"La trajectoire des gamètes" : seule en scène, Cécile Covès dédramatise la PMA

Au-delà des débats de société sur la procréation médicalement assistée et les couples homoparentaux, la comédienne Cécile Covès livre sur scène son vécu de fille élevée par deux mamans et de femme donneuse d'ovocytes. Le message de La trajectoire des gamètes : si l'enfant est désiré et s'il a la possibilité de savoir d'où il vient, alors tout va bien. Entretien avec Cécile Covès.
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Covès trajectoire des gamètes
Cécile Covès sur scène, lors de la première de La trajectoire des gamètes, le 24 janvier 2023 à la Manufacture des Abbesses, dans le 18e arrondissement de Paris.
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Petite fille conçue par une mère en couple avec une autre femme dans les années 1980, la comédienne Cécile Covès est le fruit d'une histoire de quelques mois entre sa mère et son père biologique. Après la séparation de ses deux mamans, elle sera élevée au sein d'une famille recomposée. A 40 ans aujourd'hui, de séances de psy en examens gynécologiques, elle se lance dans la généreuse aventure du don d'ovocytes parce que "pour certaines personnes, un enfant, c’est viscéral, c’est l’histoire de leur vie".

Le don d'ovocytes est le fil rouge de La trajectoire des gamètes, au théâtre de la Manufacture des Abbesses, dans le 18e arrondissement de Paris : "Avec l'autrice, Laura Léoni, nous avons pris comme fil directeur du spectacle le don d'ovocytes pour raconter mon histoire, explique Cécile Covès, ovationnée par le public à l'issue du spectacle – éligible aux Molières. C’est un sujet très important, mais c’est aussi un prétexte pour raconter ce que je voulais dire : qu’il faut replacer l'enfant au cœur des problématiques de société."

Seule en scène, Cécile Covès joue tous les personnages, toutes les époques. Un rideau aux motifs années 1970 pour remonter le temps ; une voix rauque de fumeuse pour évoquer Elisabeth, sa deuxième maman, et une voix haut perchée avec une posture un brin affectée pour incarner sa mère. Le spectacle est drôle, ni militant, ni féministe, et se veut apaisant ; le témoignage n'appelle pas à prendre position, ni même à prendre part. C'est une histoire de vie. La vie d'une femme qui exprime ce qu'elle ressent et affirme que, famille homoprentale ou recomposée, issu d'une PMA ou d'une procréation naturelle, si l'enfant est aimé et désiré, tout ira bien.

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Entretien avec Cécile Covès, comédienne

Terriennes : Ce spectacle est votre histoire ?

Cécile Covès : Oui, c'est complètement mon histoire de vie, de trajectoire comme on dit. Les gamètes, ce sont les ovocytes, mais ce sont aussi toutes les personnes de mon histoire. C'est ma mère biologique, c'est ma mère de cœur, c'est mon géniteur, c'est mon beau-père, ce sont mes frères et sœurs, c'est tout ça…

Quand avez-vous ressenti le besoin de raconter votre histoire ?

Aujourd'hui,je vais sur la quarantaine. Je suis comédienne et ça fait très longtemps que j'avais envie de parler de cette histoire de vie, au-delà du don d'ovocytes. Comment j'ai été conçue ? Comment j'ai évolué dans cette société avec mes deux mamans, puis après, dans une famille recomposée ? J’ai décidé de raconter mon histoire en voyant tout ce qui se passe aujourd'hui autour de nous, cette régression des mentalités, dans le monde, bien sûr, mais un peu aussi en France, je trouve. Un enfant a surtout besoin d'amour, de reconnaissance, de bienveillance pour que tout se passe bien.

manifestant anti pma gpa
Manifestant contre la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA) devant le ministère de la Justice, à Paris, le 10 octobre 2020. 
©AP Photo/Thibault Camus

Replacer l'enfant au cœur du débat de société sur la procréation ? 

