« Hé Mademoiselle, t’es trop belle ! T’as le boule de Beyoncé ! »
, lancent les reptiles vert fluo aux longues dents, de la bande dessinée de Thomas Mathieu. Ces crocodiles sont impolis, vulgaires, agressifs, insistants avec les femmes. Mais ils sont les personnages, de ces nombreuses histoires vraies de harcèlement, envoyées via des mails, à l’auteur.
Mais pourquoi avoir choisi le crocodile ? Les hommes seraient-ils tous des pervers ? L’auteur s’en défend.
« Bien sûr tous les hommes ne sont pas des prédateurs. Le crocodile, c’est pour moi, une image qui englobe de nombreuses idées comme le privilège masculin, le sexisme, les clichés sur le rôle de l’homme et la virilité, et même la peur de croiser quelqu’un dans la rue, sans savoir s’il va vous faire du mal. Si j’ai dessiné tous les hommes en crocodiles, c’est qu’il s’agit d’un problème de société et pas de quelques cas isolés. Lisez l’album en vous identifiant aux femmes qui témoignent, pas aux crocodiles», se justifie-t-il au début de son livre reprenant ses bandes dessinées, sorti fin octobre 2014.
Simplicité du trait pour efficacité du message
Lesbophobie, interpellations grossières dans la rue, viol conjugal, attouchements dans les transports, phrases sexistes devenues ordinaires, Thomas Mathieu évoque tous ces tabous dans ses dessins, simples mais efficaces.
Quelques planches évoquent d’ailleurs le sexisme à la française, dans le métro parisien, à la gare de Lille Europe mais aussi à l’Assemblée nationale, avec un dessin revenant sur
l’émoi qu’avait provoqué, en juillet 2012, la robe de la ministre de l'environnement Cécile Duflot auprès de ses collègues masculins.