Fil d'Ariane
Chaque soir à 20 heures, les populations confinées les applaudissent depuis leur fenêtre. Dans les hôpitaux, cliniques, centres de santé, à domicile, elles sont sur le front depuis des semaines partout sur la planète pour sauver des vies. Elles, ce sont les infirmières, parce que le personnel soignant est en grande majorité composé de femmes, et cela partout dans le monde.
Les femmes représentent la majorité du personnel sanitaire et social, accomplissant chaque jour des tâches de super-héroïnes.
— ONU Femmes (@ONUFemmes) April 7, 2020
Pour la Journée Mondiale de la Santé, nous leur disons : Merci.#WorldHealthDay pic.twitter.com/m6KaHIPNFz
Cette année, la Journée mondiale de la Santé prend un sens tout particulier, celui de l'urgence. "Les infirmières sont la colonne vertébrale des systèmes de santé", estime le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus dans un communiqué. "Aujourd'hui de nombreuses infirmières se trouvent sur la ligne de front du combat contre le Covid-19", rappelle-t-il.
L’OMS avance le chiffre de 9 millions de sages-femmes et d’infirmiers supplémentaires dans le monde pour espérer réaliser la couverture sanitaire universelle à l’horizon 2030, dont au moins six millions de nouveaux emplois d’infirmier(e)s. @WHO @ICNurses https://t.co/0k55DiecYC pic.twitter.com/hVW9isFNaj
— Bernadette Fabregas (@FabregasBern) April 7, 2020
Selon un rapport sur l'état de l'offre infirmière dans le monde, l'agence de l'ONU, la campagne internationale Nursing Now et le Conseil international des infirmières (ICN) soulignent le rôle crucial de ces professionnels infirmiers qui représentent plus de la moitié des personnels médicaux. Un peu moins de 28 millions d'infirmier-es exercent dans le monde. Entre 2014 et 2018, leur nombre a augmenté de 4,7 millions mais "il reste un déficit de 5,9 millions", les manques les plus criants se trouvant dans les pays les plus pauvres d'Afrique, Asie du Sud-Est, Moyen-Orient et Amérique du Sud.
Journée mondiale de la santé : l'OMS appelle à "investir dans le personnel infirmier" https://t.co/Gm3NE4zLPI @WHO #CII #infirmiers pic.twitter.com/NstZgpeTBP
— Infirmiers.com (@infirmierscom) April 7, 2020
Plus que jamais, la formation de futur-es soignant-es apparaît comme un enjeu majeur en ces temps de pandémie, aujourd'hui et surtout pour le monde "d'après". Voici les témoignages de quelques-unes d'entre-elles.
Dès le premier jour de son stage au SMUR de l'Oise le 2 mars, Yasmine Hariti, 24 ans, a été placée en "cellule de crise" ouverte pour gérer l'épidémie qui prenait de l'ampleur dans ce "cluster" (région à forte concentration). "On avait plus de 1000 appels par jour ! Pour des renseignements, des inquiétudes ou parce que des personnes avaient des symptômes... On était en première ligne".
Désormais dépêchée sur le terrain, elle ne doit pas, en tant qu'étudiante, partir sur des cas de "Covid positifs". En tout cas ce sont les consignes, mais "les symptômes sont tellement variés, que le diagnostic est souvent posé sur place..."
"C'est beaucoup de pression... J'espère que cette crise s'arrêtera vite, parce qu'il y a beaucoup d'enjeux : des vies, mais aussi ce confinement... Tous les matins, j'espère que les médecins me diront 'ça commence à se tasser, on est sur la fin'. Ce n'est pas encore arrivé".
Joséphine Couteaux, 19 ans, a été "réquisitionnée" au service réanimation de l'hôpital de Nancy où elle a rapidement dû apprendre à "gérer l'urgence".
Participer à un "plan blanc" est "une expérience particulière", une "organisation et une prise en charge des patients différentes".
Pour l'instant, le service n'est pas en "saturation", donc "on a pris le temps de m'expliquer, on me laisse le temps de tout faire". "Je découvre au fil des jours les machines, l'appareillage du patient."
Les malades sont tous atteints du coronavirus et "c'est différent des patients pris en charge habituellement". "Je ne suis pas très à l'aise avec les patients intubés, ventilés et sédatés... C'est dur... Des patients restent pendant plusieurs semaines sans évolution... On part le vendredi, on revient le lundi et il n'y a pas eu beaucoup de changement. On ne se sent pas très utile des fois".
Au service gériatrique d'un hôpital du Valenciennois (Nord), Sophie Guisgand doit "respecter les distances de sécurité" avec les autres soignants. "Pas pratique pour observer les soins..." Certes, "on apprend des choses qu'on aurait jamais vues, mais psychologiquement, ça me travaille même la nuit".
En tant que stagiaire, elle ne peut pas entrer dans les chambres d'isolement réservées aux patients suspectés contaminés. Alors elle n'a le droit qu'à un masque chirurgical par jour, "on est censé le changer toutes les quatre heures..."
S'il est "normal" pour elle de "soutenir les professionnels", elle regrette "l'indemnisation minime" des étudiantes au vu "des risques" : 38 euros par semaine en 2e année "et le remboursement des frais kilométriques". La situation est "anxiogène... même les professionnels sont à cran... On a peur de contaminer nos proches".
Les patients non malades sont aussi en détresse. "Leurs seules visites autorisées, c'est nous, et certains sont en fin de vie. Cela les affecte énormément alors ça me tient à cœur de passer du temps avec eux, de les aider à passer des appels vidéos...".
Dans un Ehpad près de Lille, Coralye Marono "compte ses masques" : "Si dans la journée, je vois quatre personnes à l'isolement, j'ai quatre masques, pas un de plus... C'est inadmissible d'arriver face à des personnes fragilisées avec si peu de matériel."
Pour "préserver les protections", le personnel limite même ses visites aux patients isolés : "On n'entre plus dans leur chambre pour demander juste si ça va". Dans son équipe, les sourires "commencent à s'effacer... On a tous peur".
Elle trouve ça "sympa" que les Français applaudissent les soignants à 20 heures, mais ça la "choque" qu'il ait fallu "une pandémie pour que la population et l'Etat se rendent compte de l'importance du monde médical". Dans son établissement, "d'habitude plein de vie", l'ambiance est "pesante" : "les résidents confinés en chambre, pas de bruits dans les couloirs... Le matin, je prends mon chariot et je vais de porte en porte. C'est un peu du travail à la chaîne."
Par CP du jour de la Fédération des Étudiants en Soins Infirmiers de Lyon1, les #ESI appellent les pouvoirs publics et les IFSI à uniformiser les organisations, à assurer leur sécurité, alors qu'ils sont engagés dans la bataille du COVID19 @La_FESIL https://t.co/I9cj9rTkzC pic.twitter.com/kcBBCY8R7C
— Infirmiers.com (@infirmierscom) April 7, 2020