Deux papas, deux mamans, un papa et une maman... Qu'importe comment il a été élevé, tant que l'enfant est au courant dès le début de la façon, de la "méthode" – comme dit ma maman dans le spectacle – par laquelle il a été conçu. Et après, tant qu'il a la possibilité, à un moment donné, de savoir qui sont ses géniteurs. La loi bioéthique n’a changé que depuis un an et demi, et maintenant, les donneurs sont obligés de signer un papier certifiant qu’ils acceptent que leur identité soit communiquée à l'enfant s’il le souhaite à ses 18 ans. A mon époque, ce n’était pas le cas.

Avec votre vécu, vous trouvez important qu’un enfant, quelle que soit la configuration de sa cellule familiale, puisse revenir sur ses origines génétiques ?

Oui, et c'est comme ça que je commence le spectacle, en disant "Pendant longtemps, j'ai cru que mon père était Luke Skywalker". Et puis je parle du fleuriste, et après du trapéziste. Parce que pendant des années, je l'ai fantasmé, mon géniteur. J'étais fan de la Guerre des étoiles et Luc, je croyais vraiment que c'était mon papa. Peut-être parce qu'il y avait ce côté beau et angélique. Je l'ai fantasmé parce que je savais que je n'avais pas de papa. Je le savais. Je vivais avec deux mamans et on m'avait expliqué très jeune comment on faisait les enfants.

Si l'enfant le veut, je serai là. On ira boire un café, on parlera quelques minutes, juste assez pour qu'il comprenne que sa vie, en fait, elle est ailleurs.
Cécile Covès

Mais j'avais vraiment envie de savoir. Si je voulais le voir absolument, ce n’était pas forcément pour partager des moments avec lui, comme faire des balades ou des choses comme ça. C'était juste le voir. C'est aussi ce que je dis à la fin du spectacle, quand la gynéco me demande "Est-ce que vous voulez rencontrer l'enfant ?" Je réponds oui, que si cet enfant le veut, je serai là. On ira boire un café, on parlera quelques minutes, juste assez pour qu'il comprenne que sa vie, en fait, elle est ailleurs.

Est-ce ce qui s’est passé dans votre cas ?

C'est exactement ce qui s'est passé avec mon géniteur. J'ai pris un café. Et ça m'a suffi. J'ai juste vu cet homme, j'ai pu mettre un visage, j'ai pu mettre une voix et ça m’a suffi. Mais c'est important et je ne remercierai jamais assez ma mère d'avoir choisi cette méthode de procréation.

Elisabeth qui, dans l'histoire, est ma deuxième maman, aurait voulu qu'elle aille coucher à droite à gauche pour concevoir leur enfant un peu au hasard, parce qu'il y a quarante ans, la PMA était de la science-fiction. Maman n’a jamais voulu de ça, parce qu'elle avait besoin de me raconter mon histoire. Elle a suivi son instinct ou sa conviction et elle a eu raison. L'accord moral avec Jean-Louis, son amant et mon père, était clair : "d'accord, on fait un enfant, mais après je m'en vais". A l’époque, Elisabeth et elle ne se voyaient plus, parce qu'une histoire d'un soir, ce n'est rien, mais une histoire de plusieurs soirs, comme celle de ma mère et de mon père, c'est une histoire tout court, et de cela, Elisabeth ne voulait pas.

Laisser le choix à l'enfant, c'est très important, parce que c’est sa volonté qui compte. L'enfant doit pouvoir savoir s’il a envie de savoir. C’est le message que je veux porter. A l'époque où ce spectacle a commencé à prendre forme, la loi bioéthique était en train d’évoluer un peu, mais ce n'était pas encore fait. Je m'étais dit que si je racontais mon histoire sur scène, peut-être qu'on m'entendrait, peut-être que cela deviendrait important.

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Avez-vous rencontré des parents confrontés à ces questions ?

