Fil d'Ariane
Argentine: 129 députés pour l'avortement/125 contre. Un vote historique en #Argentine. #avortement
— JJ Destouches (@DestouchesJJ) 14 juin 2018
Aborto legal, en el hospital!!!! pic.twitter.com/tW9slMNPWz
— Lau (@lau_figuei) 14 juin 2018
Argentina hace historia, grandes las Pibas.gana en la Cámara de Diputados el proyecto para despenalizar el aborto. La ley actual data de 1921. #abortoLegal
— Killay Mayua (@KillayMayua) 14 juin 2018
Enhorabuena Argentina! Aborto seguro, legal y gratuito pic.twitter.com/vqEFIKgMht
— jls (@juliabuennx) 14 juin 2018
La Argentina se va a venir abajo, no hay ni curitas en los hospitales y se comen el cuento que un aborto va a ser seguro
— CAJAL (@GabrielCajal_V) 14 juin 2018
Esta toda mi tl verde porque se ha aprobado el aborto en argentina estoy lloranding
— inayyyyy✡ (@lymginayx) 14 juin 2018
L'envoyé spécial du quotidien El Païs raconte cette journée particulière : « L’avortement légal a gagné à la Chambre des députés et dans les rues de Buenos Aires. Dehors, d'un côté de la place, des milliers d'adolescentes éclatent sous les applaudissements, les cris d'émotion et les larmes. De l’autre, ils battent en retraite dépités. Bien peu pouvaient imaginer il y a trois mois, lorsque le président Mauricio Macri a ouvert le débat, que la légalisation de l'avortement serait approuvée par au moins l’une des deux chambres. Maintenant, le projet de loi sera renvoyé au Sénat, plus conservateur. Tout indique que la loi va s'y fracasser, mais rien n'est certain dans cette Argentine entraînée par une vague de féministes qui ont fait de l'avortement légal l'un de leurs drapeaux. C'est un jour historique.
Tout le monde a frôlé la crise cardiaque. Les chiffres ont dansé tout au long de la journée et, en fin de compte, l'équilibre a basculé en faveur d'un changement de position de la part de quelques législateurs. La fracture de la société argentine sur l'avortement s'est répétée à l'intérieur de l'hémicycle et dans les partis politiques. »
Dès la veille, le mercredi 13 juin dans la soirée, des dizaines de milliers de personnes étaient rassemblées à Buenos Aires devant le Palais du Congrès, siège du Parlement. Elsa Bonifacio, 72 ans, était là "pour accompagner ses petites filles, pour la dépénalisation de l'avortement, pour que nous ayons toutes le contrôle de notre corps, que nous puissions décider ce que nous voulons faire".
A quelques centaines de mètres, d'autres invoquaient "la défense des deux vies". "Nous les groupes pro-vie, je pense que nous sommes les plus nombreux, car nous représentons la majorité de la population", estimait l'un des dirigeants du mouvement, Raul Magnasco.
Dans l'hémicycle les arguments avaient été affutés. "C'est une question de santé publique. Nous avons eu (ces dernières années) trois ministres de la santé, avec des opinions politiques différentes, mais ils sont d'accord sur un point: la légalisation de l'avortement apporterait une amélioration de l'accès aux soins des femmes", déclarait le député de la coalition gouvernementale Cambiemos, Daniel Lipovetzky.
Tandis que l'élu UCR (Union civique radicale, centre, coalition gouvernementale Cambiemos), Hugo Goicoechea, affichait son oppositionau texte. "Au-delà des bonnes intentions, (le projet de loi) va à l'encontre de l'ordre biologique, biomédical, juridique et historique de la nation", a-t-il dit devant ses pairs. De même que la vice-présidente argentine Gabriela Michetti clairement alignée sur la ligne du "droit à la vie". "Être en faveur de la vie est beaucoup plus progressiste et respectueux. Si une femme ne veut pas être mère, quel que soit le motif, elle peut confier l'enfant à l'adoption", dit-elle tranquillement.
Quant au pape François si sourcilieux habituellement de non ingérence dans les affaires de pays souverains flanche dès qu'il s'agit d'avortement, qui plus est dans son pays natal. Il a adressé, avant le vote une carte aux catholiques argentins, les appelant à se mobiliser contre le projet de loi. "L'Eglise est à la manoeuvre, les évêques envoient des lettres aux parlementaires indécis, menacent de les excommunier, exercent une influence sur les médias. C'est un pouvoir pas tellement visible mais il mobilise des ressources et des lobbys", observait en début de semaine la sociologue Sol Prieto.
La première victoire pour les partisans du droit à l'avortement, c'est que le débat puisse avoir lieu au Parlement, une première dans un pays de 41 millions d'habitants parfois à l'avant-garde. Et cela en grande partie grâce au souci de démocratie du président Mauricio Macri.
En 2010, l'Argentine avait déjà été le premier pays d'Amérique latine à légaliser le mariage gay. Dans le sillage du mouvement féministe #NiUnaMenos (pas une de moins), mobilisé contre les violences faites aux femmes, la mobilisation pour la légalisation de l'IVG s'est accentuée au fil des mois. Et la légalisation de l'avortement en Irlande - un autre pays à forte tradition catholique - a donné un second souffle aux Argentines.
Jusqu'à ce mois de juin 2018 (et sans préjuger du vote du Sénat, les Argentines ne pouvaient avorter légalement qu'en cas de viol ou de danger pour la santé de la femme enceinte. Comme dans la plupart des pays d'Amérique du Sud ou centrale...
"Nous célébrons cette première étape franchie par la Chambre des députés dans sa décision de dépénaliser l'avortement. Une nouvelle loi pourrait mettre fin à un cercle vicieux où les femmes n'ont d'autre choix que de risquer leur vie, leur santé et leur liberté si elles sont envoyées en prison. Classer l'interruption légale de grossesse comme un crime n'a aucun fondement en droit international", a déclaré Mariela Belski, directrice exécutive d'Amnesty International Argentine.
Quant au Président argentin Mauricio Macri, pourtant peu favorable à l’IVG, il a tout de même d'ores et déjà annoncé qu’il ratifierait le texte s’il passait toutes les étapes parlementaires.