"L'Amazone" du Burkina Faso se lance dans la présidentielle

Saran Séré Sérémé, l'égérie de la révolution burkinabé a été investie, dimanche 12 juillet, par le Parti pour le développement et le changement (PDC) comme candidate à l'élection présidentielle prévue le 11 octobre prochain au Burkina-Faso. Portrait.

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Saran Sérémé
Au centre, Saran Sérémé investie par son parti candidate à l'élection présidentielle burkinabé.
©Saran Sérémé Facebook
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"L'amazone de Tougan", "la guerrière des temps modernes", "la femme à la spatule"… Derrière ces surnoms une femme : Saran Séré Sérémé. Ces surnoms, c'est le peuple burkinabé qui lui a donnés, tant elle a marqué l'histoire récente de ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Saran Sérémé, portait haut sa coiffe traditionnelle ce dimanche 12 juillet à Bobo-Dioulasso. C'est sous les ovations de milliers de militants que le jeune Parti pour le développement et le changement (PDC), qui a émergé lors du scrutin d'octobre 2014, l'a choisie pour briguer la magistrature suprême lors du prochain scrutin présidentiel.

La "révolution des spatules"

Cette femme est une figure de la révolution qui, spatule à la main, avait organisé le 29 octobre 2014 à Ouagadougou, une marche de femmes contre le projet de modification de la constitution. Les manifestantes avaient alors défilé en brandissant des spatules de bois, un symbole fort car dans la tradition burkinabé lorsqu'une femme frappe un homme avec cet ustensile de cuisine, elle lui enlève toute sa puissance. Quelques jours plus tard,  une grande manifestation populaire entraînait la chute de celui qu'on croyait indétrônable depuis 27 ans, l'ex-président Blaise Compaoré.

femmes spatules
Le 27 octobre 2014, des femmes manifestent avec des spatules, contre le président Blaise Compaoré qui briguait un nouveau mandat.
©AP Photo/Theo Renaut


Mère de deux enfants, ancienne députée et membre du bureau politique de l'ancien parti au pouvoir, elle n'avait pas hésité à démissionner en 2012 peu avant les législatives pour dénoncer un système corrompu et cela, malgré les intimidations et les menaces de mort. Elle décide alors de fonder le PDC, et devient ainsi la seule femme à diriger un parti politique dans ce pays.

Honorer la mémoire de Sankara

Son militantisme remonte aux années 80, où elle participe déjà aux marches de jeunes pour exiger la libération de Thomas Sankara en mai 1983. Elle est de nouveau dans la rue pour réclamer la reconnaissance de ce dernier comme héros et une sépulture digne après sa mort le 15 octobre 1987. Un engagement qui l'obligera à quitter son pays pour s'exiler au Mali voisin. C'est là qu'elle mène des études de sciences économiques. De retour, elle devient chef d'entreprise en créant sa société de bâtiment et travaux publics.  

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"Après Hellen Johnson-Sirleaf au Libéria, pourquoi le Burkina ne deviendrait-il pas le deuxième pays du continent africain à être gouverné par une femme ?", commente l'un de ses partisans sur le site LeFaso.net.  
 
"Être femme n'est pas une malédiction, non plus une limite. L'homme et la femme se complètent", déclarait Saran Sérémé au printemps dernier lors d'un meeting. "Ce n'est pas le sexisme qui diriger les élections. Ce n'est pas non plus l'achat de consciences. Le peuple est engagé vers un changement véritable et fera la part des choses entre les loups qui se sont déguisés en agneaux et ceux qui veulent toujours continuer à piller ce peuple qui a tant souffert", ajoutait-elle. 

Elue "homme de l'année" !

Sacrée "Homme de l'année" (oui, oui, vous avez bien lu !) par le journal burkinabé l'Observateur Paalga alors que la campagne ne fait que commencer sur fond de rumeurs de coup d'Etat, pourquoi ne pas faire le pari d'une femme présidente au "Pays des hommes (et des femmes?) intègres"?