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"Je jure solennellement d'exercer les fonctions de président de la république de Croatie (...) En qualité de chef de l'Etat croate, je serai le garant de la Constitution (...)" Ainsi Kolinda Grabar-Kitarovic, élue le 11 janvier 2015, est-elle devenue la première président de la république de Croatie. Car son discours d'investiture était écrit pour un homme, et nul n'avait songé à l'adapter au genre de la nouvelle élue en temps voulu. "Le serment que j'ai prononcé était entièrement au masculin, alors que la langue croate distingue aussi les genres féminins et neutres," raconte-t-elle.
Le 7 mars dernier, aux Nations unies, la nouvelle présidente croate prononçait le discours d'introduction à la 59ème session de la commission sur le statut de la femme, une commission intergouvernementale dédiée à la promotion de l'égalité entre les sexes et des droits des femmes. Ce jour-là, elle est revenue sur sa prise de serment au masculin, le 15 février dernier, mais aussi sur les discriminations qu'elle a subies tout au long de son parcours. Des coups souvent portés sous la ceinture qui, pour Kolinda Grabar Kitarovic, ont été autant de pierres à l'édifice de sa détermination.
J'ai prêté serment au masculin. Pourtant, le croate distingue aussi les genres féminin et neutre.
Kolinda Grabar-Kitarovic
Devant la commission de l'ONU, elle expliquait : "J'ai travaillé sur le terrain, notamment dans des zones de conflit. J'ai traversé une guerre, et j'ai bien souvent été confrontée à toutes sortes de discrimination, chaque jour différentes, reprend-t-elle, surtout dans les médias".
En insistant sur ses gaffes au début de sa campagne, les médias l’ont, de fait, qualifiée d'inapte à la fonction présidentielle. "Elle est entrée dans la campagne présidentielle avec l’étiquette d'une Barbie, de quelqu’un qui a l’image et pas le son," explique vecernji list, l'un des plus grands quotidiens croates. Mais Kolinda Grabar Kitarovic a persévéré. "Elle a mené une campagne courageuse et modérée, et a gagné en réussissant à convaincre les électeurs de sa volonté de changement," conclut le journal.
Pionnière à la présidence de la république, la nouvelle présidente croate n'en est pas à son coup d'essai, et ce n'est pas la première fois qu'elle repousse le plafond de verre. Première femme ministre des Affaires étrangères croates en 2005, elle fut aussi la toute première adjointe pour la diplomatie publique du président de l'OTAN. Un tour de force dans un secteur, la diplomatie, qui reste un noyau dur de la masculinité, comme le montre l'exemple français.