Journée de la Femme Digitale : "Les femmes restent sous-représentées dans le numérique"

Pour sa 5e édition, le 9 mars 2017 à Paris, la Journée de la Femme Digitale tend une fois de plus à pousser, promouvoir, attirer les femmes dans l'entrepreunariat numérique. Un secteur dans lequel elles restent trop peu nombreuses. Entretien avec l'une des fondatrices de cet événement, Delphine Remy-Boutang. 
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Delphine remy-boutang portrait terriennes
Delphine Remy-Boutang est la co-fondatrice de l'événement "Journée de la femme digitale" qui se tient le 9 mars 2017 à Paris. 
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Le chiffre reste le même dans un secteur pourtant en plein essor. Les femmes ne sont qu'un peu plus de 27% dans le numérique. Autre constat, seuls 17% des métiers sont mixtes, selon des chiffres de 2012.

Face à ces réalités, plusieurs ministères français ont décidé de lancer le "premier plan interministériel en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes 2017 – 2020" qui doit "favoriser la mixité professionnelle, la lutte contre les stéréotypes, et l’égal accès aux responsabilités professionnelles, et ce y compris dans le secteur du numérique.

Avant le gouvernement, deux femmes avaient bien compris l'enjeu de la présence de leurs paires dans ce secteur. Les co-fondatrices Delphine Remy-Boutang et Catherine Barba, ont lancé en 2013, la Journée de la Femme Digitale, en France. Un événement qui permet de réunir des femmes - et des hommes- entrepreneurs exemplaires dans le numérique. Une manière de pousser les autres à créer leur réseau et à se lancer dans ce secteur prometteur.

► Relire notre article "Le numérique en manque de femmes. " 

Pour leur 5e édition, cette année, elles renouvellent l'expérience et espèrent bien attirer davantage de participantes le 9 mars 2017 à la Cité de la mode et du design à Paris. Terriennes, partenaire de l'événement, vous proposera à cette occasion des interviews d'entrepreneures. 

► Revoir notre reportage sur l'édition précédente "Le numérique : un tremplin professionnel pour les femmes?"

Entretien avec Delphine Remy-Boutang qui nous explique les enjeux de la Journée de la Femme Digitale et de la place des femmes dans le numérique.
 

Les femmes vont mettre l’accent sur le fait qu'au coeur de toutes ces innovations, ces révolutions il y a l’humain. 

Delphine Remy-Boutang

Terriennes : Pourquoi avez-vous choisi pour thème cette année : « Pour un monde meilleur » ("For a better world") ? 

Delphine Remy-Boutang : Si on se demande pourquoi veut-on innover, créer ? Pourquoi veut-on être intrapreneur, entrepreneur, créer des start-ups ? C’est peut-être pour une seule chose : créer un monde meilleur, se sentir mieux. E si les nouvelles technologies allaient être au service d’un monde meilleur ? 

Terriennes : Pourtant le numérique, les nouvelles technologies suscitent aujourd’hui de plus en plus de méfiance ? 

Delphine Remy-Boutang : Je pense justement qu'il faut le célébrer avec optimisme parce que nous sommes dans une période de transition, donc de doute. Il faut se dire qu’au contraire, c’est une bonne nouvelle pour l’humanité. Il y a une vision très négative sur la perte des emplois. Comme dans toute révolution industrielle, oui, on va perdre des emplois mais on va en créer des nouveaux ! Quand on dit "on a changé de monde", non, en fait on est dans un nouveau monde auquel il faut s’adapter, se réinventer. C'est essentiel. 

Quid de ceux qui représentent l’avenir, le futur, les nouveaux métiers - 60% de métiers de 2030 n’existent pas encore ? Comment fait-on pour s’y préparer et comment fait-on pour que les femmes ne soient pas oubliées alors qu'elles ont été à l’origine de ces innovations ? 

Qui sera aux manettes de l’intelligence artificielle de demain ? Si ce n’est pas des femmes ça veut dire qu’il y a aura encore une moitié de l’humanité qui sera oubliée.

 Delphine Remy-Boutang

Le code est un langage inventé par une femme, Ada Lovelace, et il a existé de grandes pionnières comme Margaret Hamilton dont l'un de nos prix de l'innovation porte le nom. Dans les années 1970 quand le numérique a pris ses lettres de noblesse, il s’est masculinisé. Et les femmes sont restées à peu près le même nombre dans le secteur. Nous voulons lancer grand signal d’alarme alors que les femmes sont sous-représentées : seulement 28% selon les chiffres du Syntec numérique. 


