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Fin 2017, le scandale de l’affaire Weinstein provoquait une vague de révélations sur les affaires de harcèlement et de violence, qui allait rapidement s'étendre à toutes les sphères de la société, dans le monde entier. Telle une lame de fond fragilisant les fondements sexistes de notre monde, le mouvement #MeToo a fait émerger une prise de conscience des multiples aspects de la domination masculine.
Si on ne peut que constater qu'il y aura un avant et un après, tout est-il résolu pour autant ? Faut-il s'attendre à un retour en arrière, un "effet boomerang" ? Dans quel état d'esprit la nouvelle génération, celle qui a grandi avec #MeToo, aborde-t-elle les problématiques féministes ? Où et comment l’égalité entre hommes et femmes s'est-elle imposée ? Dans quelle mesure les problèmes de domination masculine ont-ils progressé pour les femmes d'origines et de parcours sociaux divers.
Autant de questions abordées dans le cadre du cycle Le féminisme n’a jamais tué personne ! animé par l'autrice et philosophe Elsa Dorlin, professeure de philosophie politique et sociale à l’Université Paris 8 et conseillère scientifique des conférences dans le cadre de ces conférences organisées par la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou à Paris.
Toutes les information sur les rencontres ► Le féminisme n’a jamais tué personne !
Des conférences à suivre ► en ligne et sur la page Facebook de la BPI
Le premier débat, Violences sexistes : quand les femmes prennent la parole, s'est tenu en visioconférence lundi 18 janvier avec Valérie Rey-Robert, écrivaine et créatrice du blog Crêpe Georgette, Anaïs Bourdet, fondatrice du projet PayeTa Shnek, co-animatrice du podcast Yesss, Ovidie, réalisatrice, journaliste, écrivaine et actrice.
Féminicides, viols, harcèlement : au-delà des violences physiques, les violences faites aux femmes, multiples, révèlent avant tout une organisation du monde centrée sur le pouvoir des hommes. Valérie Rey-Robert explique pourquoi elle préfère, à violence sexiste, un terme comme "terrorisme patriarcal" :"Beaucoup de victimes ne se reconnaissent pas dans le terme de 'violence sexiste'. Ce qu'elles ont vécu n'était pas, pour elles, de la violence avec des coups, du sang, des cicatrices. Quand au terme sexiste, il ne permet pas de savoir qu'il s'agit de violences exercées par les hommes et subies par les femmes".
Le harcèlement n'est ni de la drague, ni de la séduction... Il comporte une volonté de terroriser les femmes dans l'espace public et virtuel.
Anaïs Bourdet, blogueuse
La blogueuse Anaïs Bourdet insiste sur le déni qui a longemps prévalu sur cette violence sexiste qu'est le harcèlement dans l'espace public. Elle-même a subi du harcèlement en ligne parce qu'elle mettait en lumière les témoignages des victimes de harcèlement de rue : "Ce que j'ai fait n'a fait que prouver que le harcèlement n'est ni de la drague, ni de la séduction, et qu'il comporte une volonté de terroriser les femmes dans l'espace public et virtuel. Les réactions rétrogrades montrent l'énorme résistance des hommes à avancer sur ce terrain-là."
Pour la réalisatrice Ovidie, cette oppression sexiste est entretenue par l'ensemble de notre environnement culturel, jusque dans la chambre à coucher. "La pornographie enferme les femmes dans les injonctions sexistes et patriarcales, qui influencent nos pratiques intimes. Et c'est là qu'elle entretient la violence sexiste."
Edulcorées de séduction ou sous couvert de conjugalité, viols et autres violences se banalisent, conformément à cette idée que "les femmes doivent tout supporter pour garder leur homme... Il y a là encore un 'no man's land' régi par des idées patriarcales," constate Ovidie. Elle rappelle aussi que le slut shaming ( fait de considérer les femmes sexuellement actives comme des « salopes », ndlr) est une violence patriarcale qui peut mener au suicide. "Ce n'est pas un féminicide à proprement parler, mais des femmes perdent la vie à cause du harcèlement qu'elles ont subi pour ce qu'elles ont fait avec leur cul."
Rares sont les enquêtes et les chiffres sur le sujet, mais celles et ceux qui existent montrent que les idées reçues persistent, même si la culture du viol a beaucoup évolué ces dernières années : "Au fil de mes lectures, j'ai pu constater que, dans les années 2000, la parole des victimes de viols n'étaient pas entendues. Aujourd'hui, les victimes sont entendues, crues, mais... et alors ?" constate Valérie Rey-Robert. Anaïs Bourdet, si elle admet que les choses ont évolué pour les victimes, déplore que la fréquence des cas de harcèlement ne baisse pas, voire que les réactions se radicalisent : "En pratique, les femmes se font toujours autant harceler, surtout avec le confinement qui a rendu l'espace public aux hommes."
Ovidie, de son côté, insiste aussi sur l'évolution des mentalités face aux violences sexistes que sont les violences gynécologiques et obstétricales, qui ont donné lieu à des témoignages massifs sur les réseaux sociaux et dans la presse : "Au début, le déni était total : les femmes qui les dénonçaient étaient folles ou ignares. La réflexion sur la notion de consentement a réellement fait avancer les choses sur ce plan-là".
Débat sur les violences sexistes @Bpi_Pompidou ; 7ème opération #PlusDeSportAuFéminin ; soigner les malades de la Covid-19 au Kenya avec Rosemary Wanjiru @GlobalFund https://t.co/KbtnPkEoEe pic.twitter.com/SVsvrj3I79
— TERRIENNES (@TERRIENNESTV5) January 21, 2021
Lundi 22 février à 19 heures : le féminisme en 13 minutes
Cinq intervenantes disposent chacune de 13 minutes pour traiter le sujet du féminisme en fonction de son expérience professionnelle, son domaine de recherche ou son parcours personnel. Des regards croisés pour une approche plurielle du féminisme, pour prendre de la hauteur et lancer des pistes de réflexion.
Avec Camille Froidevaux-Metterie, philosophe, professeure de sciences politiques, autrice ; Noémie de Lattre, actrice et metteuse en scène ; l'écrivaine Geneviève Brisac ; Iris Brey, journaliste, critique de cinéma, autrice ; Mounia El Kotni, chercheuse en anthropologie du genre et de la santé, chercheuse associée à l’Université de l’Etat de New-York.
Lundi 8 mars à 19 heures : quand imaginaires et plaisirs féministes se libèrent
Depuis une dizaine d'années, les réseaux sociaux dénoncent la domination masculine dans des domaines jusque-là restés tabous : les règles, le clitoris, la masturbation,... Comment ces prises de paroles et actions peuvent-elles se transformer en véritable empouvoirement ?
Avec Fania Noël, essayiste, militante afro-féministe, doctorante en sociologie ; Elvire Duvelle-Charles, journaliste, réalisatrice et militante féministe, co-autrice du compte Instagram ClitRévolution ; Élise Thiébaut, autrice ; Charlotte Bienaimé, productrice.
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