A l'occasion du 1er mai, fête internationale de lutte pour les droits des travailleuses et travailleurs, depuis 1889 en France, plusieurs associations et collectifs féministes appellent à manifester en solidarité avec les femmes, surexploitées, sous-payées, ces travailleuses de l'ombre.
Les femmes restent aujourd'hui les plus défavorisées sur le marché du travail, en salaire, en condition, sans compter le travail invisible.
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"Journée internationale de lutte des travailleuses et des travailleurs, le 1er mai est aussi une journée de solidarité. Avec les femmes exilées, réfugiées, qui payent déjà un lourd tribut aux politiques racistes d’exclusion, avec le vote des nombreuses lois immigration ces dernières années", poste le collectif Grève féministe sur son compte Instagram.
Les femmes en situation de monoparentalité et les enfants constituent une grande partie des personnes pauvres, rappelle le collectif : 35,6% des mères de famille monoparentale, 25,9% des actives, et 68,3% des inactives vivent sous le seuil de pauvreté en 2019 (INSEE).
En 2024, seulement 46,4% des femmes en âge de travailler dans le monde occupaient un emploi, contre 69,5% des hommes.
708 millions de femmes sont exclues du marché du travail parce qu'elles doivent s'occuper des tâches ménagères alors qu'elles souhaiteraient exercer une activité rémunérée.
Précaires parmi les précaires : en France, les femmes représentent 70 % des travailleurs pauvres. 62% des personnes en emploi non qualifié, et 90 % des familles monoparentales.
(Source Grève féministe/Insee)
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Travail invisible
"Précarité, travail invisible, inégalités de salaires, de contrats et donc de retraite, surreprésentation dans les métiers précaires, et sous-représentations dans les métiers de direction sont autant d’oppressions que subissent les femmes et les personnes minorisées dans le monde du travail. Le monde du travail est aussi un lieu dans lequel les violences sont tues, mal reconnues et les victimes peu ou pas accompagnées. La sphère professionnelle est une chambre d’écho des inégalités de la société patriarcale", écrit de son côté dans un communiqué le Planning Familial.
Une société féministe, c’est une société qui lutte contre l’exploitation des travailleur·euses. Le Planning familial
Le Planning familial alerte sur "l’augmentation des inégalités et de la pauvreté qui touche de plus en plus de personnes, notamment des femmes seules et des personnes minorisées".
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"Une société féministe, c’est d’abord une société qui investit dans le service public, ajoute Le Planning. Une société féministe, c’est une société qui lutte contre l’exploitation des travailleur·euses sur le territoire national et international."
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257 ans pour l'égalité des salaires
En France, l'écart de revenu salarial moyen annuel (2021) entre femmes et hommes est de 24,4%. D'après l'étude de l'Insee de 2022 "Femmes et hommes, l'égalité en question", cet écart s'amplifie tant dans les bas revenus (25%) que dans les hauts revenus (21%). "L'égalité salariale rapporterait 55 milliards d'euros de cotisations supplémentaires pour les retraites", conclut Grève féministe.
Au rythme actuel, il faudra 257 ans pour atteindre l'égalité salariale, rappelle l'ONU en ce 1er mai, et 137 ans pour mettre fin à la pauvreté des femmes.
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"Ni bonnes, ni connes !"
Certainement la grève de femmes la plus marquante en France : la grève des infirmières qui a eu lieu à l’automne 1988 a vu des hôpitaux et des cliniques paralysés durant près de sept mois. La grève avait pour but de mettre en avant les conditions de travail et réclamer de meilleurs salaires. Ce ne sont pas les syndicats qui ont lancé et dirigé la grève, mais une "coordination infirmière". Elle représentait à l’époque l’ensemble des établissements en grève.
La grande manifestation du 29 septembre 1988 a rassemblé 100 000 infirmières avec pour slogan "Ni bonnes, ni nonnes, ni connes".