Fin janvier, j'étais à une convention à la Cigogne de l'espoir, parmi des parents qui avaient eu vent de La trajectoire des gamètes. Des parents qui font appel à des dons d’ovocytes car ils ne peuvent pas avoir d'enfants. Ils étaient en questionnement sur ces enjeux pour leur enfant issu d’un don qui, un jour, demandrait à voir son géniteur. Ils se disaient "Mince, peut être qu'un jour l’enfant me dira ‘t'es pas ma mère, ou t’es pas mon père’".

Je suis venue leur apporter mon témoignage sur scène et leur dire franchement : si vous leur dites dès le début, tout va bien se passer. Bien sûr, on explique pas de la même manière à différents âges et on ne dit pas la même chose à un enfant de 3 ans qu’à un enfant de dix ans, mais il faut le dire, et tout va bien. 

Un enfant, peu importe d’où il vient, une fois que tu l'as dans les bras, c'est le tien.
Cécile Covès

Un enfant, peu importe d’où il vient, une fois que tu l'as dans les bras, c'est le tien.  Je ne crois pas aux liens du sang, peut-être du fait de mon histoire, mais il y a juste l'amour. Juste ça. 

Avez-vous rencontré d’autres enfants nés dans les mêmes conditions ? Ont-ils le même ressenti que vous ?

Ceux que je connais sont trop jeunes. Ils ont le même ressenti, mais ils ont dix ou onze ans et ne sont pas en demande tout de suite. Ilssont contents, ils  savent d'où ils viennent et sont plutôt en mode "Oui, mais pas tout de suite". Maintenant, ces jeunes enfants n’ont pas vraiment le choix, parce qu’à l'époque de leur conception, le don était anonyme. Ce ne sont que les enfants qui vont naître cette année qui auront le choix, la possibilité de savoir. Pour ceux sont nés avant 2022, c’est l'anonymat du don qui prévaut.

Dans votre enfance, vous étiez seule dans votre cas ?

Oui, complètement. J'étais toute seule, mais je l'ai plutôt bien vécu. Peut-être que je me suis inventée 10 000 vies à travers les films que je me faisais. Maman était administratrice au théâtre de Caen et j'ai baigné dans le milieu artistique. Quand je voyais l'orchestre de Caen, par exemple, je voyais mon père partout.

J'ai vécu avec mes deux mamans jusqu'à mes quatre ans. Après, quand elles se sont séparées, elles ont bien fait les choses. Il n'y avait pas de droit de garde. Elisabeth continuait à venir me chercher à la maternelle et ma maman aussi, avant que mon beau-père arrive dans notre vie. C’est vrai que les enfants, à l'époque, se demandaient où était mon père et pourquoi deux femmes venaient me chercher à l'école. Je disais que c'était mes deux mamans et, même dans une petite ville, ce n'était pas mal vécu. J’ai eu cette chance de pas souffrir du regard des autres.

famille homoparentale chili
Petit-déjeuner décontracté chez Cristian Escalona, à gauche, et son partenaire Rodrigo Gonzales, avec leurs enfants Felipe, Yanay et Miguel, à Santiago du Chili. Les deux hommes avaient dû annuler leur union civile pour que Cristian Escalona puisse adopter leurs enfants comme parent unique. Ce 21 juillet 2021, le Sénat chilien vient d'approuver la première de plusieurs procédures visant à autoriser le mariage entre personnes de même sexe et de mettre fin à la discrimination.
©AP Photo/Esteban Felix

A partir de quel moment vous avez éprouvé le besoin de raconter votre histoire ?

Avant mes 30 ans, je n'étais pas comédienne ; j'étais urbaniste, mais j'avais toujours eu envie de faire ce métier. Philippe, mon beau père, est décédé à ce moment-là. Même si ça a été toujours très compliqué avec lui, c’était un peu mieux sur la fin et on a eu le temps de se dire au revoir. Et lui est parti avec des regrets dans la vie. Alors j'ai décidé de tout plaquer, d'entrer au cours Florent et de me lancer dans cette carrière artistique.

