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Le 22 janvier 1973, l'arrêt Roe v. Wade consacrait un droit constitutionnel à l'IVG, sur tout le territoire américain. Cinquante et un an plus tard, l'avortement, quasi-interdit dans une vingtaine d'Etats, se retrouve au coeur de la bataille électorale pour la Maison Blanche.
La vice-présidente Kamala Harris, lors d'une réunion publique le lundi 22 janvier 2024, à Big Bend, Wisconsin. La vice-présidente assume sa position de principale championne des démocrates pour le droit à l'avortement lors des élections de cette année.
"Comment ose-t-il ?" C'est le jour du 51e anniversaire de l'arrêt Roe Vs Rade que la vice-présidente américaine Kamala Harris et Joe Biden ont choisi pour lancer l'assaut contre Donald Trump sur le droit à l'avortement, un sujet qui pourrait s'avérer décisif lors des élections de novembre aux Etats-Unis.
Première étape de cette tournée nationale consacrée à la défense de l'accès aux interruptions volontaires de grossesse (IVG) : le Wisconsin, un Etat qui sera extrêmement disputé lors du scrutin présidentiel de l'automne. Kamala Harris a appelé à être "lucide" sur le responsable du recul du droit à l’avortement aux Etats-Unis, à savoir, selon elle, Donald Trump, ancien président et actuel favori de la primaire républicaine.
Ce droit, contre lequel la droite religieuse américaine s'est mobilisée depuis qu'il a vu le jour, a volé en éclats en juin 2022. La Cour suprême, devenue très conservatrice à la suite des nominations effectuées par Donald Trump, a estimé que le droit à l'IVG n'était pas garanti par la Constitution, et que les Etats américains étaient compétents en la matière. Depuis, une vingtaine d'Etats ont interdit l'avortement ou imposé de sévères restrictions, en menaçant dans certains cas les professionnels de santé de lourdes peines. Donald Trump, grandissime favori de la primaire républicaine, s'est récemment dit "fier" d'avoir contribué au revirement de jurisprudence.
"Fier que les jeunes femmes d'aujourd'hui aient moins de droits que leurs mères et leurs grand-mères? Comment ose-t-il?" s'est indignée Kamala Harris, sous les applaudissements du public, qui avait auparavant hué la référence au magnat républicain.
Je veux que ma fille, et peut-être sa fille un jour, aient les mêmes droits que ceux que j'avais moi-même. Irene Parthum, retraitée
"Je ne crois pas qu'il existe des lois pour dire à un homme quoi faire de son corps", a déclaré à l'AFP Corinda Rainey-Moore, venue écouter la vice-présidente. "Je veux que ma fille, et peut-être sa fille un jour, aient les mêmes droits que ceux que j'avais moi-même", a dit pour sa part Irene Parthum, une retraitée également présente.
Ces extrémistes veulent nous ramener en arrière. Nous ne l'acceptons pas ! Kamala Harris, vice-présidente des Etats-Unis
"J'ai rencontré une femme qui est allée aux urgences pour une fausse couche et qui a été renvoyée parce que les médecins avaient peur d'aller en prison s'ils la soignaient. Elle n'a reçu des soins qu'après avoir déclaré une septicémie", témoigne raconte Kamala Harris. S'en prenant aux républicains, elle s'insurge : "ces extrémistes veulent nous ramener en arrière. Nous ne l'acceptons pas !"
"Les femmes se voient refuser le contrôle de leur propre corps et les médecins peuvent être jetés en prison pour avoir prodigué des soins. Mais l’ancien président se dit fier du rôle qu’il a joué dans l'annulation du décret Roe", a également posté sur son compt X la co-listière du candidat Biden.
De son côté, le président démocrate a réuni à la Maison Blanche un groupe de travail consacré à la défense du droit à l'avortement, qui reste une ligne de fracture politique très importante aux Etats-Unis. Lui aussi fustige les décisions prises dans les Etats conservateurs.
Ces lois extrémistes n'ont pas leur place aux Etats-Unis. Joe Biden, président des Etats-Unis
"Ces lois extrémistes n'ont pas leur place aux Etats-Unis", assure-t-il, en critiquant en particulier le procureur général de l'Alabama (sud), pour sa volonté de poursuivre toute personne qui aiderait une membre de sa famille à avorter ailleurs. "Voilà ce qui arrive quand le droit à la vie privée est attaqué", ajoute le président américain.
Le choc provoqué par la nouvelle jurisprudence de la Cour suprême avait permis à Joe Biden de limiter la casse lors des élections législatives de mi-mandat de l'automne 2022, et le président américain veut croire qu'il profitera du même élan en novembre.
L'offensive lancée sur la défense de l'IVG sera aussi un test de la force de frappe électorale de Kamala Harris, première femme et première Afro-américaine à son poste, qui laboure le terrain depuis quelques semaines.
Ce que Kamala fait (en termes de campagne sur le droit à l'IVG) a un puissant impact sur les jeunes femmes. Kayleigh McEnany, ex-porte parole de Donald Trump
Cette démocrate de 59 ans, que l'opposition républicaine étrille à la moindre occasion, a récemment récolté un rare, et sans doute involontaire, compliment d'une chroniqueuse de Fox News, pourtant connue pour ses commentaires ultra-conservateurs. "Ce que Kamala fait (en termes de campagne sur le droit à l'IVG) a un puissant impact sur les jeunes femmes", commente Kayleigh McEnany, ancienne porte-parole de Donald Trump, , sur la chaîne fétiche des conservateurs.
Selon les sondages, la grande majorité des Américains soutiennent le droit à l'IVG.