Le futur patron de l'OMC sera une femme

Une chose est sûre, c'est une femme qui dirigera l'Organisation mondiale du commerce. Ce sera une première dans l'histoire de l'OMC. Deux candidates restent seules en lice : Ngozi Okonjo-Iweala, 66 ans, ancienne ministre nigériane et ancienne directrice générale de la Banque mondiale et la Coréenne Yoo Myung-hee, actuelle ministre du commerce de la Corée-du-Sud. 
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Deux femmes se disputent le fauteuil de patronne de l'OMC,l'Organisation mondiale du commerce a jusqu'ici toujours été dirigée par un homme. A gauche, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, 65 ans, à droite, la Coréenne Yoo Myung-hee, 53 ans, toutes deux affichent une puissante expérience dans le domaine politique.
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En 25 ans d'existence, l'Organisation mondiale du commerce a toujours eu un homme à sa tête. L'heure du changement a sonné.

Deux femmes : la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala et la Coréenne Yoo Myung-hee restent seules en lice dans la course pour le poste de chef de l'Organisation mondiale du commerce.
 

"Le résultat des consultations crée un précédent historique pour l'OMC : la 7ème Directrice générale deviendra la première femme à diriger l'Organisation", lit-on sur le compte twitter de l'OMC.

Le deux noms ont été annoncés officiellement jeudi 8  octobre, par le porte-parole de l'OMC, Keith Rockwell, au siège de l'organisation à Genève, sans grande surprise, les deux femmes avaient eu quelques jours plus tôt un soutien de grand poids, celui de l'Union européenne.

Depuis le départ surprise du Brésilien Roberto Azevêdo, le 30 août 2020, qui a démissionné "pour raisons familiales", soit un an avant la fin prévue de son mandat, la course à la succession donne lieu à bien des pronostics. Au départ, trois femmes figuraient parmi les huit candidats : la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala et la Sud-Coréenne Yoo Myung-hee, et la Kényane Amina Mohamed.  Cette dernière n'a finalement pas été retenue.

Depuis sa création en 1995, six hommes ont dirigé l'OMC : trois Européens, un Néo-Zélandais, un Thaïlandais et un Brésilien. Nombre de voix s'étaient exprimées ces dernières semaines en faveur de la nomination d'une femme, et cela pour rattraper le retard en terme de parité, mais aussi pour que le continent africain soit représenté. La première attente a été favorablement suivie, quant à la seconde ... A suivre.

Ngozi Okonjo-Iweala, la candidate surprise

Déjà la désignation de l'ancienne ministre des Finances du Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala, avait créé la surprise en juin dernier, le président nigérian Muhammadu Buhari la préférant finalement au candidat Yonov Frederick Agah, jusque-là favori. 

Si l’OMC n’existait pas, il faudrait l’inventer !
Ngozi Okonjo-Iweala

Aujourd'hui âgée de 66 ans, elle a été la première femme à occuper les fonctions de ministre des Affaires étrangères et ministre des Finances (à deux reprises) au Nigeria. Dans ce dernier poste, elle a dirigé les négociations avec le Club de Paris qui ont abouti à l’annulation de 30 milliards de dollars de la dette du Nigeria. Après 25 ans passés au sein du groupe de la Banque mondiale, elle accède au poste de directrice générale de l’organisation en 2007, poste qu'elle occupe jusqu'à 2011.

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Ngozi Okonjo-Iweala
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"Si l’OMC n’existait pas, il faudrait l’inventer", a-t-elle lancé lors d’une conférence de presse organisée le 15 juillet à Genève, juste après son grand oral devant les 164 membres de l’Organisation mondiale du commerce, comme le rapporte le magazine Jeune Afrique

Face aux critiques sur son profil plus financier que commercial, la candidate nigériane met en avant la combinaison de son expérience d’économiste du développement, de ministre et de négociatrice pour "rebâtir la confiance" en l’OMC. "Tout au long de ma carrière, j’ai été impliquée dans des négociations difficiles avec des enjeux politiques élevés, notamment des négociations d’allègement de la dette avec les clubs de Paris et de Londres", se félicite-t-elle.

"Pour ses soutiens à Genève, elle est tout simplement la candidate dont l’institution, en pleine tourmente, a besoin pour améliorer sa réputation", explique l'hebdomadaire bruxellois Politico, cité sur le site du Courrier International. "Loin de la polarisation hostile entre Washington et Pékin qui a mis l’OMC à l’arrêt ces derniers mois", poursuit le site d’information, l’institution embrasserait "le 'siècle Africain' tant vanté".

Yoo Myung-hee, 1ère femme ministre du commerce en Corée

"Je suis profondément reconnaissante et honorée d'avoir été sélectionnée pour le dernier tour", a tweeté Yoo Myung-hee, 53 ans. "Il nous faut un nouveau dirigeant capable et expérimenté qui puisse restaurer la confiance et rendre sa pertinence à l'OMC", a ajouté celle qui a été la première femme de son pays à avoir dirigé le ministère du Commerce.

Elle a pris en charge en 1995 le dossier OMC au ministère du Commerce puis dirigé les négociations sur des accords de libre-échange, notamment celui liant la Chine à la Corée du Sud. Elle a également travaillé auprès de l'ambassade sud-coréenne en Chine (2007-2010). Elle a rédigé un "Guide des accords de l'OMC sur les subventions et les mesures compensatoires", qui a été largement considéré comme un ouvrage de référence à l'usage des fonctionnaires coréens dans le monde des affaires.
 

Née à Ulsan en 1967, Yoo Myung-hee, petite rêvait  de devenir écrivaine. Ce qui l'a amenée à étudier la littérature anglaise à l'Université nationale de Séoul, où elle a obtenu une licence en littérature anglaise et une maîtrise en politique publique. Elle est également titulaire d'un doctorat en droit de la faculté de droit de l'université de Vanderbilt et a été admise au barreau de l'État de New York en 2003.

Yoo Myung-hee est mariée à Jeong Tae-ok, un ancien fonctionnaire et politicien. Ils ont deux enfants, une fille et un garçon.

Consensus féminin ? 

D'où qu' elle vienne, la prochaine cheffe de l'OMC aura fort à faire dans un contexte de crise : économique à cause de la pandémie, mais aussi de confiance dans le multilatéralisme bien fondé de la libéralisation du commerce mondial, le tout sur fond de guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales, la Chine et les Etats-Unis.

Refaire la preuve de l’utilité du gendarme du commerce mondial pour l’ensemble des pays membres, en particulier sur le volet de la santé, crucial en temps de pandémie, voilà ce que promet pour sa part Ngozi Okonjo-Iweala, se présentant comme étant "une femme d’action".

La procédure de désignation du chef de l’OMC n’est pas une élection, mais un mécanisme consensuel qui fonctionne par élimination. Une "troïka", composée du président du Conseil général (organe de décision suprême qui rassemble les membres de l’OMC), du président de l’organe de règlement des différends et du président de l’organe d’examen des politiques commerciales, supervise ce processus de sélection.
Le troisième round de discussions, qui devra départager les deux prétendantes, courra du 19 au 27 octobre.

"Il est évident que celle qui décrochera le poste aura fort à faire dès son premier jour de travail", a reconnu le porte-parole de l'OMC.