Une Française meurt tous les trois jours sous les coups de son (ex) compagnon. En Amérique Latine, la violence faite aux femmes explose tous les compteurs et les murs du foyer pour s’immiscer dans tous les pans de la société.
Même si le terme de féminicide n’a pas encore fait son entrée dans le petit Larousse, la réalité qu’il englobe est connue depuis longtemps dans les milieux féministes. Depuis 1976 plus exactement, année où l’avocate et chercheuse américaine
Diana Russell l’emploie pour définir le meurtre d’une femme en raison de son genre, que ce soit dans le cadre d’une relation intime, d’une agression, d’un viol ou d’un crime de guerre.
La chercheuse et féministe mexicaine,
Marcela Lagarde, rend ce mot populaire en Amérique latine au début des années 2000 en désignant les meurtres en série de jeunes filles dans la ville frontalière de Juarez. C’est à cette époque qu’un rapport du FBI et un autre d’
Amnesty International nomment enfin le massacre et évoquent le rôle des cartels de la drogue.
Depuis 1993, au moins 370 femmes avaient été assassinées et 137 violées. Ce bilan s’alourdira fortement.
Au même moment, la journaliste argentine
Graciela Atencio s’installe à El Paso Texas, à quelques pas de Juarez. En enquêtant sur les disparitions, elle constate que ces jeunes femmes sont tuées avec un acharnement inouï : viols, décapitations, torture… L’hypothèse du crime passionnel est vite écartée, il n’existe pas de lien entre les victimes et leurs bourreaux supposés.
Travailler à l’usine et disparaître Les muertitas - comme on les appell e- sont surtout des ouvrières des usines textiles approvisionnant les Etats-Unis en t-shirts bon marché. Qu’elles soient immigrées ou Mexicaines, elles laissent familles et amis derrière elles pour s’installer dans les quartiers les plus pauvres et dangereux. Sans moyen de locomotion, elles sont à la merci des tueurs quand elles rentrent chez elles. Leurs proches n’apprennent que trop tard leur disparition.