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Avec le temps, la parole se libère. Après les affaires aux Etats-Unis notamment mettant en cause des présentateurs de télévision ou plus récemment l'acteur Bill Cosby, c'est maintenant le réalisateur britannique défunt Alfred Hitchcock qui est attaqué par sa victime : l'actrice américaine, icône de son temps, Tippi Hedren.
Si la muse du cinéaste avait déjà dénoncé dans un documentaire diffusé en 2012 le harcèlement sexuel du mythique réalisateur, c'est la première fois qu'elle s'épanche autant dans son livre "mémoires", publié cette semaine. Elle y raconte les agressions dont elle a été victime à l'époque de leur collaboration.
L'actrice de 86 ans aujourd'hui raconte ainsi dans "Tippi: A memoir" cet épisode de sa vie. Elle écrit qu'Alfred Hitchcock s'est un jour jeté sur elle à l'arrière d'une limousine et a tenté de l'embrasser, ou encore qu'il l'a coincée sur un plateau en lui demandant de le toucher, rapportent les journaux américains New York Post et le Daily Mail.
L'actrice fétiche d'Hitchcock affirme que le réalisateur a été obnubilé par elle peu après qu'ils aient signé un contrat de cinq ans. Il lui avait déclaré son amour mais serait devenu de plus en plus agressif à mesure qu'elle tentait d'imposer des distances, raconte-t-elle.
Elle relate un incident particulièrement traumatisant: "Je ne suis jamais entrée dans les détails et je ne le ferai jamais. Je dirai seulement qu'il m'a soudainement attrapée et a mis ses mains sur moi". "C'était sexuel, pervers, laid".
Pourquoi s'être tue aussi longtemps ? Elle explique n'en avoir jamais parlé parce qu'à l'époque le terme même d'"harcèlement sexuel" n'existait pas.
Chaque fois qu'elle était seule avec lui, "il trouvait le moyen d'exprimer son obsession pour moi, comme si je lui devais quelque chose en retour", écrit l'actrice.
Ce harcèlement se faisait également psychologique. Il demandait aux autres membres du casting d'éviter l'actrice et se fâchait lorsqu'il la voyait parler à d'autres hommes, il la faisait suivre par son chauffeur et avait fait analyser son écriture, écrit-elle encore, selon le Daily Mail.
Hitchcock a de nouveau fait tourner la comédienne, archétype de la blonde hollywoodienne, dans "Pas de printemps pour Marnie", sur une kleptomane violée par son mari lors de leur nuit de noces.
Tippi Hedren dit avoir conscience de la rumeur selon laquelle cette scène où un homme contraint sexuellement sa "jeune épouse frigide et inaccessible" représentait le fantasme d'Hitchcock pour elle.
Frustré par cette résistance à ses avances, Hitchcock l'aurait avertie qu'il allait ruiner sa carrière et aurait bloqué Universal quand le studio a tenté de soumettre sa candidature pour un Oscar.
"Je me suis donné pour mission de m'assurer que si Hitchcock a peut-être ruiné ma carrière, je ne lui donnerais jamais le pouvoir de ruiner ma vie", écrit encore Hedren, selon des médias américains.