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"On pouvait voir du sang sortir de ses yeux, du sang sortir de son... où que ce soit", avait lancé Donald Trump vendredi 7 août à propos de Megyn Kelly, journaliste vedette de la très conservatrice Fox News, qui avait co-présenté le premier débat télévisé des primaires républicaines la veille. La remarque a provoqué une vague d'indignation au sein même du camp républicain.
Milliardaire, ex-star de la téléréalité, Donald Trump domine la course à la primaire républicaine pour la présidentielle de 2016. Mais ses commentaires insultants et sa menace de se présenter en indépendant pourraient retourner la situation.
"Il y a une différence entre éviter le politiquement correct et être un crétin", lance Brian McClung, conseiller et stratège républicain qui avait travaillé en 2012 avec un candidat aux primaires, Tim Pawlenty.
Les dirigeants et candidats républicains "doivent réagir et dénoncer le genre de stupidité que profère Donald Trump", souligne l'analyste dans un entretien à l'AFP.
C'est elle qui devrait me présenter ses excuses
Forte personnalité et grand habitué des dérapages, Donald Trump a bousculé la campagne des primaires républicaines. Mais son refus de s'excuser après ses commentaires visant Megyn Kelly ne passe décidément pas. "C'est elle qui devrait me présenter ses excuses", a-t-il assuré lundi sur la chaîne MSNBC, refusant de revenir sur ses propos malgré la polémique qui ne désenflait pas trois jours après.
Donald Trump avait auparavant fait grand bruit en assurant que les immigrés mexicains étaient des "violeurs" puis mis en doute le statut de "héros" de guerre du sénateur républicain John McCain, 78 ans, capturé et torturé au Vietnam où il était resté emprisonné cinq ans.
Loin de le plomber, ses déclarations semblent toucher la corde sensible d'une partie de l'électorat républicain: il caracole en tête des sondages. Une pole-position confirmée par la première enquête réalisée depuis le débat du 6 août entre les dix principaux prétendants républicains à la Maison Blanche auprès d'électeurs potentiels à la primaire. Dans l'Iowa (nord), où aura lieu le premier vote : 19% des sondés soutiennent Donald Trump, loin devant les autres prétendants avec 12% pour Ben Carson et Scott Walker et 11% pour Jeb Bush, selon l'institut Public Policy Polling. L'homme d'affaires creuse même son avantage dans un autre sondage, élaboré par Morning Consult et également publié le 10 août.
Le parti républicain va devoir s'occuper de lui
Face à l'enthousiasme de ses supporteurs, l'inquiétude grandit dans les rangs de l'establishment républicain, désireux de voir un candidat solide et sérieux sortir vainqueur de la primaire pour affronter la probable candidate démocrate, Hillary Clinton.
Cette dernière est entrée dans le débat sur les propos de Donald Trump concernant la journaliste de Fox News, les jugeant "scandaleux". "Le parti républicain va devoir s'occuper de lui", a-t-elle déclaré sur CNN, ajoutant que ses déclarations "offensives" ne devaient toutefois pas masquer la position anti-avortement d'autres candidats républicains.
Donald Trump s'est déjà mis à dos de grands noms républicains et ses remarques sur la journaliste lui ont valu un camouflet: être désinvité d'un important rassemblement politique de conservateurs ce weekend à Atlanta (sud-est). "Ce n'est pas comme ça qu'on gagne des élections", a lancé, en réaction à ses remarques désobligeantes envers les femmes, Jeb Bush, qui restait, lui, invité au rassemblement.
Également candidat à la primaire, issu du mouvement ultra-conservateur "Tea Party", Rand Paul est allé plus loin, assénant que Donald Trump "n'a pas la carrure pour diriger le pays".
Signe d'une réorientation, Donald Trump a annoncé des changements dans sa campagne, avec notamment le départ ce week-end d'un de ses principaux conseillers, Roger Stone. Le milliardaire a assuré l'avoir "renvoyé", une expression qui rappelle sa longue étape de présentateur de l'émission de téléréalité "The Apprentice" (sorte de course à l'embauche), très fameuse aux Etats-Unis. Son ex-conseiller assure lui être parti parce que la campagne s'éloignait des "sujets essentiels". "Je vais présenter plus de positions" concrètes, a assuré Donald Trump au Washington Post dimanche.
Mais même si les républicains parviennent à se débarrasser de Donald Trump, le milliardaire tapageur pourrait continuer à les faire cauchemarder, en se présentant en indépendant, comme il l'a déjà laissé entendre. "Ça serait très effrayant" pour les républicains, analyse Mac McCorkle, professeur à l'université de Duke. "Même si (sa candidature) s'effilochait et ne représentait finalement pas une grande menace en tant que troisième option, il pourrait bien dicter le cours de la campagne et cela pourrait grandement bénéficier à Hillary Clinton", analyse-t-il.