Dès le début, ça me titillait de raconter mon histoire. Je sais que c'est un sujet de société délicat, mais ça me rendait dingue de voir les manifestations contre le mariage pour tous, et tous ces poncifs que je pouvais entendre sur l'enfant qui "doit" avoir une figure paternelle. Moi ça allait à peu près dans ma vie, même si on a tous nos démons. J'avais envie de le crier au monde entier : "Écoutez, ça va bien se passer. Regardez-moi ! Tous ces gens ont juste peur. Ils ont la hantise du changement." Et de la religion, aussi, qui reprend bizarrement le pas sur la société d'aujourd'hui. Ces gens parlaient d'enfants qui allaient naître, ou d'enfants de cinq, six ou huit ans. Ils disaient qu'on n'avait pas suffisamment le recul. Et bien moi, voilà, j'ai 40 ans et tout va bien.

manifestantes anti pma gpa
Manifestants coiffés de bonnets phrygiens lors d'une action contre la PMA et la GPA devant le ministère de la Justice, à Paris, le 10 octobre 2020.
©AP Photo/Thibault Camus

Une histoire qui vous a tout de même mené au don d'ovocytes, comment ?
 
Ma démarche a commencé quand j'avais 36 ans. Je suis tombée sur un reportage sur ces femmes qui ne peuvent pas avoir d’enfants et qui ont recours à la PMA. Un couple aussi était interviewé, dont ni le mari, ni la femme ne pouvait avoir d’enfant. Ils devaient donc avoir recours à un double don. Quelque chose s'est déclenché chez moi, qui m’a ramenée à l’histoire de ma conception. S’il n’y avait pas eu mon géniteur, Jean-Louis. S'il n’avait pas fait ce don, à l'époque, alors qu'il n'était pas possible de faire autrement, mes mamans ne m’auraient pas eue. Sans ce monsieur, elles n’auraient pas pu avoir cet enfant qu'elle désirait plus que tout au monde. Parce que c'était deux femmes et qu'à l'époque, il y avait pas de PMA.

Il a fait cette démarche et j'ai trouvé ça très beau. Alors je me suis dit : "Pourquoi tous ces couples qui peuvent pas en avoir alors que moi je peux et je n'en veux pas ?" Pour certaines personnes, un enfant, c’est viscéral, c’est l’histoire de leur vie. J’ai rencontré une femme qui m'a dit un jour : "Si je n'ai pas d'enfants, je peux mourir tout de suite."
 
Vous avez décidé de donner vos ovocytes sans avoir eu d’enfants vous-mêmes ?

C'est un retour que j’ai souvent eu : "Ah oui, mais vous n'avez pas d'enfants ?" Je n’ai jamais eu le désir d’avoir un enfant, vraiment, et ce n'est pas lié à mon histoire. J'ai tellement de gens à aimer, j'aime tellement ma famille et j’ai envie de la soutenir. Or un enfant, ça devrait toujours être follement désiré. D’ailleurs on demande toujours aux gens : "Pourquoi vous ne voulez pas d'enfants ?", mais jamais pourquoi ils en veulent.  Je trouve ça fou, et il y a beaucoup d'enfants qui naissent aujourd'hui, qui sont pas forcément désirés et qui sont malheureux. 

Quand vous avez déjà un enfant, vous n’avez pas besoin de passer par la case psychologue pour donner vos ovocytes. Si vous n’avez pas eu d’enfant, vous devez passer par un psy.
Cécile Covès

Comment avez-vous vécu la procédure ?

D’abord, j'ai vu ma gynécologue pour en parler. Après, il y a les échographies. Ce qui est fou dans la loi, c'est que quand vous avez déjà un enfant, vous n’avez pas besoin de passer par la case psychologue. Si vous n’avez pas eu d’enfant, vous devez passer par la case psy pour donner vos ovocytes. Je trouve ça inutile, même si je peux comprendre la démarche qui consiste à s’assurer que le don se fait pour de bonnes raisons. Pas parce que vous avez pas votre accompagnant pour le faire, pas parce que vous avez besoin d’avoir un enfant quelque part sans le faire vous-même. Je sais que c’est sûrement pour le bien de la personne qui donne, même si, soyons honnêtes, je pense qu’une simple conversation avec un psy ne suffit pas à déterminer ce genre de choses. Le psychologue intervient à un moment donné dans le spectacle, parce que ça m’a fait rire.

