Vous avez aimé Sarah Palin ou Michelle Bachmann, les égéries du Tea Party ? Vous allez adorer Katrina Pierson, âme damnée du candidat Donald Trump à la présidentielle américaine de 2016, et futur cauchemar des Américaines.
Elle est femme, afro-américaine, texane, et a voté Obama en 2008. Aujourd'hui, en 2016, à quelques mois de la présidentielle, elle est porte parole de Donald Trump (
après avoir porté les couleurs en 2012 du texan Ted Cruz, lui aussi candidat à la primaire républicaine, celui qui invoque Dieu à chaque pas et à chaque mot), défend la National Rifle Association pour la promotion des armes à feu, hurle contre le droit à l'avortement, dénonce les musulmans et vante les mérites de la race pure.
Katrina Lanette Pierson assume ses contradictions, en langage direct et fleuri, et surtout en communicante aguerrie qu'elle est de profession. Et incarne, grâce à tout cela, incohérences et force mêlée, le rêve américain.
Ces femmes du Tea Party contre les droits des femmes
Membre du Tea Party, la branche ultra-conservatrice (voire d'extrême droite) du Parti républicain, elle reléguerait presque au rang de bisounours ses illustres prédécesseuses,
Sarah Palin ou
Michele Bachmann, que l'on pensait pourtant avoir atteint des sommets de radicalité populiste, depuis la présidentielle de 2008. Elle ne cache d'ailleurs pas son admiration pour la première, qui fut la colistière du candidat McCain en 2008 contre Barack Obama.
Elle est entrée en politique dit-elle, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 - "
Ces choses ne se produisent pas habituellement dans notre pays, alors que se passe-t-il donc ?", avait-elle dit.
Et elle vient de passer une marche de plus dans la célébrité en s'affichant avec un collier de balles de fusil de gros calibre, lors d'un entretien pour CNN... Une interview accordée à la toute fin de l'année 2015, mais dont on a commencé à parler au début 2016, et dans laquelle elle s'en prenait à la candidate démocrate Hillary Clinton en se moquant d'elle, de sa recherche du vote féminin en particulier. "
Hillary Clinton a un certain culot de parler de la guerre contre les femmes et de la bigoterie infligée aux femmes, que nous mènerions, quand elle a elle-même un sérieux problème avec son mari." La nouvelle coqueluche des médias (buzz assuré) parlait de l'affaire, qui fit scandale en son temps, entre Bill Clinton et la stagiaire à la Maison Blanche, Monica Lewinsky.
Elle ne faisait qu'enfoncer le clou après un tweet très peu fair-play de son candidat bien aimé Donald Trump, accusant son adversaire démocrate "
de penser qu'elle pouvait afficher son mari avec son terrible record d'abus sexuels, tout en jouant la carte des femmes contre moi". Lequel Donald Trump ne tarissait pas d'éloges pour Hillary durant la primaire de 2008. Aussi girouette que sa porte parole, donc. Souvent homme et femme varient, bien fol est qui s'y fie, pourrait-on lancer en parodiant le regretté François 1er, qui lui, ne visait que les femmes...
Mais ces propos ont été éclipsés par cet ornement qu'elle portait autour du cou, des balles de fusil en guise perles, et cela afin de marquer son soutien ostensible au 2ème amendement de la Constitution américaine qui garantit à tous les citoyens des Etats-Unis le droit de posséder des armes... et éventuellement de s'en servir.
Accusée, sur les réseaux sociaux, de ne plus savoir quoi faire ou dire pour qu'on parle d'elle, cette communicante sans inhibition a aussitôt rétorqué : "
la prochaine fois, je porterai un foetus en pendentif pour sensibiliser aux 50 millions de personnes avortées qui, elles, ne seront jamais sur twitter."
Certains sites tentent d'atteindre le candidat Donald Trump en lançant quelques peaux de banane à celle qu'il a choisie pour porter sa parole. Mais qui se ressemble, s'assemble. On rappelle qu'elle est née d'une fille-mère blanche de 15 ans et d'un père noir, ou qu'elle fut arrêtée pour avoir volé dans les magasins en 1997 (elle était âgée de 21 ans). Des arguments qui sentent presque aussi mauvais que ceux qu'elle utilise. A moins que ce ne soit pour la mettre face à ses contradictions, mais on doute qu'elle y soit sensible.
Les femmes, qui par deux fois firent élire Barack Obama à la Maison Blanche, ne semblent cependant pas décidées à suivre aveuglément Hillary Clinton. A la dernière primaire démocrate dans le New Hampshire, les électrices, jeunes mais aussi moins jeunes, ont largement préféré un homme, Bernie Sanders, 74 ans, vainqueur du scrutin.
Dans un long réquisitoire contre la candidate démocrate publié par le New York Times "Quand Hillary Clinton a tué le féminisme", l'éditorialiste Maureen Dowd, qui couvrit en son temps l'affaire Monica Lewinsky, donne la parole à ces jeunes femmes qui ont choisi Bernie Sanders, comme Olivia Sauer, 18 ans qui a confié au quotidien : "Avec lui, on se dit qu'il est arrivé à un moment de sa vie, où il dit ce qu'il pense. Avec , Hillary, With Hillary, parfois vous avez le sentiment que toutes ses phrases sont juste la propriété de quelqu'un."
A suivre...
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