Des sportives avant tout, à ski, sur des patins à glace ou sur des pistes de course, mais aussi Nabila en négatif, et l'actuelle présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga en positif, quelques autres encore au delà des frontières, en particulier des vilaines dames en France, ou des icônes mondiales comme Malala, des artistes comme la performeuse suissesse Milo Moiré, voici le choix femmes qui ont marqué l'année 2014, selon nos consoeurs et confrères de la RTS. Avec cette conclusion d'un petit garçon : "ma maman elle fait les courses et mon papa il fait la sieste". Une sélection iconoclaste.
Il y a celle qui se fritta avec Calvin: elle ne comprenait pas pourquoi les femmes n’avaient pas droit à la parole en matière spirituelle. Elle crut en la Réforme pour combler ses espoirs d’égalité, et fut bien déçue. Son nom: Marie Dentière, Genevoise. Il y a celle qui excita l’imaginaire des mâles du XXe siècle finissant (y compris le commander Bond, James Bond…) avec son galbe d’enfer, sa mutine impertinence et sa grâce de sylphide aquatique. Vous avez reconnu, bien sûr, la Vénus d’Ostermundigen, Ursula Andress. Il y a celle qui fut la première maire de Suisse, à une époque où le droit de vote féminin n’était même pas encore acquis au niveau fédéral. Genevoise, radicale convaincue, oratrice convaincante: Lise Girardin. Il y a cette petite juive alerte et curieuse, droite et lucide, fille de deux réfugiés Polonais qui fuirent la domination russe, et qui devint l’une des philosophes les plus en vue du paysage académique européen de l’après-guerre… Jeanne Hersch. Il y a cette jeune rebelle issue de la bonne bourgeoisie valaisanne, élevée chez les sœurs, assoiffée de liberté, de légèreté, de spontanéité et qu’on retrouvera à Paris, figure de proue du mouvement de libération des femmes – Carole Roussopoulos.
Il y a cette patricienne genevoise qui tomba amoureuse folle d’un protestant corse et qui arracha la profession d’infirmière des griffes de la religion et des vœux quasi monastiques: Valérie de Gasparin, à qui l’on doit la fondation de l’école d’infirmières indépendante La Source, à Lausanne. Il y a cette industrieuse Bernoise dont le nom de jeune fille ne dit strictement rien à personne. Qu’un oncle initia, à la fin du XVIIIe siècle, au métier de la cire. Et qui deviendra célébrissime sous le nom de son mari… Marie Grosholtz, épouse Tussaud. Oui, la fameuse Madame Tussaud! Etre moderne, vivre libre Il y en a 33 autres encore, de ces pionnières de la Suisse moderne, qui, mère abbesse, théologienne, philanthrope, patronne, mathématicienne, médecin, écrivaines, imprimeuse, vidéaste, politiciennes, brancardière, lobbyistes, voyageuses, comédienne, mécène, journaliste, architecte, économiste, peintre, ont contribué à imposer dans une société de mâles une place aux femmes. La Fondation Avenir Suisse, le think tank indépendant d’inspiration libérale, leur consacre aujourd’hui un livre où se trouvent réunis leurs quarante portraits : Pionnières de la Suisse moderne. Le Temps, partenaire du projet, les a publiés en avant-première sur son site. Dans la préface du livre, Gerhard Schwarz, directeur d’Avenir Suisse, et Tibère Adler, son pendant romand, citent le philosophe John Stuart Mill: «Les êtres humains gagnent plus à s’autoriser mutuellement à vivre comme bon leur semble, que de contraindre chacun à vivre à la discrétion des autres.» Un constat auquel ces quarante pionnières auraient volontiers souscrit, si l’on en juge par leur vie frappée au sceau d’un seul mot: « Liberté ».