Fil d'Ariane
Cela peut commencer par des coups de chaleur, un peu comme des accès de fièvre ; il y a aussi la peau qui se dessèche, et puis ces irrépressibles coups de cafard, décuplés par la fatigue qui s'accumule après des heures d'insomnie... Un cercle vicieux d'irritabilité, d'angoisse et de fatigue risque de s'installer, pénible à vivre, voire très mal vécu par la principale intéressée, mais aussi par son entourage.
Défaut d'anticipation, omerta autour de ce que nos aïeux appelaient le "retour d'âge", compréhension trop vague des bouleversements physiologiques qui accompagnent la fin des cycles menstruels... On a tôt fait de se laisser dépasser et submerger par les problèmes. D'autant que la ménopause est encore un sujet qui suscite un certain malaise, chargé de clichés et d'idées reçues. On en parle pas, ou du moins pas comme d'un phénomène naturel qui concerne toutes les femmes.
Il est vrai qu'à une époque pas très reculée, rares étaient les femmes qui vivaient au-delà de la soixantaine. Et celles qui avaient la chance de vieillir, de passer le cap de la ménopause, étaient, dans les sociétés occidentales, mises au rebus - "ce qui n'est pas le cas dans d'autres cultures, précise Brigitte Carrère, co-autrice de Toi et moi on s'explique. La ménopause. De fait, dans certaines sociétés traditionnelles, africaines, asiatiques ou indiennes, la ménopause n’est pas pensée comme une déficience, mais comme un accroissement des pouvoirs de ces femmes qui ont gagné l'aura de la sagesse et de la lucidité. Il est vrai que certaines populations sont moins sensibles aux effets les plus gênants de la ménopause, comme les bouffées de chaleur : "Les femmes asiatiques sont particulièrement épargnées, par exemple. On pense que ça doit être inscrit au niveau d'un gène, même s'il n'existe pas encore de recherches sur le sujet", explique Brigitte Carrère.
18 octobre : Journée mondiale de la ménopause
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 1,2 milliard de femmes seront âgées de 50 ans ou plus en 2030 et un nombre croissant de ces femmes peut s’attendre à vivre plusieurs décennies après la ménopause. Une évolution qui entraîne une augmentation spectaculaire de l’incidence des maladies et des affections qui peuvent être associées à la perte d’œstrogènes au milieu de la vie. Avec cette Journée Mondiale de la Ménopause, l’International Menopause Society (IMS) presse les nations de prendre des mesures actives pour éduquer les femmes concernant les implications de la ménopause pour la santé.
Avec la longévité qui augmente, de plus en plus de femmes, aujourd'hui, vivent plus longtemps ménopausées que fertiles. En 2020, une femme peut vivre trente, ou même quarante ans, ménopausée. C'est un processus naturel qui concerne environ 11 millions de personnes en France, sans compter quelque 500 000 femmes en préménopause. Si elle est devenue une grande partie de la vie, la ménopause n'en est pas bienvenue pour autant, car elle nous vient rappeler le temps qui passe et l'inéluctable vieillissement, honteux dans une société qui cultive le jeunisme. Ainsi cette étape de la vie des femmes a-t-elle longtemps été vécue comme une fatalité, une punition, avec son cortège de désagréments... Le tabou s'est installé.
D'où ce titre en forme de réglement de compte, Toi et Moi on s'explique. La Ménopause, premier cahier d'une série consacrée aux femmes de plus de 45 ans et aux thèmes qui les concernent spécifiquement, comme la ménopause, mais aussi le "syndrome du nid vide".
Conçu comme un "guide pratique", Toi et Moi on s'explique. La Ménopause aborde le sujet de façon exhaustive, éclairée et dédramatisée, voire humoristique, à travers l'explication des phénomènes physiques et physiologiques, des témoignages vécus, des illustrations, des avis d'expert et des conseils de spécialistes sur tous les aspects de cette phase de transition, toutes les parties du corps et les sphères de la vie concernées - bouffées de chaleur, relations sociales, amour, os, coeur et muscles, évolution du corps, cheveux et peau... Car avec l'arrêt des cycles reproductifs, c'est toute la physiologie du corps féminin qui évolue. "C'est un thème peu vu dans la littérature, ou alors traité de façon didactique, qui ne donne pas forcément envie d'aller plus loin. Validé par des spécialistes, ce guide veut donner des explications, des conseils sur un mode ludique et vivant pour bien vivre la ménopause. Aujourd'hui qu'une femme peut vivre aussi longtemps non fertile que fertile, pas question de baisser les bras et d'arrêter de vivre", explique Brigitte Carrère.
Dans notre chronique : la ménopause, une libération ? Le bilan inquiétant du rapport sur le viol en milieu étudiant. Calamity : un film sur l'enfance de Martha Janes. https://t.co/KbtnPkEoEe pic.twitter.com/G9d3skBf9e
— TERRIENNES (@TERRIENNESTV5) October 15, 2020
Le regard des hommes sur la ménopause est variable, mais beaucoup n'ont tout simplement pas envie d'en entendre parler. D'autres, pourtant se posent des questions et demandent des détails. "Ne pas leur en parler serait faire la politique de l'autruche. L'évolution se vit ensemble, avec une personne en face qui évolue aussi", conclut Brigitte Carrère.
Ménopausées est un documentaire qui donne la parole à sept femmes, entre 51 et 62 ans, d’origines et milieux sociaux divers. Elles racontent la traversée de leur ménopause, la solitude, la colère, la panique, la dépression, le sentiment d’une liberté nouvelle...
Diffusé pour la première fois le 19 mai 2020 par nos partenaires de France2, Ménopausées a été rediffusé le 29 septembre 2020. Il reste disponible sur le site de france.tv.
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