La princesse Latifa de Dubaï : libre et en voyage, selon une photo publiée sur Instagram ?

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latifa aeroport
Une photo publiée sur Instagram sur laquelle pourrait se trouver la princesse Latifa relance le mystère, car ce cliché, non daté, est difficile à authentifier, l’émirat de Dubaï n’a pour l’instant fait aucun commentaire.
©Instagram/shinnybryn
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Après des mois de spéculations et d'inquiétude sur le sort de la princesse Latifa, celle-ci serait donc "en vacances". C'est ce que semble vouloir indiquer une photo postée sur Instagram la montrant dans un aéroport, un cliché néammoins impossible à vérifier. Dans une vidéo, en février dernier, la jeune femme affirmait être retenue en otage à Dubaï et craindre pour sa vie. Elle n'a pas été vue en public depuis sa tentative d'évasion en 2018.

Une nouvelle photo censée montrer la princesse Latifa a été publiée ce lundi 21 juin sur un compte Instagram. Elle a été postée par un compte portant le nom de "shinnybryn". Son authenticité, ainsi que la date à laquelle la photo a été prise, n’ont pas pu être vérifiées.

Le cliché montre deux femmes côte à côte, portant chacune un masque anti-Covid près d’un tarmac. "Belles vacances en Europe avec Latifa. Nous prenons plaisir à explorer !", commente l’autrice de la publication, Sioned Taylor. Selon la presse britannique, elle a été prise à l’aéroport Barajas de Madrid.

Contacté par l’Agence France Presse, l’émirat de Dubaï n'a fait aucun commentaire.

#FreeLatifa

"Nous sommes heureux de voir que Latifa semble avoir un passeport, voyager et jouir d’une plus grande liberté, ce sont des pas en avant très positifs", a réagi David Haigh, le cofondateur de la campagne Free Latifa, avocat britannique des droits humains. "Plusieurs membres de l’équipe de la campagne ont été contactés directement par Latifa - lit-on dans un communiqué publié sur le site de la campagne. Nous ne pouvons pas commenter davantage à ce stade, sauf pour dire que notre seul objectif est d'assurer la sécurité et le bien-être actuels et futurs de Latifa, et que nous recherchons actuellement, et depuis mai, des garanties à cet égard. À l'heure actuelle, la campagne suspend toutes ses activités et nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à tous ceux dans le monde qui ont soutenu la campagne FreeLatifa et Latifa."

Le mois dernier, Sioned Taylor, présentée sur les réseaux sociaux comme professeure de mathématiques, avait déjà publié deux photos avec une femme présentée comme cheikha Latifa : l’une dans un restaurant, l’autre dans un centre commercial de Dubaï sur laquelle apparaît aussi une troisième femme. Sur ces photos, la princesse Latifa y affichait un timide sourire et un regard peu enjoué. Nombre de commentaires ont alors mis en doute l’authenticité de ces images et souligné le peu d’enthousiasme exprimé par la princesse.

Une évasion ratée

En février dernier, Latifa al-Maktoum avait fait la Une des médias avec une vidéo diffusée par la BBC, fournie par ses amis qui, sans nouvelle d'elle depuis plus de deux ans, avaient décidé de rendre publics ses appels au secours. La fille de l’émir de Dubaï, Mohammed ben Rached al-Maktoum, également vice-président et premier ministre des Émirats arabes unis, avait enregistré en secret plusieurs messages qu'elle avait réussi à transmettre à ses soutiens. 

"Cette villa a été transformée en prison. Toutes les fenêtres ont des barreaux," lançait la princesse, se filmant recluse dans le coin d’une salle de bains. Elle confiait à voix basse ses inquiétudes et son quotidien : "Je fais cette vidéo depuis une salle de bain, car c'est la seule pièce avec une porte que je peux verrouiller. Je suis retenue en otage. Je ne suis pas libre. Je suis asservie dans cette prison. Ma vie n'est pas entre mes mains...
Je ne sais pas quand je serai libérée et sous quelles conditions. Tous les jours, je suis inquiète pour ma sécurité et ma survie. La police me menace d’être incarcérée toute ma vie et de ne plus jamais revoir le soleil," 
ajoutait-elle.

Suite à la publication de ces images, l’ONU avait réclamé aux Emirats arabes unis des preuves de vie de Latifa al-Maktoum, avant de retirer cette demande fin mai. Dans un communiqué publié en février, la famille régnante de Dubaï avait déclaré que cheikha Latifa était "prise en charge chez elle" et que "son état s’améliorait".


Latifa al-Maktoum a aujourd'hui 35 ans. Elle essaye de s’échapper depuis qu’elle a 16 ans, d'après l'une de ses amies proches, Tiina Jauhiainen, d'origine finlandaise. Sa dernière tentative, planifiée avec l’aide de celle-ci, date de 2018. Elle comptait rejoindre l’Inde à bord d’un bateau pour se rendre en avion aux Etats-Unis et y déposer une demande d’asile. Mais des commandos l’ont rattrapée en plein milieu de l’océan.

Dans une vidéo enregistrée avant cette tentative, elle racontait déjà ce qu'elle vivait et son statut de "prisonnière dans une prison dorée" : "Je ne suis pas autorisée à conduire, à voyager ou à quitter Dubaï tout court. Je n’ai pas quitté le pays depuis l’an 2000. J’ai souvent demandé à le faire, ne serait-ce que pour étudier ou faire des choses normales. Mais ils ne me laissent pas le faire. C’est ma vie. Elle est très restreinte. J’ai besoin de vivre.»

Derrière les portes du palais royal de Dubaï

Hormis ces quelques photos publiées sur les réseaux sociaux, et difficilement authentifiables, Latifa n’a pas été vue en public depuis cette tentative d’évasion infructueuse. Sa demi-soeur, la princesse Shamsa avait, elle-aussi, tenté d'échapper à son père en 2000, alors qu'il séjournait dans le Surrey, en Grande-Bretagne. La jeune fille de 19 ans s'était cachée pendant six semaines, avant d'être rattrapée dans une rue de Cambridge et embarquée dans un avion privé à destination de Dubaï. Elle non plus n'a pas réapparu en public depuis. 

Notre article Terriennes >Dubaï : la princesse Haya demande le divorce, la justice britannique se prononce

En juillet 2019, la princesse Haya de Jordanie, sixième et plus jeune épouse de l'émir de Dubaï a réussi à s’enfuir avec ses deux enfants, trouvant réfuge au Royaume-Uni. Elle a demandé le divorce et la mise sous tutelle de ses enfants ainsi qu'une ordonnance de protection contre le mariage forcé de leur fille, âgée de 11 ans.

A la fois victime et témoin, "Nous espérons donc qu'elle restera en sécurité et qu'elle coopérera avec les autorités internationales pour révéler les abus présumés perpétrés derrière les portes du palais royal de Dubaï", espère Radha Stirling, fondatrice et PDG de l'organisation britannique Detained in Dubai, qui oeuvre pour la libération des détenus politiques à Dubaï.