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C'est un sujet le plus souvent tabou, honteux, que l'on préfère ignorer dans l'Empire du milieu, depuis la nuit des temps, nous informe le Guardian du Royaume-Uni, l'un des quotidiens à avoir rapporté cette petite révolution culturelle. La nouvelle loi, annoncée depuis plus de deux ans, interdit désormais toute forme de violence conjugale, et punit les fauteurs de troubles, que ce soit pour les couples mariés ou pour ceux qui cohabitent.
Selon la Fédération des femmes de toute la Chine, émanation du parti communiste chinois, entre 25% et 40% des femmes mariées ou en couple auraient subi des violences de leur conjoint (ce qui fait des dizaines de millions de personnes) alors que moins de 50 000 plaintes sont déposées chaque année. Dans la plupart, 90%, de ses cas connus, des hommes ont abusé de leurs épouses. Les lieux d'accueil pour femmes battues sont encore rarissimes : environ 400, dont certains abandonnés ou désaffectés, pour une population de 1 milliard 300 millions de personnes.
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Une affaire avait fait bouger les choses et les mentalités en avril 2015 : une femme condamnée à mort pour le meurtre de son mari avait vu sa peine suspendue. Son cas avait ému le pays entier : à peine mariée, en 2009, Li Yan avait subi les sévices de son époux - brûlures de cigarette sur le visage, coups, et même un doigt coupé. Un an plus tard, alors qu'il la menaçait d'un fusil à pompe, elle avait réussi à le lui arracher, et l'avait battu à mort avec l'arme.
Condamnée à mort en 2011, une campagne de soutien - comme celle qui a accueilli en France cet automne la (re)condamnation à 10 ans de prison de Jacqueline Sauvage à Blois pour le meurtre d'un mari violeur et violent -, avait entraîné la Cour suprême à ordonner un nouveau procès et à suspendre la sentence de mort. Ce qui entrainera sans aucun doute la commutation à une lourde condamnation carcérale. "Une décision très politique" selon les défenseurs des droits des femmes, "un marqueur", pour Amnesty International, qui aurait cependant souhaité que la peine de Li Yan soit beaucoup plus réduite.
La jeune infortunée avait pourtant appelé à l'aide à plusieurs reprises, mais sans jamais avoir été entendue. Dans une lettre envoyée de prison à son frère elle écrit que "si la Chine avait été dotée d'une loi contre les viole,ces conjugales", son mariage ne se serait pas achevé par ce drame.
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> En Chine, la nouvelle société de consommation augmente les violences faites aux femmes en détruisant la famille
Lors d'une conférence de presse qui a suivi le vote du 26 décembre 2015, Gui Linmao, membre de la commission des lois du Parlement, a dû répondre à une question toujours épineuse en Chine : "la loi s'étendrait-elle aux concubins homosexuels ?". "Il y a nombre d'exemples de violences conjugales dans les familles de Chine" a répondu le député. "Mais nous n'avons pas encore constaté cette violence entre les homosexuels, aussi pour vous répondre, je dirai que la l'expression 'personnes qui cohabitent' n'inclut pas les homosexuels." Une manière astucieuse de refuser de reconnaître toute légalité aux couples homosexuels.
Si l'homosexualité n'est pas illégale en Chine, et si dans les grandes villes les gays ne se cachent plus, la Chine est loin du mariage homosexuel. #yaduboulot