Alors que le marché du crowdfunding français a de nouveau doublé, atteignant 133,2 millions d’euros, voici la seule plateforme participative en Europe dédiée aux droits des femmes à travers le monde, avec un accent mis sur les nouvelles technologies et la préservation de l’environnement.
Des Françaises qui aident des Pakistanaises de zone rurale à se former aux nouvelles technologies, ou des New-Yorkaises qui conseillent des Kenyanes dans leurs installations d'entreprises, ces échanges planétaires sont désormais possibles grâce à W4 (Women's WorldWide Web), plateforme de "crowdfunding" (financement participatif), la première en Europe à utiliser le financement participatif pour la protection, l'éducation et l'autonomisation des femmes dans les pays en développement et dans les pays développés. Les droits fondamentaux sont dans l’objectif de l’initiative, avec depuis son lancement en 2012 des projets axés sur la santé maternelle (Les Safe Birth Kits au Kenya, au Malawi, aux USA...), l'alimentation (nutrition des écolières aux Philippines), l'éducation (alphabétisation des filles sourdes en Afghanistan) et la lutte contre les violences (réseau Ana Bella en Espagne).
Les droits fondamentaux et les autres se nourrissent mutuellement
Au delà, la communauté soutient aussi d’autres droits comme celui à l'entrepreneuriat (microfinance au Guatemala), à la mixité et l'innovation car «
les droits fondamentaux et les autres se nourrissent mutuellement », explique Lindsey Nefesh-Clarke, fondatrice de l'association et récemment désignée comme l’une des femmes les plus innovantes en Europe au classement
Inspiring 50.
L'un des objectifs primordiaux de W4 est de promouvoir l'accès des femmes aux nouvelles technologies de l'information ou de la communication (NTIC) et de faciliter leur participation à ce marché en expansion, réduisant ainsi l'écart numérique entre les sexes et offrant aux femmes et leur communauté des ressources et un réseau qui peuvent améliorer considérablement leur vie, parfois même la sauver. En effet, une femme dont les conditions de vie sont dignes (alimentation, hygiène, santé) développera plus aisément une activité génératrice de revenus et deviendra financièrement autonome ; réciproquement, une femme à qui l'on permet de lancer son activité sera capable d'améliorer sa qualité de vie et de répondre à ses besoins et à ceux de ses enfants.
L'écologie conjuguée à l'économie
W4 est donc en pleine transition, résolument décidé à soutenir en priorité l'entrepreneuriat social au service de l'autonomisation des femmes et de l’innovation, donnée essentielle sur le chemin du changement global. Exemple parlant de cette chaîne d’impacts positifs que permet l’entrepreneuriat féminin, Acacias for All a été développé par la tunisienne Sarah Toumi dans la petite ville tunisienne de Bir Salah, où les taux de désertification et de pauvreté sont très élevés. Le programme dispense une formation en agroécologie à 50 jeunes femmes agricultrices. Acacias For All enseigne des techniques pour atténuer les effets de la désertification tout en permettant aux femmes et leur famille d'être autonomes grâce à une source de revenus qui améliorent nettement leurs conditions de vie. Triple bénéfices donc : des revenus pour les femmes, un impact environnemental positif et une réhabilitation de la place des femmes dans le tissu culturel et économique local.
La force de ce projet repose dans sa facilité à être répliqué
« La force de ce projet, ajoute Lindsey Nefesh-Clarke, repose dans sa facilité à être répliqué partout dans le monde. Soutenir l'innovation à un endroit précis est comme le point de départ d'un effet domino positif pour des milliers de femmes à travers le monde. » D'autant que le montant nécessaire au lancement d'un tel projet se situe entre 50 000 et 100 000 euros, une mise de fonds modeste à l'échelle de ce que nécessite en moyenne la création d'une entreprise. Une somme que les femmes ont pourtant le plus grand mal à rassembler, car celles-ci rencontrent un obstacle majeur, y compris en France, qui est celui de l'accès au capital. En Afrique et en Asie du Sud-est, ce sont près de 75% des femmes qui n'ont pas accès au financement traditionnel. W4 entend donc s'inscrire dans le paysage des droits des femmes comme une alternative aux sources de financement institutionnelles.
Des échanges par dessus les frontières et les continents
Le soutien financier de W4 aux projets favorisant l'émancipation des femmes n'est qu'un aspect des activités de la plateforme qui est aussi un lieu d'échanges et de transmissions des savoirs ou compétences entre des porteuses de projets et des bénévoles vivant de chaque côté du spectre économique planétaire. C'est ainsi que des Pakistanaises vivant dans les zones tribales et bénéficiaires du programme
SAWERA, lauréat du
prix Front Line Defenders en 2014, reçoivent en ce moment même une formation en informatique dispensée par des bénévoles françaises dont l'expertise correspond aux besoins spécifiques du projet au Pakistan. De la même manière, W4 a mis en contact des cadres new-yorkaises, expertes en gestion avec des Kenyanes bénéficiaires d'un programme de leadership et d'entrepreneuriat. Les femmes, aux antipodes géographiques et économiques les unes des autres, organisent régulièrement des séances de travail en ligne. «
Avec un enfant et une entreprise à New-York, le programme de e-mentoring est une méthode flexible pour aider sans avoir à me déplacer. J'ai pu constater à quel point le travail des e-mentors se diffuse aux quatre coins du monde et a un impact énorme sur les sociétés et les femmes que l'on n'aurait pas pu aider directement », témoigne Anne Donnelly Bush, avocate à New York.
Repérée par la Commission européenne comme un exemple d'innovation numérique en matière de droits des femmes, W4 a récemment été présenté par l'ex Vice-Présidente de la Commission en charge de l'agenda numérique, Neelie Kroes, comme «
une formidable plateforme qui utilise le principe participatif du crowdsourcing pour repérer et financer des projets qui protègent, éduquent et émancipent les femmes et les filles partout dans le monde ».
Les fonds levés par W4 s'élèvent déjà à près de 500 000 euros pour un total de 88 projets répartis dans 27 pays. Quant au nombre de bénéficiaires, il s'établit à 22 782 exactement. Attachée à la transparence, la plateforme effectue en effet un suivi constant et précis de l'utilisation des fonds qu'elles récoltent. D'ailleurs, 100% des dons effectués par les particuliers vont sur le terrain et l'association assure son fonctionnement en prélevant 10% des dons apportés par les entreprises. Entrepreneuriat social et éthique, voilà aussi les deux principaux critères d'éligibilité examinés par W4 avant d'accepter un projet sur sa plateforme qui hébèrge par ailleurs des initiatives extrêmement variées, artistiques, informatiques, agricoles et même sportives. Alors en avant TOUTES !