Et puis après le psy, et une fois que vous avez passé toutes les étapes gynécologiques, viennent les piqûres. Chaque étape doit être dûment validée. C’est pour cela que Cécile, dans le spectacle, est toujours en stress : Est-ce que ça va ? Est-ce que c'est bon ? Peut-elle passer à l'étape suivante ? En tout et pour tout, la procédure a duré quatre mois.

Est-ce pénible physiquement ?

Non. Bien sûr, les piqûres ne sont pas une partie de plaisir, surtout les effets secondaires. Mais le plus pénible, c'est de se sentir un peu jugée à chaque fois, même si c'est normal. Quand vous vous lancez dans le processus, vous commencez par une échographie pelvienne pour voir si vous avez une "réserve ovarienne suffisante". Je m’en moque un peu dans le spectacle, quand le médecin me dit "Il faut connaître la nature des ovocytes et voir s’ils sont sains et fiables." Les mots employés sont un peu difficiles par moment.

A chaque étape passée, vous vous dites : "Chouette, mais maintenant, est-ce que le psy va trouver que je suis suffisamment équilibrée psychiquement pour pouvoir donner, juste donner ?"

Car la Trajectoire des gamètes parle aussi beaucoup de transmission. A un moment donné, je pose la question : "Vous croyez que c'est génétique, l'échec scolaire ? Est-ce qu'on peut transmettre l’incapacité à comprendre la trigonométrie ou le passé composé ?" Parce que c'est quelque chose qui m'a bouleversée dans ma vie, de ne pas être bonne élève. C'est vrai que ces choses-là donnent l’impression d’être jugée tout le temps. C'est plus ça qui est pénible, plutôt que les piqûres d'hormones.

On ne met pas le même genre de garde-fou aux gens qui ont des enfants naturellement…

Et voilà ! Et ce qui est fou aussi, c’est que jusqu’en 2011, une femme ne pouvait pas donner ses ovocytes si elle avait pas eu d'enfant auparavant. 

Votre histoire parle-t-elle aussi aux hommes ?

Un papa est venu me voir un soir après le spectacle, un homme d’un couple hétéro qui a un enfant. Il est venu me dire qu’il était chamboulé par mon histoire. "Parce que je me pose beaucoup de questions sur la manière dont j'éduque mon enfant et sur le poids des mots." Il m’a remercié de replacer des choses aussi importantes dans la façon d'éduquer les enfants de façon joyeuse et pas trop prise de tête.

N'importe qui peut un jour croiser une personne du même sexe et tomber amoureux.
Cécile Covès

Ce papa parlait surtout de mon histoire avec mon beau-père, aussi évoqué dans le spectacle, de l’emprise qu’il a pu prendre sur ma mère. On parle beaucoup de violences physiques sur les femmes, mais mon beau-père avait des paroles très violentes. On peut être violent avec des mots aussi, et obliger un enfant à manger le soir les restes du petit-déjeuner, c'est de la maltraitance. Je ne comprends pas comment ma mère a pu laisser faire ça.

Votre mère était dans la salle. Qu’a-t-elle pensé du spectacle ?

Ma mère est toujours joyeuse. Elle est très heureuse finalement d’avoir été forte, il y a quarante ans, elle qui venait d’une famille pieds-noirs espagnole. Elle est née en Algérie. C'était un coup de cœur qu'elle a eu pour Elisabeth, elle qui était hétéro. Quand je pense à tous ces gens qui sont contre l'homosexualité… Ils peuvent eux aussi un jour croiser quelqu'un dans la rue du même sexe et tomber amoureux. C'est une rencontre, c'est une personne. Je pense qu’elle est assez fière qu'on relate cette histoire et d’avoir assumé ses choix. Elle voulait cette enfant, elle l’a faite.