Une photographe ? La sud-africaine Zanele Muholi préfère se définir comme une « militante visuelle ». Lesbienne noire, fille cadette d'une femme de ménage, née en 1972 dans la banlieue pauvre de Durban, elle s'est donnée une mission : rendre visible par la photographie ceux et celles qui en Afrique du Sud n'ont pas une sexualité hétérosexuelle (les lesbienne, gays, bi, trans et intersexuel, les LGBTI). Une série de portraits qu'
elle expose à Paris jusqu'au 8 novembre à la gaîté Lyrique. Dans le nations arc-en-ciel, le mariage homosexuel est légalisé depuis 2006 et la Constitution, l'une des plus progressistes au monde, garantie la protection des minorités. Une tolérance plus souvent de façade que réelle. Les insultes, les lynchages et les crimes contre les LGBTI restent le plus souvent impunis. Les lesbiennes, en particulier, sont menacées de « viols correctifs », des viol perpétrés par des hommes pour « corriger » leur orientation sexuelle. La footballeuse Eudy Simelane, membre de l’équipe féminin d’Afrique du Sud, en a été victime jusqu'à en perdre la vie : en 2008, elle a été violée puis assassinée.
Révoltée, Zanele Muholi co-fonde en 2002 l'organisation féministe « Forum for the Empowerment of Women » (Forum pour l'autonomie des femmes). Elle se documente, informe, organise des réunions contre l'homophobie et se rend à tous les enterrements de ces femmes tuées pour leur homosexualité, appareil photo au point.
En 2012, elle se fait cambrioler au Cap. Les voleurs n'emportent que ses archives et son matériel photographique. Depuis, la militante vit en permanence à Johannesburg avec son neveu, qui assure sa sécurité, et poursuit son travail photographique.