Avortement et contraception en débat en 2014
Aujourd’hui, pas question de relâcher les efforts, d’autant que d’importants rendez-vous internationaux sont attendus à partir de l'année prochaine pour la défense des droits des femmes, comme l’a signalé, Najat-Vallaud Belkacem la ministre française des Droits des femmes, lors de son intervention devant l’assemblée des féministes.
En 2014, 20 ans après
la conférence mondiale du Caire qui recommandait de rendre la planification familiale accessible à tous partout dans le monde, un nouveau cycle de négociations doit s’ouvrir sur les droits sexuels et reproductifs. Au programme, des sujets hyper sensibles, extrêmement clivants sur le plan politique, et encore très tabous dans certains pays : droit à l’avortement, accès à la contraception, liberté d’orientation sexuelle…
Les 20 ans de la conférence de Pékin
En 2015, se joue encore un symbole plus fort : les 20 ans de la conférence de Pékin. Sous l’égide de l’ONU, la quatrième conférence mondiale sur les femmes avait rassemblé dans la capitale chinoise 189 gouvernements, plus de 5 000 représentants et 2 100 organisations non gouvernementales. « Une mobilisation de la société civile sans précédent qui a de surcroît abouti à un programme d’actions très exhaustif et remarquable. Aujourd’hui encore, cela reste la référence pour l’ONU en matière de droits des femmes », rappelle Fanny Benedetti, experte des négociations internationales sur le genre qui animait aux Rencontres d’été un atelier sur les enjeux d’égalité hommes/femmes aux Nations Unies.
Une nouvelle conférence mondiale est donc attendue pour faire, deux décennies plus tard, le bilan de Pékin et lancer de nouveaux engagements. Mais l’ONU n’a encore rien fixé. Depuis 1995, le contexte mondial a radicalement changé et s’avère aujourd'hui moins favorable qu’avant à une lecture progressiste des droits des femmes.
« On assiste, explique Fanny Benedetti, à une montée en puissance d’Etats conservateurs qui remettent en question tout le corpus relatif aux droits des femmes. Les acquis sont remis en cause. » Dernier exemple en date : la bataille que se sont livrées les Etats membres de l’ONU au sein de la commission technique sur la femme quand ils ont dû produire des recommandations sur l’élimination et la prévention des violences. « On a réussi à faire adopter une clause qui rappelle qu’aucun relativisme culturel ni aucune référence à la tradition n’était acceptable en matière de violences faites aux femmes. Mais c’est à l’arraché qu’on l’a obtenue, souligne Fanny Benedetti. Le poids politique de
Michelle Bachelet à la tête d’ONU-femmes(ancienne présidente du Chili, NDLR) a été décisif. Il a fallu se battre jusqu’au bout. »
En revanche, ça a été l’échec total quand la commission a travaillé sur la situation des femmes rurales et l’accès à la terre. « Il y a tellement eu de résistances sur les terminologies à employer et sur la reconnaissance de droits universels que la commission a été incapable de remettre ses conclusions », déplore l’experte.
Dans ce contexte, ouvrir une conférence aussi médiatisée que celle qu’a été Pékin en 1995, c’est encourir de sérieux risques pour les progressistes. Au lieu de provoquer un nouveau bond en avant, ils peuvent subir l’une des pires reculades.
Celle qui tranchera la question de « Pékin bis » sera certainement la remplaçante de Michelle Bachelet, qui vient de quitter la direction d’ONU-Femmes pour se lancer, de nouveau, dans la course à la présidentielle au Chili. Mais son nom n'est pas encore connu.
En tout cas, en 2015, un autre cycle de négociations relatif aux femmes montera en puissance :
les Objectifs du millénaire qui, 15 ans après leur lancement, doivent être de nouveau débattus. Avec un premier engagement qui va dans le bon sens. « Sur les 8 objectifs à redéfinir un sera entièrement consacré aux femmes, ce qui n’avait pas été le cas en 2000 », note Pauline Chabbert, conseillère sur les questions de genre au ministère français des Affaires étrangères.