La nounou russe brandissait une tête d'enfant coupée : un fait divers secoue Moscou

Une nounou, une niania comme on les appelle en russe, a été arrêtée près d'une station de métro moscovite le lundi 29 février 2016. Elle criait et brandissait la tête coupée d'une petite fille. Terreur ou folie ?
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Nounou russe
Sur la photo, on voit cette femme tituber, brandissant une chose floutée au dessus d'elle
Ria Novosti
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Elle s'appelle Goultchekhra Bobokoulova, elle est nounou et elle a donc été filmée. La vidéo prise depuis un téléphone portable a aussitôt été postée sur youtube. Où l'on voir une femme hagarde brandissant une petite tête coupée, celle d'une moscovite de quatre ans, prénommée Nastia, confiée à ses soins, nous dit-on. Et en plus elle portait le foulard. Et même, elle criait. Mais que criait-elle, ce n'est pas très clair. Des menaces nous disent l'Agence France Presse et Spoutnik/Ria Novosti, son équivalent russe. La vidéo, les photos, circulent à la vitesse de l'Internet. Les informations vraies ou fausses aussi.

Sur les réseaux sociaux russes, on nous dit que cette hallucinée était sous l'influence de drogues.
 


On nous dit aussi qu'elle venait d'Ouzbekistan, qu'elle travaillait au noir, mais qu'en même temps elle était enregistrée comme migrante légale. 
 

Et certains croient savoir qu'elle criait Allah Akhbar ! Elle aurait même lancé des slogans islamistes: "Je déteste la démocratie!", "Je suis une terroriste!", "Je veux votre mort", "Vous nous avez tellement détruits", "Je suis une femme kamikaze, je vais mourir, la fin du monde dans une seconde".
 


Pourtant, pour l'heure, personne n'a trouvé d'explosifs sur elle. Ensuite, cela devient encore plus confus. Selon les premiers éléments de l'enquête, Spoutnik/Ria Novostious annonce encore que : "la femme arrêtée, âgée de 39 ans et d'origine ouzbèke, a avoué avoir commis ce crime en raison de l'infidélité de son mari." Les enquêteurs n'ont pas réussi à comprendre les liens entre les indélicatesses de l'époux, le geste meurtrier de la femme et les imprécations religieuses. Nous non plus.
Dans cet immense pays, friand en théorie du complot, certains y voient déjà la main des Américains.

Autre élément confusionnant : un incendie. On ne sait pas s'il a eu lieu avant ou après la décapitation. On ne le situe pas non plus très bien : dans l'appartement où elle gardait Nastia ?

L'image décomposée de la niania russe maternante et idéalisée

Et puis donc, le feu déclenché, elle serait partie avec son "paquet", près de la station de métro la plus proche de chez elle, Октябрьское поле, Oktyabrskoye Pole, le "champ d'Octobre", en référence à la révolution du même nom, au Nord Ouest de Moscou, au bout de l'une des lignes radiales du célèbre métro moscovite, qui dessert les quartiers résidentiel et excentrés. A l'entrée de la station, il y avait donc du monde. Des témoins prompts à décrire la scène.
"Personne ne s'est approché d'elle, tout le monde avait peur", a confié le premier. "J'ai vu que c'était vraiment une tête" que la femme tenait par les cheveux, a affirmé une autre , Aliona Kouratova, à la chaîne de télévision indépendante Telecanal Dojd. "Elle faisait des allers-retours en criant quelque chose", dit cette dame, en ajoutant que l'arrivée de la police et des ambulances sur les lieux avait provoqué un chaos dans la rue, plusieurs passants ayant cru à l'imminence d'un attentat.
On croit pouvoir aussi affirmer que le chaos occupait aussi la tête de cette niania...

"Le fait divers procéderait d'un classement de l'inclassable, il serait le rebut inorganisé des nouvelles informes... désastres, meurtres, enlèvements, agressions, accidents, vols, bizarreries, tout cela renvoie à l'homme, à son histoire, à son aliénation, à ses fantasmes, à ses rêves, à ses peurs...". La définition énoncée  par le sémiologue français Roland Barthes en 1966 (Essais critiques), semble particulièrement pertinente en cette occasion. Ici tous les ingrédients sont réunis : une femme, et surtout une "niania", fameuse nounou russe, personne et figure omniprésente dans l'histoire, le folklore et la littérature russe, une soignante maternante défigurée en une image effrayante de meurtrière et de décapitation, ajoutées aux peurs les plus prégnantes de ces années 2015/2016, la terreur au nom de l'islam. Ainsi que ces effrois s'expriment dans le message posté sur Twitter par cet internaute russe : "La nounou tueuse était une travailleuse immigrée. Pauvre bébé !!! Et elle se promenait dans Moscou avec cette tête coupée au nom d'Akhbar"