Le courage de Latifa Ibn Ziaten face aux attentats

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Le courage de Latifa Ibn Ziaten, à l'ombre de l'affaire Merah
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Nous l'avions rencontrée alors qu'elle sillonnait la France à la rencontre des jeunes dans les quartiers défavorisés un an après la mort de son fils. Latifa Ibn Ziaten, mère de l'un des trois soldats victimes de Mohamed Merah à Toulouse en mars 2012, vient de recevoir le "prix 2015 pour la prévention des conflits" de la Fondation Chirac.
Latifa Ibn Ziaten, ne désarme jamais. Lors de la remise du prix 2015 de la fondation, Chirac, le jeudi 19 novembre 2015, cette inlassable pélerine de la paix a demandé "aide" et "soutien" au président François Hollande pour "continuer son combat" et rester "debout" afin de promouvoir son message de paix et de vivre-ensemble.
Latifa Ibn Ziaten, mère de l'un des soldats tués par Mohammed Merah à Toulouse en mars 2012, a créé l'"Association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix".
"J'ai besoin d'aide pour passer ce message de paix et ce message de vivre-ensemble, d'aller vers l'autre", a-t-elle demandé au président de la République, présent lors de la cérémonie de remise de ce prix, ainsi que plusieurs membres du gouvernement, au Musée du Quai Branly.


Il faut ouvrir les ghettos fermés

"On a un problème dans les écoles, il y a beaucoup de souffrances", mais aussi "dans les maisons d'arrêt des gens qui se convertissent à l'islam (...) on doit faire des règles". "C'est pas le prisonnier qui commande", a-t-elle dit. Il faut "ouvrir les ghettos fermés", a-t-elle ajouté, appelant à la "mixité".
 
"J'ai besoin d'aide et de soutien", a-t-elle insisté, émue. "Je compte sur vous, Monsieur le président, pour continuer mon combat. Si vous ne m'aidez pas, je perds mon courage", a-t-elle dit. "J'ai un bureau et deux salariés, et j'ai même pas de toilettes", a-t-elle ajouté.

 

Mon fils est mort debout et je reste debout

"Mon fils est mort debout et je reste debout à chaque fois que je témoigne", a-t-elle lancé dans une intervention vibrante.
François Hollande a ensuite pris la parole et lui assuré qu'elle aurait "le soutien nécessaire et indispensable de la République".

Trois ans après l'itinéraire meurtrier du jeune Mohamed Merah, Latifa Ibn Ziaten mère de Imad le premier des militaires tués dans cette dérive, poursuit inlassablement sa mission auprès des populations des quartiers défavorisés. Déjà auteure d'un livre, cette femme dit vouloir rester debout et sillonne la France pour tenter de mobiliser les parents d'enfants en perdition, tentés par l'exaltation suicide d'un Islam radical et dévoyé. Au nom de ce combat erroné, Mohamed Merah avait tué trois soldats et quatre membres de la communauté juive de Toulouse, dont trois enfants. 

Latifa Ibn Ziaten dit d'elle même que c'est le souvenir de son fils qui la maintient debout, et qu'elle n'a pas le droit de renoncer. Musulmane pratiquante, elle est de ces mères passerelles qui tente de renouer les fils cassés de morceaux du monde occidental désocialisés et acculturés pour cause d'abandon social, citoyen, mais aussi parental.

D'autres avant elle ont endossé le costume de militantes du dialogue. En Israël, Nurit Peled, fille du général Peled, un militant pacifiste, et mère de Smadar, tuée à 14 ans lors d'un attentat suicide à Jérusalem en décembre 1997, tisse inlassablement des liens avec les femmes de Gaza, mères de victimes de l'armée israélienne, mais aussi de kamikazes auteurs de tueries en Israël. Et en Argentine, les mères de la place de Mai tournent toujours à Buenos Aires pour obtenir enquête et justice sur la disparition de leurs enfants lors de la dictature, mais aussi pour que ces horreurs ne se reproduisent plus.

Reportage de France TV, avec Latifa Ibn Ziaten en tournée hexagonale

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