Le Conseil du statut de la femme veut empêcher les crimes d'honneur au Québec

Au Québec on la connaît sous le nom d'affaire Shafia. En juin 2009, on retrouvait dans les écluses de Kingston, en Ontario, une voiture avec les corps de 4 jeunes filles dedans. C’est pour  éviter que d’autres drames de cette nature ne secouent la société québécoise que le Conseil du statut de la femme, un organisme québécois parapublic, a diffusé un avis le 30 octobre 2013 enjoignant le gouvernement québécois à  s’attaquer de front à la problématique des crimes d’honneur.
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Le Conseil du statut de la femme veut empêcher les crimes d'honneur au Québec
La première femme de Mohammad Shafia et trois de ses filles retrouvées mortes dans une voiture au fond du canal Rideau le 30 juin 2009 - Radio Canada
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Mortes noyées. Elles sont sœurs. Le père et la mère, qui sont d’origine afghane mais qui vivent au Québec depuis des années, sont rapidement arrêtés. Ils sont accusés des meurtres prémédités de leurs filles et reconnus coupables en janvier 2012. Mobile présumé de ces meurtres sordides : le crime d’honneur. L’une des jeunes filles fréquentait un jeune pakistanais contre l’avis de son père… Et les quatre sœurs auraient trop épousé le mode de vie occidental au goût de ce dernier. Un avis qui sonne l'alarme C’est pour  éviter que d’autres drames de cette nature ne secouent la société québécoise que le Conseil du statut de la femme, un organisme québécois parapublic, a diffusé un avis le 30 octobre 2013 enjoignant le gouvernement québécois à  s’attaquer de front à la problématique des crimes d’honneur. Ce que l’affaire Shafia a mis en évidence, c’est que les institutions québécoises n’ont pas les outils et les armes nécessaires pour lutter contre les crimes de cette nature. Que ce soient la Direction de protection de la jeunesse (DPJ), les enseignants, les travailleurs sociaux, les policiers, tous ces intervenants n’ont pas les moyens de repérer les prémisses des crimes d’honneur qui couvent dans certaines familles et d’y remédier le cas échéant.  L’une des sœurs Shafia avait porté plainte auprès de la DPJ… cela n’a pas empêché le drame.  Il y a eu d’autres cas, comme cette jeune fille de 16 ans d’origine pakistanaise que ses parents ont forcée à porter le voile après avoir découvert qu’elle avait un petit ami ; ils l’ont aussi menacée de la marier de force au Pakistan. L’affaire a été portée devant la DPJ qui a par la suite fermé le dossier parce que le père niait tout et que sa fille était revenue sur son témoignage initial. Des mesures concrètes Le Conseil du statut de la femme  propose plusieurs mesures au gouvernement. Tout d’abord, que la DPJ se dote d’une grille d’analyse et de mesures de suivi pour ce genre de cas et que l’organisme forme davantage ses intervenants à ces pratiques culturelles spécifiques à certaines communautés. Ensuite,  que les directions d’écoles soient particulièrement attentives aux absences prolongées et répétées d’élèves susceptibles d’être victimes de ce genre de violences. Le Conseil suggère également d’informer  les immigrants que ces actes de violence liés à l’honneur soient reconnus comme des crimes au Canada et passibles de peines d’emprisonnements sévères. Le Conseil estime qu’il faut aussi encourager les femmes victimes de ces actes de violence à raconter leur histoire afin de briser les tabous. Et revoir la législation pour protéger les enfants des mariages forcés.  Le Conseil du statut de la femme cite en exemple les récentes mesures prises par le gouvernement britannique pour lutter contre les crimes d’honneur, notamment la mise en place d’une brigade pour venir en aide aux jeunes menacés de mariages forcés et la mise en place d’une formation spécifique pour les policiers. On rapporte 17 crimes d’honneur qui ont été commis au Canada depuis 1991, des crimes qui ont fait plus de 20 victimes…