Katie Bourner, le roller derby pour promouvoir le sport au féminin

A 30 ans, Katie Bourner a été choisie par le département américain des Affaires étrangères pour participer au développement du sport féminin en France. Une lourde tâche qu’elle aborde par le prisme de sa passion : le roller derby.
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Katie Bourner en action
U.S Dept. of State in cooperation with University of Tennessee Center of Sport, Peace, and Society
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Aujourd’hui, je sens que je suis en mesure de changer l’avenir du sport féminin”, lâche Katie Bourner, sûre d’elle. Une attitude qui tranche avec le sourire timide de la jeune femme de 30 ans. Si elle se sent capable de soulever des montagnes dans son domaine, c’est parce que Katie vit actuellement une expérience peu banale. Depuis des semaines, elle sillonne les États-Unis entre Washington, New York et Los Angeles pour suivre la 4e édition du programme “Empowering women and girls through sports” (autonomiser les femmes et les filles à travers le sport), organisé par l’US Department of States, l’équivalent du ministère des Affaires étrangères aux Etats-Unis. Elle fait partie des 17 femmes, choisies dans le monde entier, pour leurs rôles dans le développement du sport féminin. Pourtant, Katie n’est pas une sportive professionnelle et travaille à Sainte-Luce-sur-Loire (44) en tant que chargée relation client dans une entreprise d'assurances.

Sport de femmes

Dans les années 1930, le roller derby fut initialement imaginé comme un sport dans lequel les hommes et les femmes seraient en concurrence dans des équipes mixtes, mais lors de la renaissance du roller derby moderne, le sport est dominé par les femmes, voire féministe. Le roller derby contemporain est désormais un sport international avec des ligues partout dans le monde et à prédominance féminine. Il y a plus de 1250 ligues autour du le monde. La France compte plusieurs dizaines d'équipes, un engouement consécutif à la sortie de Bliss. Une partie de roller derby se déroule sur deux mi-temps de 30 minutes elles-même décomposées en périodes de 2 minutes de jeu maximum. Ces périodes de 2 minutes s'appellent des jams.

C'est grâce au roller derby, une passion à laquelle elle consacre la totalité de son temps libre, qu'elle a décroché ce billet gagnant pour les Etats-Unis. Ce sport, à prédominance féminine, basé sur la vitesse et le contact, qui se joue sur patins à roulettes, est encore assez méconnu du grand public, mais fait de plus en plus d’adeptes dans l’hexagone. “Le roller derby c'est fun, c’est un sport historiquement féminin, qu’on peut tout à fait commencer à l’âge adulte et au sein duquel vous ne serez jamais jugé pour ce que vous êtes : toutes les morphologies, tous les niveaux, tous les styles, toutes les sexualités sont acceptés”, explique Katie qui voit, au-delà de la discipline, un vrai moyen pour les femmes de se faire une place dans le milieu sportif.
 

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Katie Bourner, sans le casque
U.S Dept. of State in cooperation with University of Tennessee Center of Sport, Peace, and Society

Je veux une vraie égalité en France

C’est la consule des Etats-Unis pour le Grand Ouest, madame Tashawna S. Bethea qui, après avoir assisté à quelques matchs organisés par les Nantes Derby Girls, l’association fondée par Katie, a été séduite par l'énergie déployée par la jeune femme pour son sport. Elle l'a donc inscrite et recommandée pour le programme américain. Après avoir été choisie par l’ambassade américaine à Paris parmi cinq postulantes, elle a été sélectionnée parmi les 25 finalistes dans le monde puis parmi les 17 retenues.

Depuis le 12 septembre 2015, elle échange, propose, réfléchit avec ses homologues et participe à de nombreux cours et colloques sur le sport et la femme. Le but ? Donner des idées, de l'énergie et de la confiance à ces femmes pour qu'elles apportent du changement une fois de retour dans leurs pays respectifs. "Je suis impressionnée par le soutien dont font preuve les gens envers moi ici. Je suis constamment encouragée pour aller au bout de mes projets sportifs. Tout est mis en œuvre pour que je rencontre des personnes qui sauront m'aiguiller".
 

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Katie Bourner
U.S Dept. of State in cooperation with University of Tennessee Center of Sport, Peace, and Society


Son œil s'est bien sûr affiné depuis qu'elle a rencontré Caroline, Pavithra, Hanna, Najat et toutes les autres participantes: “Je me rends bien compte que ma situation est très privilégiée en France, en comparaison à celles de certaines filles venant d’Inde ou du Kenya, où elles n’ont tout simplement pas accès au sport. Mais même si le bilan semble moins préoccupant en France, il est tout aussi important de travailler à une vraie égalité homme-femme. Le manque de visibilité, la difficulté d’accès aux subventions ou les clichés qui entourent le sport féminin sont des vrais problèmes.

La derby girl fait sans doute référence à son amour pour le roller qu'elle a connu dès l'adolescence, et qu'elle a dû réfréner une fois le lycée passé car elle se sentait "trop vieille pour ça", et parce que les skateparks étaient l'apanage des hommes. Des barrières culturelles qu'elle voudrait briser aujourd'hui: "Je pense que si la société avait été différente j'aurais continué le sport. Passé 25 ans, la plupart des femmes sont encouragées à faire l'exercice uniquement pour s’entretenir, ici on prône le dépassement de soi et l’amusement. Voir le roller derby se déployer résonne pour moi comme un changement plus global des mentalités.
 

Roller Derby
Championnat de Roller Derby à Des Moines (Iowa) en août 2013
PRNewsFoto/Women's Flat Track Derby Association

Un lieu sportif pour toutes les femmes

Katie travaille actuellement à la réalisation d'un projet concret pour son retour en France. Elle le pense depuis le siège de la NBA où elle est accueillie par sa marraine Hilary Shaev, vice-présidente des opérations marketing de la NBA: "Hilary travaillait avant pour la Women's National Basketball Association et connaît les problématiques liées au développement d'un sport féminin."

Katie rêve désormais de pouvoir monter, aux alentours de Nantes, une salle entièrement consacrée au roller : "Je voudrais ouvrir un centre où on organiserait aussi bien des roller discos que des matchs de haut niveau, où il y aurait des cours de patinage et des salles pour se réunir... Je veux un lieu ouvert aux femmes, aux enfants comme aux mamans qui leur permettront de reprendre goût au sport et de faire des rencontres, d'avoir le sentiment d'appartenir à un groupe. Si ce projet fonctionne, pourquoi pas ensuite en construire dans toute la France ?" A vos roulettes alors, on dirait bien que les patins de l'enfance pourraient émanciper les femmes de ce monde !

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