Terriennes : Comment attirer alors plus de femmes dans ce secteur ?

Delphine Remy-Boutang : L’éducation qui va être un énorme pilier dans notre édition 2017 de la Journée de la Femme Digitale parce qu’il va falloir apprendre à réapprendre. Aujourd’hui, quand on en sort de 5 longues années d'études, on est déjà dépassé parce qu’on est dans un univers qui va très vite. On veut montrer qu'apprendre à coder, finalement, c’est simple. 

Les femmes doivent passer de l'idée à l'action.

 Delphine Remy-Boutang

Nous voulons montrer que pour "un monde meilleur", il faut s’éduquer autrement. Les femmes sont sous-représentées dans le numérique alors évidemment qu'il faut leur dire d’aller dans ces filières technologiques. Mais pas seulement, il faut aussi qu'elles passent de l’idée à l’action, aux choses concrètes. 

Terriennes : De quelles innovations sont porteuses les participantes que vous avez choisies ? 

Delphine Remy-Boutang : Ce sont elles qui vont mettre l’accent sur le fait que l'humain est au coeur de toutes ces innovations, ces révolutions. 

C'est le cas, par exemple, de Raodath Aminou, co-fondatrice d'OptiMiam, une application qui aide à lutter contre le gaspillage alimentaire. Il y a aussi Fatma Chouaieb qui a créé l’appli "Hello Charly", le nouveau conseiller d’orientation qui parle aux ados sur Facebook messenger ou par texto. Ou encore Mari Schneegans qui a mis en place l'application "Never eat alone" (ne jamais manger seul) qui met en contact des collègues pour déjeuner ensemble. 

Au cours de cette journée, nous aborderons aussi le problème de l'inégalité d'accès au numérique avec notre partenaire ONU Femmes qui a mis en place son programme "he for she" (Lui pour elle).

Terriennes : L’année dernière, vous aviez installé un bar à ongles et à coiffure. Chez Terriennes, on avait l’impression de ramener les femmes à ce qu’elles sont et non pas à ce qu’elles font, et ce pour quoi elles étaient là ? 

Delphine Remy-Boutang : J’assume complètement parce que je pense que le digital c’est glamour. Je pense que justement c’est un message fort d’avoir un bar à ongles à côté d’un bar à coder. Un bar à ongles était là pour dire que c’est aussi simple que d’aller coder. 

Mais cette année, il n’y aura pas de bar à ongles mais toujours un espace beauté car c’est aussi en lien avec l’association Joséphine afin de redonner confiance aux femmes par la beauté. 

Pour prendre la parole dans la vie, il faut la prendre sur le web.

 Delphine Remy-Boutang

​C’est une journée où on va leur permettre de prendre des photos pour les réseaux sociaux où il faut donner le meilleur de soi en ligne. Pour prendre la parole dans la vie, il faut la prendre sur le web. 

Sans rentrer dans les clichés, je pense que c’est important de dire que c’est un événement féminin où on parlera d’innovation. Voyez ce que disent les femmes qui sont venues l'année dernière : "on n’a pas le temps de le faire" et pourtant ça devrait faire partie de leur temps qu’elles devraient s’accorder, et je me compte parmi elles. Parce qu’on est trop dans le faire. Pour s’occuper des autres, il faut d’abord s’occuper de soi. 

Y aura-t-il des hommes qui participeront à cette Journée de la Femme Digitale ? 

Delphine Remy-Boutang : Ils auront une belle part. Aujourd'hui, on en est à 67% de femmes et 33% d’hommes participants. On invite les femmes mais aussi les hommes à venir parce qu’on ne veut pas faire de l’entre-soi au féminin sur le digital. C’est pour ça que c’est ouvert à tous et gratuit. 

On aura des hommes à nos côtés parce qu’il faut le faire ensemble ce "monde meilleur".

 Delphine Remy-Boutang 

Serons notamment présents : Stéphane Richard PDG-directeur général d’Orange, Emmanuel Grenier PDG de CDiscount, Sylvain Orebi PDG de Kusmi Tea ou encore Yann Arthus-Bertrand pour son film "Women". 

On aura des hommes à nos côtés parce qu’il faut le faire ensemble ce "monde meilleur". 

► Lire notre article sur l'écriture inclusive, un thème abordé lors de la JFD.