendre part aux cérémonies commémoratives de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale à travers l'Europe.

Benévolat au service de l'armée

Préparation de colis pour les soldats sur le front, tricotage de chandails, d’écharpes, de chaussettes, collecte de fonds via la vente de timbres d’épargne de guerre, autant d’activités bénévoles pour soutenir les troupes que les Canadiennes ont assumées durant les deux guerres. De 1914 à 1918, puis de 1939 à 1945, les femmes participaient elles-aussi à leur manière à l'effort de guerre. La vente de ces timbres, qui coûtait 25 cents, a notamment permis de récolter 318 millions de dollars canadiens à la fin de la campagne de levée de fonds.

Colis 2de guerre mondiale, femmes, Canada
Des Canadiennes de la Croix rouge préparent les colis pour les appelés partis au front.
DR
Affiche Canadiennes airforce
"Elles s'engagent pour que les hommes puissent voler", proclame cette affiche pour inciter d'autres femmes à s'engager dans la Royal Candadian Air Force
Musée de la guerre à Ottawa

Elles ont été plus de 50 000 à servir au sein de l’armée canadienne durant les guerres de 14-18 et 39-45. Durant la première guerre mondiale, seules les infirmières étaient recrutées, elles ont été 3000. En revanche, pendant la guerre de 39-45, elles ont pu servir au sein des différents corps de l’armée canadienne, certaines faisaient même partie des gradés.

Il y a aussi eu des femmes photographes de guerre, conductrices de camion, sténographes, contrôleuses aériennes et musiciennes – un premier régiment de cornemuses féminin a vu le jour en 1942.

Le travail et l’émancipation

Pendant que des femmes s’enrôlaient dans l’armée et partaient pour l’Europe, celles qui restaient au pays se mettaient au travail… Le travail dans les champs et dans les fermes bien sûr mais surtout dans des usines liées à l’effort de guerre et ce, durant les deux conflits. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elles ont été plus de 300 000 à travailler dans des compagnies qui étaient liées à l’effort de guerre : fabrication de munitions, d’avions de chasse, de fusils… En Ontario, l’usine de la "Canadian Car and Foundry" de Fort William comptait 40% de femmes parmi son personnel. Elsie Gregory MacGill y était ingénieure aéronautique en chef, elle supervisait la construction d’avions.

Canadiennes au travail dans des usines de munitions
Canadiennes au travail dans des usines de munitions durant la Seconde Guerre mondiale. En remplaçant les hommes dans ces métiers masculins, elles prirent sans s'en douter le chemin de l'émancipation...
DR

La quasi-totalité de ces femmes ont été licenciées à la fin de la guerre, il fallait redonner du travail aux hommes qui revenaient du conflit. Mais le changement qui venait de s’amorcer était sans retour, les femmes venaient de mettre le pied sur le marché du travail, et elles allaient y retourner dans les décennies qui ont suivi. Steven Quick, le directeur du musée canadien de la guerre à Ottawa explique que "cela leur donnait l'occasion de grandir, de sortir de la maison, et ainsi de prendre un rôle stratégique dans la société. Les femmes furent changées par la guerre pour toujours."

L’attente

L’exposition présente également des documents qui témoignent de l’attente et des pertes qu’ont vécues ces mères, sœurs, épouses. Lettres, télégrammes annonçant les décès, photos, autant de témoignages poignants pour illustrer l’horrible réalité de la guerre. Plus de 115 000 Canadiens ont perdu la vie dans ces deux conflits. Des histoires tragiques, comme celle de Minnie Jarvis Smith… Elle devait épouser le lieutenant Evan James après la guerre… Il lui a envoyé un morceau de dentelle en provenance d’Europe, elle a appris un mois plus tard qu’il était mort au combat. Elle a gardé ce morceau de dentelle pendant 62 ans dans une enveloppe…

Carnet d'une Canadienne dans l'attente
Carnet d'une Canadienne dans l'attente du retour de son mari parti au front durant la Seconde guerre mondiale
Catherine François


Ces deux grandes guerres ont enclenché un processus irréversible et qui a provoqué l’un des plus importants changements dans nos sociétés : la femme au travail. Cette exposition rend hommage à ces héroïnes de l’ombre, toutes ces Canadiennes qui ont contribué, de près ou de loin, à l’effort de guerre de leur pays.

A revoir, en images, le reportage de Catherine François sur les Canadiennes dans la guerre au musée de la Guerre d'Ottawa

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