#JusticeForMona : une Libanaise condamnée à 8 ans de prison pour "atteinte au peuple égyptien"

Huit ans de prison pour avoir critiqué les Egyptiens sur les réseaux sociaux. Voilà la sanction infligée par la justice égyptienne à une jeune touriste libanaise. Lors de son séjour, Mona al-Mazbouh avait posté une vidéo dans laquelle elle dénonce le harcèlement sexuel dont elle a été victime, dans la rue ou dans les taxis. Une pétition réclamant #JusticeForMona a été lancée sur le net.
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mona al azbouh portrait
Mona al-Azbouh, une Libanaise âgée de 24 ans, a été condamnée à 8 ans de prison en Egypte pour avoir déclaré dans une vidéo qu'elle avait été harcelée sexuellement dans la rue égyptienne.
©capturedecran/youtube
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Voilà un voyage dont elle se souviendra. Venue faire du tourisme, direction la case prison. Mona al-Mazbouh, cette Libanaise de 24 ans paie cher la vidéo qu'elle a posté fin mai sur les réseaux sociaux alors qu'elle s'apprêtait à repartir du Caire. Dans cette vidéo, largement partagée sur le net, elle dénonce le harcèlement sexuel dont elle a été victime dans la rue égyptienne, ou à bord des taxis, au cours de son séjour. Elle y déclare aussi, avoir été "volée et arnaquée", qualifiant même l’Egypte de "pays de salopards".
 
mona facebook
Capture d'écran du profil Facebook de Mona al-Mazbouh, dont la vidéo incriminée a disparu. 
©captureecran/FB

Au moment de prendre l'avion pour rejoindre le Liban, la jeune femme se fait arrêter, suite à des plaintes déposées par des Egyptiens, qui, ulcérés par ses propos, avaient publiquement appellé à son interpellation. 

Mona al-Mazbouh diffuse alors une autre vidéo (voir ci-dessous) affirmant que son intention n'était pas d'insulter les Egyptiens. Elle explique que dans son précédent enregistrement, elle ne mettait pas en cause "tout le peuple égyptien".
 

J’aime tous les Egyptiens et j’adore ce pays, c’est pourquoi je l’ai visité plus d’une fois et je reviens.
Mona al-Azbouh

Le procureur Nabil Ahmed Sadiq l'a mise en prison pendant quatre jours en attendant l’ouverture d’une enquête avant de la renvoyer devant le tribunal des délits. Samedi 7 juillet 2018, le verdict tombe... et choque. Dans une première décision, il la condamne à 11 ans de prison. Une heure plus tard, les juges corrigent la sentence. Ce sera huit ans.

Coupable d'atteinte au peuple égyptien

La raison de cette peine ? Avoir "porté atteinte au peuple égyptien".
Le parquet l'accuse entre autre de "propagation de fausses rumeurs et d'atteinte aux religions".


Une pétition baptisée #JusticeforMona a été lancée via le site change.org. La lettre adressée au président égyptien Al-Sissi donne des précisions sur les circonstances de l'arrestation de la jeune femme. La plainte d'origine aurait été déposée par un avocat égyptien, estimant qu'elle avait insulté les Egyptiens, l'Etat et le président, puisque sa vidéo comportait un langage grossier. Ce magistrat, du nom de Amr Abdel Salam aurait déclaré à BBC que ce genre d'actes sont considérés comme un crime de calomnie selon le code pénal égyptien, articles de 302 à 308, passible de prison et d'une amende.
 

Nous voulons la justice pour Mona et pour toutes les autres femmes victimes de harcèlement sexuel. (...) Nous voulons que leurs voix ne soient plus couvertes par la misogynie institutionnalisée.
Lettre adressée au président Al-Sissi

"Nous voulons la justice pour Mona et pour toutes les autres femmes victimes de harcèlement sexuel. Nous voulons qu'elles soient libres de s'exprimer. Nous voulons que leurs voix ne soient plus couvertes par la misogynie institutionnalisée", écrit le collectif à l'origine de cette pétition.

Un journaliste égyptien vivant au Caire, qui a tenu à garder l'anonymat, nous explique que ce climat est lié au régime militaire en place en Egypte, "Il s'agit d'une dictature militaire, on vit la folie nationaliste des années 50 ou 60, en pire ! Cela dit, le fait qu'il s'agisse d'une femme ne change rien, un Egyptien ou une Egyptienne, dans le même cas aurait aussi écopé d'une peine équivalente."

#JusticeForMona, mr le président Sissi ? 

Les défenseurs des droits de l'homme égyptiens disent devoir faire face à la plus féroce répression qu'a jamais connue le pays sous le régime du président Abdel Fattah al Sissi.

L'avocat de Mona al-Azbou a fait appel. Une nouvelle audience se tiendra le 29 juillet, selon un responsable au parquet. "Avec tout le respect dû à l'institution judiciaire, c'est un verdict sévère. Il rentre dans le cadre de la loi, mais le tribunal a appliqué la peine maximale", a déclaré Maître Emad Kamal, ajoutant que sa cliente souffrait de dépression et qu'elle avait subi une opération en 2006 rendant plus difficile le contrôle de ses émotions.